Grace à un savant jeu de miroirs, une photographe compose sur Instagram des clichés qui allient body-positivisme et légèreté.
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Elle s’appelle Michele Bisaillon, elle est âgée de 28 ans et vit dans la Silicon Valley. Plus connue sous le pseudo de @michel_e_b, c’est pendant son adolescence qu’elle commence à utiliser les réseaux sociaux. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est tournée vers Instagram pour partager son univers lyrique. Quatre ans et demi après avoir posté une photo pour la première fois, elle compte plus de 70 000 abonnés. Un chiffre considérable sur une plateforme comme Instagram, qui lui permet d’interagir directement avec ses followers. Les retours encourageants de ces derniers sont pour elle une source de motivation.
La jeune femme possède une collection d’une cinquantaine de miroirs de formes et de tailles différentes. Leurs reflets lui permettent de fragmenter, d’ajuster et de recomposer différents éléments sur un même plan sans faire une seule retouche. Son travail est donc un assemblage de petits bouts de réalité sans artifice, obtenu de par la simple direction des objets réfléchissants qu’elle choisit et positionne soigneusement. Son but est “de se rappeler à elle-même et aux autres, qu’il y a toujours quelque chose qui manque dans l’image : un autre côté de l’histoire”, de montrer à la fois ce qu’il y a devant mais aussi derrière l’objectif.
Miroir, miroir, qui est la plus belle ?
Ses publications ne cessent de se renouveler. Cependant, l’artiste crée seulement avec ce qui l’entoure. Le selfie devient un art élaboré même si son seul outil reste son smartphone, que l’on ne voit apparaître sur aucun de ses autoportraits. Les sujets dont elle dispose sont son propre corps et son chat, qu’elle déguise. Elle agrémente avec des objets accessibles tels que des tissus, des fleurs ou encore des ballons de baudruche. Elle imagine tout un univers doux et enfantin, la plupart du temps mis en scène sur le carrelage blanc de sa salle de bain. Pourtant, il arrive que Michele s’échappe à la plage ou simplement sur une terrasse pour utiliser le reflet de la mer ou du ciel bleu.
Sur certaines publications, elle dévoile son corps. Elle affirme que la nudité ne la rend pas vulnérable et qu’elle n’offre pas au monde toute son intimité. L’autoportrait devient pour elle une façon de s’accepter et d’apprivoiser la réalité de son apparence en prenant du recul sur la notion actuelle de beauté féminine. En cherchant à exploiter son corps sous tous ses angles, elle a appris à le connaître parfaitement, à l’apprécier malgré les imperfections. Une vision féministe du corps de la femme, qu’elle revendique mais ne ressent pas comme une obligation. L’artiste décrit son travail à Dazed :
“Le contenu dépend de mon humeur. Parfois, j’ai envie de faire passer un message spécifique ou une idée que j’aimerais partager ; parfois, je veux juste me faire plaisir en faisant quelque chose de mignon ou drôle. En général, les photos que je prends de mon chat sont faites pour me sentir mieux et m’évader.”
Une belle façon d’apprendre à s’aimer tel que l’on est, sans se prendre au sérieux.