Au fait, est-ce qu’un candidat a le droit d’abandonner à ce stade de la campagne ?

Au fait, est-ce qu’un candidat a le droit d’abandonner à ce stade de la campagne ?

On a demandé à un docteur en droit constitutionnel de répondre à cette question existentielle.

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Sondages en berne, campagne trop éprouvante ou trop chère, élection apparemment perdue d’avance… Certains candidats étonnent par leur volonté de finir à tout prix la course à l’Élysée, et on se dit souvent que ce serait plus simple de s’en arrêter là. Bien sûr, il ne s’agit pas d’enterrer vivant l’un des concurrents en le déclarant out avant même le premier tour du scrutin, le 23 avril.

Mais quand on voit Benoît Hamon affirmer haut et fort qu’il appellera à voter Mélenchon au second tour s’il ne l’atteint pas lui-même, ce que certains voient comme un aveu de défaite (voire carrément comme un suicide politique), on peut se demander pourquoi il n’abandonne pas dès maintenant. Mais en a-t-il tout simplement le droit, sur le plan légal ? On a posé la question à Vito Marinese, docteur en droit à Paris X et Sciences Po.

Konbini | La Constitution autorise-t-elle un candidat à abandonner en pleine campagne ?

Vito Marinese | Rien ne l’interdit, et quand c’est pas interdit c’est que c’est autorisé. Vous ne trouverez pas de disposition express qui vous dit que “tout candidat peut se retirer”, mais le simple fait qu’il n’existe pas d’interdiction suffit à considérer que le retrait est possible .

Il y a une disposition générale dans le code électoral qui prévoit que tu peux retirer tes bulletins à tout moment. C’est l’article R55 du code électoral, qui vaut pour toutes les élections. Il dit que les candidats ou leurs mandataires peuvent à tout moment demander le retrait de leurs bulletins de vote. D’ailleurs, ce sont les candidats qui payent leurs bulletins. Mais, à ma connaissance, on n’a pas de précédents de candidats ayant abandonné la course à la présidentielle.

Mais quand même, il a été parrainé. Est-ce qu’il est bloqué ?

Eh non : il a la possibilité d’être candidat grâce à ces soutiens, mais il n’est pas condamné à être candidat. T’imagines ? Tu peux très bien parrainer des gens qui ne sont pas candidats, c’était le cas de Juppé qui a chopé des signatures alors qu’il n’avait rien demandé. Imagine un peu l’atteinte aux libertés si on obligeait quelqu’un à être candidat à l’élection présidentielle ?

Et est-ce qu’il y a un truc qui pourrait faire annuler l’élection ?

À ce stade de la campagne, en cas d’empêchement d’un candidat (le terme “empêchement” est dans la Constitution), le Conseil constitutionnel serait obligé de repousser le scrutin. L’empêchement c’est l’impossibilité d’être présent à l’élection : soit tu meurs, soit t’es tellement malade que t’es cloué au lit, etc. Voilà typiquement le genre de choses qui pourraient conduire le Conseil constitutionnel à estimer qu’il faut reporter l’élection.