Observant jalousement le succès de sa concurrente , TF1 prépare son « plan de bataille ». ” Quoi ? M6 ils ont fait top chef ? Et bah nous on va faire mieux. On va faire Masterchef. KESKIYA !?”.
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L’émission est déjà un succès dans plusieurs pays, TF1 y voit une aubaine et applique le concept sur son antenne. Facile mais efficace !
Jeudi dernier, Masterchef réunissait 23% de parts d’audience quand la série Bones n’en attirait que 17,4% sur la chaine concurrente. Et Pan dans tes dents M6 !
Comment 2h d’émission culinaire peuvent envoyer au tapis une série américaine ? DECRYPTAGE !
Basta la cuisine de Maïté qui pue l’ail. Oublié le chiffon tâché de sang de dindonneau, porté à la ceinture. Désormais c’est décor luxueux noir et orangé, avec logo de feu sur l’écran. C’est toujours plus classe que la Cuisine des Mousquetaires, il faut bien l’avouer…
LA RECETTE DE MASTERCHEF TF1
TF1 a trouvé LE truc pour faire toujours mieux que ses concurrentes: puiser dans toutes les émissions qui cartonnent et mixer le tout à SA sauce. Sur la carte, ça donne ça :
“Mix de concepts télévisuels sur lit d’oranges douces et amères”. – Ca passe toujours mieux quand c’est joliment dit –
Afin de procéder à la réalisation de ce programme, veillez à réunir les ingrédients médiatiques les plus goûteux. La téléréalité dite « intelligente » étant une source d’inspiration inépuisable.
L’ATOUT KOH-LANTA (les oranges douces)
Qu’il s’agisse de Koh-Lanta ou de Masterchef, 100 000 euros sont à la clé ainsi que tension, stress et compétition.
Face aux deux programmes, le mec devant sa télé savoure la galère des rescapés, bien au chaud sur son canapé en skai. C’est ce qui s’est passé jeudi soir lorsque les apprentis cuisiniers ont découvert leur défi: la réalisation de la recette de calamar – boeuf bourguignon et l’épreuve de pâtes fraîches au laminoir (le mot qui dit tout). A la vue de leurs visages dépités, notre plaisir de grosses feignasses sadiques en fut comblé.
INGREDIENTS : participants sous pression
Tout comme les héros de Koh-Lanta, les élus de Masterchef sont là pour se dépasser. Ils aiment la cuisine et ont la goutte qui perle sur le front au moindre écart de persillade. Rien d’étonnant à cela, beaucoup d’entre eux jouent leur vie et une carrière.
Masterchef, c’est un peu le pôle-emploi de la dernière chance pour les passionnés de cuisine qui se sont un jour égarés dans les voies du marketing, de la vente et autres voies impénétrables.
Alors quand Martine loupe son plat, elle est déçue mais reconnaît sa défaite avec l’honnêteté du brave : “ je me suis trop libérée sur les poivres”. Et oui Martine !
Autant d’épices langagières qui font la force du programme.
Mises en condition kohlantesque
« L’épreuve sous tension » – Remplace la traditionnelle ” épreuve d’immunité” présente dans l’émission de Denis Brogniart. Elle permet aux participants sur la sellette de se battre pour rester dans le jeu. Et pour l’avoir expérimentée, Martine n’a pas peur de dire que :
« on peut plus rire ! Maintenant,’faut qu’on se batte ! ». ( ha ça c’est bien vrai Martine)
« La boite mystère » – Remplace l’énigme qui apparait dans Koh-Lanta sous forme de bouteille à la mer. Lorsqu’il l’ouvre, le survivant de l’île est souvent perplexe.
Dans Masterchef, la bouteille est remplacée par une boite, et l’énigme par un objet bizarre dont le participant doit trouver l’utilité.
Jeudi soir, elle contenait un laminoir soit un appareil à pâtes pour mieux misérer à faire tes spaghettis. Face à l’objet incongru, le participant laisse échapper cette expression curieuse :
Duel d’équipes – Masterchef fait s’affronter les candidats… comme sur l’île. Et comme sur l’île, on y retrouve l’équipe des Rouges, celles des Jaunes et – la p’tite touche qui fait (+ ou -) la différence – : l’équipe des Bleus !
