Le génial Philip Seymour Hoffman est mort

Le génial Philip Seymour Hoffman est mort

photo de profil

Par Thomas Andrei

Publié le

Philip Seymour Hoffman est mort. Et avec lui une partie de ma préadolescence.
Philip Seymour Hoffman c’est évidemment Paul Thomas Anderson. Son rôle d’obsédé sexuel dans Punch Drunk Love, celui d’infirmier dépressif dans Magnolia, et surtout The Master, le gourou de Joaquin Phoenix dans le dernier opus du réalisateur américain.
Seymour Hoffman, c’était aussi Truman Capote, pour lequel il remporte un Oscar du meilleur acteur en 2006, La Guerre selon Charlie Wilson de Mike Nichols, l’OVNI Synecdoche, New York  du bon Charlie Kauffman, le majordome du Dude dans The Big Lebowsky, le pote introverti d’Edward Norton dans La 25ème Heure de Spike Lee et le journaliste de caniveau de Dragon Rouge.
[iframe width=”807″ height=”454″ src=”//www.youtube.com/embed/mmA-WSNhmRQ” frameborder=”0″ allowfullscreen ]
Mais avant tout, pour moi, Philip Seymour Hoffman c’est Lester Bangs. En 2000, quand Cameron Crowe se souvenait encore avoir été cool, le gros Phil incarne dans Almost Famous le plus célèbre des rock critics.
Dans une scène dont je me souviendrai toujours, il s’esclaffe, parle fort, parle de rock. Comme le gamin du film, c’est à ce moment là que j’ai découvert le rock’n’roll. J’avais entendu parlé de Jim Morrison, je voulais savoir qui était Iggy Pop, je me disais : “Putain, ça a l’air cool le rock”. Je voulais comprendre ce monde.
Et dire que quelques mois plus tôt je révélais à mon père, atterré que je n’aimais ni le foot ni le rock. “Un musique de voyou”, selon le gamin que j’étais. Un gamin que Seymour Hoffman a tué.
Toujours dans la lignée de la musique à guitare, Philip c’était aussi “Le Comte”. Le DJ star de The Boat That Rocked. Celui qui monte au mas d’un bateau en pleine mer du Nord pour un pari à la con, celui qui préfère passer des disques et périr en plein naufrage, plutôt qu’abandonner et fuir.
Alors que tout le monde est sur le pont, Le Comte reste dans sa cabine, et envoie “Wouldn’t it be nice” des Beach Boys. On se dit que c’est un « feel-good movie », qu’il ne peut pas mourir, et pourtant on y croit, on a peur. On se dit aussi qu’après tout, ce serait bien du Beach Boys à un enterrement.
Puis Philip, triomphant,  réapparait à la surface. Tout le monde est heureux, tout le monde s’embrasse, et Rhys Ifans boit du champagne sur un voilier. Cette fois, Philip ne sortira pas la tête de l’eau. Ce 2 février 2014, une bête du cinéma américain s’est éteinte dans son appartement de Fairport, New York à l’âge de 46 ans. Si la police n’a pas encore terminé son enquête, on parle déjà d’overdose. Comme pour Lester Bangs.
Adieu, Master.
[iframe width=”807″ height=”454″ src=”//www.youtube.com/embed/EO3amwzUZ-I” frameborder=”0″ allowfullscreen ]

À voir aussi sur Konbini