Dans une interview, Manuel Valls se prononce pour l’interdiction du voile à l’université. Des étudiants répondent au Premier ministre, par hashtag interposé.
Si l’on en croit les journaux, et plus précisément les dirigeants politiques qui s’expriment dedans, le problème numéro 1 de l’université française serait le voile. Ce bout de tissu que certaines femmes musulmanes revêtent est, depuis plusieurs mois, au centre des débats. L’ancienne ministre des Droits des femmes Pascale Boistard s’était prononcée pour son interdiction. Elle est confortée dans son opinion par le Premier ministre Manuel Valls, mercredi 13 avril. Celui-ci affirme dans Libération :
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“Il faudrait faire une loi sur le voile à l’université, mais il y a des règles constitutionnelles qui rendent cette interdiction difficile.”
Quiconque a déjà glissé un orteil dans une fac en France sait que le port du voile est un faux problème. Les étudiantes voilées, françaises ou étrangères, prennent leurs notes, vont à la bibliothèque et rendent leurs copies comme tout le monde. L’an dernier, le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) s’était prononcé contre son interdiction, presque à l’unanimité. Mais il faut croire que la politique et l’enseignement supérieur ne répondent pas aux mêmes impératifs…
Conscients que ce débat est disproportionné, des étudiants ont lancé un hashtag sur Twitter en réaction à l’interview de Manuel Valls : #VraisProblèmesUniversité. Car oui, si l’université a des soucis, c’est bien ailleurs : manque de moyens, dégradation des locaux, absence de débouchés, sélection non transparente des étudiants, logements étudiants trop rares, etc.
Voici quelques exemples tweetés dans la matinée, qui remettent les choses en perspective :
Le manque de places en TD et en amphis, les étudiants assis par terre ou sur le rebord des fenetres. #VraisProblèmesUniversité
— Vi' (@viephemere) April 13, 2016
Les vacataires et ATER qui payent de leur poche les photocopies pour les cours parce que #PasDeSous #VraisProblèmesUniversité
— Petrouchka (@Petrouch_K) April 13, 2016
Les doctorants incités à partir à l'étranger parce que "Vous ne trouverez pas de travail en France". #VraisProblèmesUniversité
— Alex Mahoudeau (@CobbleAndFrame) April 13, 2016
Proposer trop peu de chambres étudiantes, ouvrant un marché juteux aux résidences univ privées à 800€ mensuels. #VraisProblèmesUniversité
— Daniel Jackson (@ClementSalviani) April 13, 2016
Dans des amphis de la fac de Nancy, si on met le chauffage en marche il prend feu.
— Marcelyz (@MissLyzzie) April 13, 2016
Les cours ont lieu par -5/-10°C#VraisProblèmesUniversité
Élève qui doit arrêter la fac car son statut d'étudiante ne la protège pas du non-renouvellemnt du titre de séjour #VraisProblèmesUniversité
— ZaZ333 (@Morifen333) April 13, 2016
Les plateformes internet (où TOUT transite, inscrip°, etc.) qui plantent sans cesse ou ne sont pas au point #VraisProblèmesUniversité
— Queen Nevaeh (@Nevaehskyless) April 13, 2016
L'état des fac : https://t.co/zus3Fpoeyb #VraisProblèmesUniversité
— Petrouchka (@Petrouch_K) April 13, 2016
Les bourses qui sont calculés selon les revenus des parents alors que tu ne vis plus avec eux. #VraisProblèmesUniversité
— dobrevic (@lovelyneens_) 13 avril 2016
Devoir jongler entre études, job d'étudiant, et une santé mentale saine. #VraisProblemesUniversite
— Féministe De Combat (@WoodyBdk) 13 avril 2016
Quand 56 personnes assistent à un TD dans une salle de 40 places #VraisProblemesUniversite pic.twitter.com/2mWW1dwR5G
— Lana Del Khey (@BalkanyeWest) 13 avril 2016
Quand ta fac baisse ta moyenne pcq pour elle t'es trop con pour avoir des bonnes notes #VraisProblemesUniversite pic.twitter.com/sh6KZLHnIc
— Poutou Bloody Poutou (@Njuuut) 13 avril 2016
#VraisProblemesUniversite Un aperçu concret de l'administration de toutes les facs. pic.twitter.com/1ZSvYBWA9d
— The Lady in Red ☆ (@OceZerbini) 13 avril 2016
Si le phénomène religieux au sein des universités inquiète parfois les enseignants, c’est davantage sous l’angle idéologique que matériel. Cités par L’Étudiant.fr, le Cneser rappelait l’an dernier :
“Depuis le Moyen Âge, l’université accueille des adultes, universitaires, chercheurs et étudiants ou étudiantes de toutes origines ou opinions philosophiques, religieuses ou politiques.
La vraie menace est ailleurs. Elle réside dans le risque d’intrusion des religions et d’idéologies diverses dans la science, le contenu des enseignements ou des champs de recherche.”
De cela, il n’est nullement question dans l’interview de Manuel Valls. En parallèle, Thierry Mandon, le secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche s’est exprimé, mercredi 13 avril, sur la réforme qu’il porte, au micro de RTL. Il a notamment défendu la sélection des élèves entre le master 1 et le master 2, qui va devenir officielle. “Le décret est prêt, il sera présenté au Cneser le 18 avril.” Sur le voile, il est sans équivoque : “Ce n’est pas utile de créer une problème là où il n’y en a pas.”