Plateforme “Make our planet great again” : le coup de com’ de l’Élysée

Plateforme “Make our planet great again” : le coup de com’ de l’Élysée

Do you want to make our planet great again ? 

“So, are you IN to change (literally !) our daily lives and make our planet great again ?”, vous dit le site dans un anglais carrément oral, qu’on peut traduire par : “Alors, êtes-vous prêt à changer (littéralement) nos vies et rendre à notre planète sa grandeur ?” Si c’est le cas, il sous suffit de cliquer sur l’onglet géant vert fluo “I want to make our planet great again”, écrit en capitale, et de remplir le formulaire qui vous demande votre profession, d’où vous venez (parce que si vous êtes réfugié syrien sans un sous, ça ne marche pas), pourquoi “vous vous battez pour le changement climatique”, sur quoi vous travaillez, quel est “votre rêve” (non, non, nous ne blaguons pas), et enfin, on vous explique que “votre nouvelle patrie”, la France, est géniale.
“Cette plateforme vise à faciliter la mobilisation pour la protection de notre planète, de celles et de ceux qui souhaitent s’investir dans des projets, poursuivre des recherches, entreprendre, rechercher des financements ou s’installer en France”, précise un communiqué de presse de l’Élysée. Une opération qui a tout de même coûté entre 20 000 et 22 000 euros, d’après L’Express. 
“Il y a un message pour les États-Unis, mais c’est un sujet global. On ne vise pas juste un pays. On envoie un message majeur”, a répondu l’Élysée au journal l’Express. Donc, si vous êtes un chercheur bolivien qui travaille sur l’économie de la décroissance et que vous ne parlez pas anglais, ce message ne s’adresse pas à vous. Alors à qui s’adresse-t-il vraiment ?

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Après les mots, les actes ?

Nous avons contacté le ministère de la Transition écologique et solidaire, qui coordonne en partie le projet, mais nous n’avons, pour le moment, pas eu de réponse concrète. Alors on s’est adressé à Business France, une agence qui gère les investissements internationaux, et qui, elle aussi, collabore à la plateforme. Le service communication nous a expliqué que les demandes allaient être gérées par l’équipe de “Welcome to France”, une plateforme qui “facilite l’insertion des talents internationaux.” Elle s’occupe principalement des cadres, ingénieurs et investisseurs étrangers, souhaitant travailler sur l’économie verte en France, nous a-t-on expliqué.
Dans les faits, rien de change, puisque vous pouviez déjà contacter la plateforme “Welcome to France” si vous souhaitiez venir travailler dans notre doux pays. De plus, le site ne propose aucun poste, ni aucun financement. Pour rappel, nos amis les Américains de la Nasa disposent d’un budget de 19 milliards de dollars annuel, tandis que notre Agence nationale pour la recherche recueille seulement 500 millions d’euros.
Un argument sûrement bien plus convainquant pour les chercheurs, qu’un site Internet vert et bleu fluo, comme l’explique le chercheur Éric Rignot à France Info. Après des études en France, il est parti aux États-Unis pour travailler sur la fonte des glaces à l’université de Californie, raconte-t-il à nos confrères, à qui il confie que l’initiative “fait sourire”, ajoutant : “Quels sont les moyens mis en place dans les laboratoires ? Moi je suis prêt à rentrer en France s’il y a des postes de chercheurs qui se créent.” 
Éric Rignot va-t-il pouvoir rentrer travailler en France ? Des potentiels futurs chercheurs et étudiants vont-ils venir sauver le monde dans notre verte patrie ? On surveillera ça de prêt, mais pour l’heure, ce n’est pas la planète, la grande gagnante de cette opération, mais bien la communication du président.