Comment des sympathisants Front national m’ont donné la gerbe sur Twitter

Comment des sympathisants Front national m’ont donné la gerbe sur Twitter

Les sympathisants du Front national dans leurs plus belles œuvres.

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Comment passer une bonne journée en terre frontiste afin de prendre le pouls de cet électorat si conspué mais désormais tellement banalisé ? Je suis déjà allé à un meeting du Front national afin de mieux comprendre ce qui poussait certains jeunes à soutenir la candidature de Marine Le Pen. Ce jeudi 28 avril, sans l’avoir voulu, j’ai testé pour vous le terrain de jeu des sympathisants de Marine Le Pen sur… Twitter. Autant vous dire que j’en ai vu des belles et des loin d’être mûres.

Insultes, menaces, références nauséabondes et autres point Godwin, j’ai eu le temps de me rendre compte que, oui, le Front national n’est résolument pas un parti comme les autres, quelque part toujours lié à ses origines putrides, galvanisées par ses fondamentaux, aka Ordre nouveau, ce mouvement politique néofasciste des années 1960 qui a fondé le parti en 1972. Et ses sympathisants, à la fois réactifs et virulents sur les réseaux sociaux, n’hésitent pas à confirmer ce trait, sinon à le durcir.

Il a fallu qu’un frontiste me pose la question de la neutralité des journalistes – une question posée et reposée dès lors qu’un article critique, par exemple, un candidat à l’élection présidentielle – pour que l’échange “dérape”, comme on dit quand un responsable d’extrême droite franchit la ligne jaune de l’entendement.

Dans une envie de partager mon opinion en moins de 140 caractères, ce qui peut comporter de nombreux inconvénients, j’ai affirmé sans forcer que le journaliste ne peut pas être neutre (pas seulement à cause de ses opinions politiques) et que “nous”, journalistes de Konbini, étions anti-FN.

Impossible, évidemment, de se défendre en disant qu’être anti-Front national n’avait pas forcément pour ambition, en tant que journaliste, de manipuler ou de déformer des informations en lien avec l’actualité du parti de Marine Le Pen. La messe étant dite, il était temps de laisser place à une tempête, organisée par un retweet de Florian Philippot, me laissant en pâture à ses adorateurs les plus zélés.

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S’est alors abattu sur moi un shitstorm de compétition, dont je vous présente les plus beaux résultats.

L’insulte, à emporter

L’idée : tenter d’aligner le plus d’offenses en moins de 140 caractères. Bonus : placer “UMPS”, “mafia” et autres “système”, histoire de légitimer la teneur d’un discours politique qui aurait une apparence solide et réfléchie.

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Le “Rends l’argent”

L’un des arguments des pro-FN, au cours de ce périple virtuel, a été de me demander de “rendre l’argent”. Une référence à la fois aux affaires de François Fillon mais surtout aux 400 millions d’euros que donne chaque année l’État à la presse française, du Figaro et Monde (environ 16 millions d’euros) au Progrès (4 millions) en passant par La Croix (10,5 millions) ou au Point (4,6 millions). Petit souci dans l’argumentation des malheureux qui ont essayé de me faire payer : Konbini n’est aucunement financé par l’État.

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Le point Godwin

“That escalated quickly”. Si vous réussissez à mélanger deux totalitarismes en une phrase sans oublier une référence à Wikipédia et à la collaboration française, vous avez tout gagné. La politique et les idéologies différenciées, c’est plus ce que c’était.

Prenons par exemple ce tweet qui, en plus de proposer brutalement un point Godwin, utilise le terme “lügenpresse”, une expression qui peut se traduire par “une presse qui ment”, aux origines historiques peu attrayantes. Il remonte au XIXe siècle puis, ressurgit dans les années 1930 lorsque les nazis l’employèrent pour critiquer les Juifs, les communistes et la presse étrangère et a récemment été repris par Pegida, un mouvement islamophobe allemand.

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Le changement de nom

Pratique pour faire plein de blagues trop cool. Je vais les garder.

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La purge à la turque

Entre dirigeants qui adorent garder le pouvoir, le clin d’œil à l’actualité est bien choisi.

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La menace de mort

Simple et efficace : une certaine idée de l’idéologie mortifère dont sont garants les sympathisants frontistes.

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La “pute” de Soral

Bonus ultime : citer Alain Soral, éminent intellectuel d’extrême droite aux positions souvent modérées et progressistes.

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C’est bon, vous l’avez ? Attendez, encore un petit peu, histoire de bien comprendre :

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La découverte de mon cursus

Surprise ! En fait, j’ai fait “l’école marxiste”.

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La découverte de mes origines

Surprise ! En fait, je suis raciste ET juif. Déçu quand même de ne pas être “juif-arabe”, rien que pour le pin’s sur la cravate. C’est quand même la classe.

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Les menaces “subtiles”

La purge, la collaboration et, en somme, les heures les plus sombres de notre histoire. La France est, aujourd’hui et selon de nombreux tweets que j’ai reçus publiquement depuis 24 heures, sous occupation.

Autant de termes faisant références, au choix, à la Seconde Guerre mondiale ou au régime particulièrement sanglant qu’a connu l’Union soviétique dans les années 1930. Les écrits restent, les chefs d’accusation tranchent tels un couperet. Bonne ambiance.

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L’islamo-collabo-gaucho-pasbo

Ici, j’ai tenté de mesurer la capacité des frontistes à agréger des termes. Du “gaucho” en veux-tu en voilà, une petite cuillère d’islamisme : bienvenue dans l’enfer du scrabble façon Front national.

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J’ai vomi.