Des artistes militent contre la reconnaissance faciale avec du maquillage

Des artistes militent contre la reconnaissance faciale avec du maquillage

Image :

© The Dazzle Club

photo de profil

Par Pauline Allione

Publié le

Au lieu de souligner les traits de leur visage, ils en brouillent les contours.

Pour les artistes du Dazzle Club, la fonction première du maquillage n’est pas de s’embellir, mais plutôt de passer incognito. Avec des formes graphiques et des motifs cubiques peints sur le visage, ce collectif établi à Londres – deuxième ville la plus surveillée au monde derrière Pékin – a trouvé le moyen de duper les dispositifs de reconnaissance faciale qui surplombent l’espace public, mais surtout, de sensibiliser aux dangers qu’ils représentent pour les libertés individuelles.

À voir aussi sur Konbini

“En appliquant ce maquillage, on rend les technologies de surveillance visibles. Avant, notre travail était plus abstrait, plus artistique, mais à mesure que ces dispositifs se sont déployés dans l’espace public, il devenait important de mettre en application des moyens de s’en protéger”, expliquent Emily et Georgina, deux des quatre créatrices du collectif, dans le magazine L’ADN.

Les palettes pigmentées leur servent ainsi à flouter les contours et les ombres de leur visage de manière créative, avant de descendre dans les rues camouflées pour militer et informer la population.

Une technique inspirée de la marine

C’est en 2019, alors que le projet d’un système de caméras de surveillance à reconnaissance faciale plane sur le quartier de King’s Cross, que naît leur initiative. Les fondatrices du collectif artistique s’inspirent alors du Computer Vision Dazzle Camouflage, ou CV Dazzle : en 2010, l’artiste et chercheur américain Adam Harvey s’interroge sur l’utilisation de la mode (cheveux, bijoux, maquillage) pour tromper les algorithmes de reconnaissance faciale.

Le chercheur s’inspire lui-même du razzle dazzle (dazzle signifiant “embrouiller” en français), une technique de camouflage disruptif héritée de la Première Guerre mondiale, qui consiste à peindre des motifs géométriques colorés sur les navires pour créer l’illusion.