La Magnifique Society porte toujours aussi bien son nom

La Magnifique Society porte toujours aussi bien son nom

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@F. MAYOLET

Le festival rémois a su répondre aux attentes grâce à un line-up finement pensé, entre talents confirmés et révélations.

On vous avait prévenus : pour sa troisième édition, la Magnifique Society avait vu les choses en grand. Que ce soit avec des têtes d’affiche de prestige ou de jeunes espoirs, le festival, qui se tenait du 13 au 15 juin au Parc de Champagne de Reims, a su répondre aux attentes. Le tout en restant fidèle à ses convictions, avec des artistes japonais et coréens tout aussi resplendissants (si ce n’est plus) que le reste de la programmation.

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Tout débute donc le jeudi 13 juin. Un jour peu habituel pour les festivaliers, et donc forcément peu évident pour l’organisation. Pourtant, Dégage, les Como Mamas et Zombie-Chang lancent chacun leur tour les festivités, devant un public clairsemé. Le premier artiste qui parvient à attirer un nombre relativement conséquent de curieux n’est autre que Flavien Berger, le seul mec dont on attend les interludes avec autant d’impatience que les morceaux. Avec ses titres extraits du génial album Contre-Temps paru l’année dernière et son charme si singulier, le chanteur français s’en tire à merveille.

Chris la magnifique

S’ensuit le concert de Roméo Elvis, vers lequel les fans se ruent avec un enthousiasme plus que débordant. Pourtant, la prestation tombe rapidement à l’eau et s’apparente davantage à un échauffement pour la longue saison des festivals. La fatigue se fait ressentir. Roméo teste le public, voit bien que cela manque de répondant, et assure la fin du show sans la folie et la passion auxquelles il nous a habitués. De plus, les nouvelles chansons de Chocolat, son nouvel album en demi-teinte, ne l’ont pas vraiment aidé à conquérir les festivaliers.

Après avoir croisé quelques fans du rappeur américain Scarlxrd (qui étaient bien ridicules avec leurs gilets par-balles), on se donne rendez-vous devant… Rendez Vous. Le collectif de post-punk français déborde d’énergie, même devant un auditoire très modeste. Le groupe peut enfin jouer ses nouveaux morceaux : après plusieurs EP très aboutis dans le courant des années 2010, son premier album, Superior State, est sorti l’année dernière.

(© F. Mayolet/Magnifique Society)

Après quelques minutes mollassonnes devant Jon Hopkins, on préfère opter pour un choix stratégique et on se positionne pour le concert de Chris(tine & The Queens). Quitte à rater le génial rappeur britannique Octavian, programmé en même temps, et dont la mixtape Endorphins paraissait le lendemain. Tant pis et tant mieux. Le show de Chris est magistral et parfaitement chorégraphié. Les spectateurs en ont pour leur argent, et on ne peut rester insensible devant cette générosité, même si la tracklist nous a parfois laissés un peu dubitatifs.

La soirée se conclut dans la bonne humeur, avec une performance festive de Vladimir Cauchemar, qui a le mérite de faire danser à peu près tout le monde, notamment grâce à son nouveau tube, “Elévation”, en collaboration avec Vald – morceau dévoilé deux semaines plus tôt lors de We Love Green.

La surprise Balming Tiger

On débute la journée du vendredi avec Hamza, programmé très tôt sur la grande scène. Il faut dire qu’il y a du lourd qui arrive derrière. Dans ces conditions loin d’être évidentes, on retrouve peu de gens devant celui qui a sorti l’un des albums de l’année avec Paradise. Et surtout pas grand monde de sensible au flow du talentueux artiste belge, pourtant parfait dans son rôle.

C’est alors qu’arrive l’une des plus belles surprises du festival, les Coréens de Balming Tiger. Exubérants au possible, les rappeurs enchaînent les gros morceaux de trap bien efficaces – même si complètement pompés sur la scène US, sans véritable réappropriation – pour réveiller un public qui n’attendait que ça. Jamais on n’aura vu autant d’ambiance sur cette scène qu’à ce moment bien précis, alors que dans le même temps Franz Ferdinand assure le show sur la mainstage avec des riffs toujours aussi bien sentis et l’éternel tube “Take Me Out”.