Alors je te vois venir avec tes « ouais mais Khô-Lanta c’est plus que ça, c’est un décor de fou, à l’autre bout du monde ». Ha oui ? Et le Pont du Gard c’est pas beau ? La cuisine dans les airs ne t’avait pas fait rêver ? En plus cette année, les concurrents cuisineront sur 3 des 5 continents pour TE faire rêver. C’est le côté ” Pékin express” de l’émission.
Un plaisir pour les yeux en dépit de celui des papilles du téléspectateur qui crève souvent la dalle en regardant l’émission… Et on sait combien la faim rend accro !
INGREDIENTS : Les jurés
Composé de personnalités atypiques, le jury donne le ton de l’émission. Tout comme dans « Nouvelle Star », les jurés balancent les claques.
Yves Camdeborde et Frédéric Anton, deux chefs certifiés goûtent et évaluent les assiettes sans pitié. Sébastien Demorand, journaliste et critique culinaire fait également parti du jury. La vanne acide ? C’est lui qui l’a inventée !
Réalisation de la « Nouvelle star culinaire »
Talents Tout le monde ne peut pas faire Masterchef. Il faut d’abord faire un casting et si tu es vraiment ultra doué, tu peux participer à l’émission. Ensuite, tu bosses comme un chien avec tes cordes (vocales ou culinaires) et tu n’as qu’une chance pour convaincre. A chaque émission un écrémage a lieu: un ou plusieurs candidats sont éliminés. A la fin il n’en restera qu’un, le champion de Masterchef, la « Nouvelle Star culinaire ».
Fleuron de jurés
Bien sûr, des talents sans jurés c’est trop cheap. Surtout pour la TV. Masterchef a son propre jury. Voici deux ou trois choses que vous devez savoir sur chacun d’eux.
Yves Camdeborde – S’emballe souvent autant que ses papilles. Les assiettes doivent « chanter » pour ce chef originaire du sud dont les métaphores culinaires ne sont pas sans rappeler celles d’André Manoukian. « L’appétit est grand, nos candidats vont être grands » … En moins sexuel, certes.
Frédéric Anton – Son regard acéré fait flipper les candidats à chaque évaluation de plat. Son oeil rieur semble dire “tu flippes ta race hein? ». Parfois, en y regardant de plus près, on peut apercevoir un rictus à l’annonce du « c’est loupé ». +1 pour la cruauté.
Sébastien Demorand – Est à la hauteur de son métier de critique culinaire: sans pitié! Surnommé ” Assurancetourix” en raison de sa ressemblance capillaire avec le personnage de BD, il est un peu le Sinclair de Masterchef.
Celle qu’on aime détester (l’orange amère )
Carole Rousseau, Huissier de justice.
Comme Maitre Simonin, l’huissier de la “Star Academy”, Carole Rousseau apparaît de façon éparse dans l’émission mais tout le monde s’en fout. Pas très appréciée des twittos qui la soupçonnent d’être morte à l’intérieur, elle semble là pour rappeler que Masterchef “c’est sérieux ok?”. Quand elle ne rappelle pas le temps restant aux candidats, elle les menace :
“J’espère que vos pâtes sont al dente, car nos chefs ont la dent dure” . ARK! ARK ! ARK !
Elle est un peu celle qu’on aime détester. Il en faut toujours un ou une dans une émission de téléréalité. Cela constitue le point de convergence de toutes les frustrations, le défouloir du téléspectateur dont le sadisme atteint son paroxysme. Et les tee-shirts roses que porte Carole n’y changeront malheureusement rien.
Ce ” mix de concepts télévisuels sur lits d’oranges douces et amères” assouvit l’appétit télévisuel du téléspectateur. L’émotion du candidat qui perd, la tension du concours, la personnalité des jurés, la violence suscitée par Carole Rousseau. On trouve dans Masterchef tout ce qu’on pourrait trouver dans une série en terme de ressentis.
Nous avons pris d’affection la téléréalité. Et même la critiquer devient un plaisir. Et à défaut de pouvoir goûter, il nous est possible visionner l’épisode à l’infini:
#Cheers!