Menacé de mort au Mexique où il doit être renvoyé, un journaliste demande l’asile politique aux États-Unis

Menacé de mort au Mexique où il doit être renvoyé, un journaliste demande l’asile politique aux États-Unis

Le journaliste mexicain Emilio Gutiérrez fuit son pays depuis plus neuf ans car il y est menacé de mort. Alors qu’il est en passe d’être expulsé du territoire américain où il se trouve, plusieurs associations de défense de la presse ont appelé les États-Unis à lui accorder l’asile.

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Jeudi 7 décembre, les services d’immigration américains ont mis en détention en vue de les expulser vers leur pays d’origine le journaliste mexicain Emilio Gutiérrez et son fils, âgé de 24 ans, après que leur demande d’obtention de l’asile politique leur avait été refusée.

Cela fait maintenant près de dix ans que les deux hommes sont réfugiés sur le territoire américain. En effet, cet ancien journaliste du quotidien El Diario a quitté le Mexique car ce dernier avait peur pour sa vie et celle de son fils après avoir appris qu’il figurait sur une “liste de personnes à assassiner” car il dénonçait le comportement de l’armée mexicaine.

Le lauréat du prix international pour la liberté de la presse, décerné par le National Press Club en 2017, est donc retenu en détention au Texas pour être expulsé.

Plusieurs associations demandent donc à ce qu’on lui accorde l’asile. À son sujet, Emmanuel Colombié, en charge de la section Amérique Latine de Reporters sans Frontières, plaidait pour l’obtention d’un “statut de réfugié” en urgence :

“Emilio doit par ailleurs obtenir le statut de réfugié ; un retour au Mexique, pays structurellement violent où les journalistes sont régulièrement pris pour cible, est pour lui inenvisageable et serait irresponsable.”

Neuf ans que le calvaire dure

En 2009, Emilio Gutiérrez avait accordé une interview à Reporters sans Frontières dans laquelle il expliquait avoir quitté son pays pour “fuir la violence de l’État mexicain contre les journalistes par l’intermédiaire de l’armée” et assuré que les menaces de mort à son égard de la part de militaires ne laissaient pas place au doute :

“Si je ne m’étais pas enfui, je figurerais dans les statistiques des homicides.”

Le sexagénaire expliquait être parti pour “chercher la sécurité et le droit à la vie” et disait avoir confiance en la politique de Barack Obama pour être en sécurité. Cette interview prend une résonance toute particulière concernant les conditions de travail des journalistes dans le monde, quand, huit ans plus tard, sa situation n’a pas changé. Il est toujours en passe d’être expulsé.

En évoquant ses “projets pour l’avenir”, Emilio Gutiérrez parlait de son rêve d’obtenir une “résidence légale et définitive” ainsi que de continuer à pratiquer son métier qu’il exerce “avec passion et amour”.

Sur les 180 pays que compte le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières, le Mexique, où cartels et corruption s’entremêlent, est classé à la 147e position. L’ONG rappelle également que le Mexique est deuxième, juste derrière la Syrie, en termes de dangerosité pour les journalistes.

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