(© F. Husson/Magnifique Society)

C’est alors que la pluie vient s’abattre sur le Parc de Champagne. Le premier à en faire les frais n’est autre que Miyachi, rappeur japonais ayant grandi à New York et revendiquant ouvertement l’héritage culturel des Nas, Biggie et autres Jay Z. Pourtant, avec ses prods bien plus contemporaines que ne le laissent penser ses références, le jeune artiste parvient à captiver la foule durant… quelques minutes. Juste le temps que la pluie provoque des soucis techniques et coupe son micro. Après deux interruptions, Miyachi parvient tout de même à conclure son passage sur une bonne note ne laissant présager que des bonnes choses pour la suite.

Il pleut, il mouille

Pendant ce temps-là, la Fat White Family tente tant bien que mal d’offrir une prestation à la hauteur du très bon Serfs Up!, paru en avril dernier. Mais les conditions météorologiques en ont décidé autrement. On craint alors le pire pour le grand concert du soir, celui de Die Antwoord, mais le ciel accorde quelques précieuses minutes de répit. Car les Sud-Africains offrent alors un show dantesque. “Bonsoir, motherfuckers” ; Oui, oui, mon ami. Oui, oui”, ne cesse de hurler Ninja – comme il le fait à chacun de ses concerts sur le sol français. Les tubes s’enchaînent avec une intensité folle, et un Ninja décidément monté sur ressort se paie un magnifique bain de foule pour pimenter cette représentation bien rodée. Reste encore à voir ce que donnera le nouvel album du groupe, attendu prochainement.

(© F. Mayolet/Magnifique Society)

La pluie fait son grand come-back. Il tombe des cordes sur le Parc de Champagne, mais ce n’est sûrement pas ce qui peut freiner les fans de Columbine, facilement reconnaissables grâce aux divers T-shirts et sweats du groupe à la kalash et à la colombe qu’ils arborent fièrement. Les Rennais offrent alors un show millimétré, avec notamment les nouveaux morceaux de la réédition d’Adieu, au revoir, déjà parfaitement intégrés. Un tour de force qui nous ferait presque oublier qu’on a loupé Channel Tres à l’autre bout du festival.

Un public capricieux

Mais si les deux premiers jours, dans un contexte peu évident, ont apporté satisfaction, le troisième sera plus délicat. Les “incroyaux” Caballero et JeanJass offrent un show assez plat, devant un jeune public pourtant conquis. Les titres de Double Hélice 3 sont bien en dessous de ceux des deux précédents volets, et cela se ressent dans l’accueil du public. Une performance décevante qui peut en grande partie s’expliquer par leur concert la veille à Marsatac, et la fatigue de tournées interminables – à l’instar de Roméo Elvis.

(© Les Musicovores)

Le groupe australien Pond, particulièrement attendu, fait un flop auprès des festivaliers, alors même qu’il y a plusieurs membres de Tame Impala sur scène et qu’il n’y a rien de programmé en même temps. Pourtant, le groupe ne se démonte pas et s’amuse avec les quelques péquins présents devant les barrières – on est bien loin de l’audience qu’il aurait amplement méritée.

On s’offre un crochet par la mainstage pour jeter un coup d’œil au collectif Wallows, dont l’un des chanteurs et guitaristes n’est autre que Dylan Minnette, l’un des acteurs de 13 Reasons Why. DJ YonYon, avec son mix comprenant des gros hits du rap américain de ces dernières années, et le groupe japonais Yahyel se montrent à la hauteur des espoirs placés en eux avec des sets endiablés, alors que le concert le plus attendu de la semaine se profile.

(© Darkroom)

Une édition réussie

On se rend ensuite au show de la rappeuse japonaise Tigarah. Pleine d’énergie, elle offre une performance intéressante devant un public curieux mais quelque peu timide. Le point d’orgue de son concert est une collaboration avec Vladimir Cauchemar. Puis arrive le show minimaliste et majestueux de Sebastian, qui – comme il nous l’avait promis – s’amuse avec le public.

Comme lors de We Love Green, il conclut son set avec sa magnifique reprise de l’hymne de Rage Against The Machine “Killing In the Name”. Quel morceau ! Enfin, on fuit bien volontiers Parov Stelar, contre une dernière coupe de champagne (on est à Reims, quand même) avec les gens de l’organisation, qui auront été irréprochables durant ces trois jours de fête, de découverte et de bonne musique.

(© J. Dera)