lls ont 18 ans et ont voté pour la première fois : 12 primo-votants nous racontent tout

lls ont 18 ans et ont voté pour la première fois : 12 primo-votants nous racontent tout

 Ils ont 18 ans et ont voté pour la première fois au premier tour de cette élection présidentielle. Pour qui ? Pour quoi ? Douze primo-votants nous racontent leur première fois dans l’isoloir. 

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Matthieu a voté Fillon, tant pis pour les affaires, de toute façon ils sont tous pourris. Quant à Aliénor, elle a choisi Mélenchon et a même essayé de convaincre ses amis indécis. Jeanne a préféré voter Macron, sans être trop emballée, et Maxime a finalement voté blanc, un peu triste de ne pas trouver chaussure à son pied.

Dimanche 23 avril, jour du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, nous avons demandé à 12 “primo-votants” comment ils avaient vécu leur toute première fois dans l’isoloir. Ils sont nés pour la plupart sous Chirac, en 1998, année où la France a été sacrée championne du monde de Football et où le mot “attentat” ne nous était pas aussi familier. Ils appartiennent à cette génération des millennials qui a vu le Front national monter aussi vite qu’Internet.

On dit souvent que les jeunes s’abstiennent, ou qu’ils votent FN. Pourtant dimanche, chez les 18-24 ans, c’est Jean-Luc Mélenchon qui l’a emporté. Ceux qui nous ont confié leur premier vote, ont donné leur voix à Fillon, Macron, Mélenchon, Dupont-Aignan ou ont choisi le bulletin blanc. Ils font des études, sont encore au lycée ou cherchent du travail, mais tous ont en commun d’emmerder comme ils peuvent le Front national. Portraits.

Alexis : Fillon, quoi qu’il advienne

Alexis (en photo ci-dessus) a 18 ans, il est venu voter avec ses parents dans le 13e arrondissement de Paris. Mais ce n’était pas vraiment la première fois qu’Alexis votait. Il avait déjà glissé deux fois son bulletin dans l’urne à la primaire de la droite. Il avait choisi François Fillon, au premier et au deuxième tours, alors sans surprise, ce jeune étudiant en prépa maths sup’ à Henri-IV a encore une fois soutenu le candidat Les Républicains.

Ses potes, eux, votent très peu pour François Fillon. “C’est même un peu tabou”, confie-t-il. Ses parents sont de droite, et ils ont beaucoup discuté de cette présidentielle ensemble. Les affaires ? “Forcément, ça choque”, alors le jeune votant a beaucoup hésité avec Emmanuel Macron. Mais,“finalement ce n’est pas le plus important”, rétorque Alexis.

Louis : 17 ans au premier tour, 18 au second

Louis n’a pas pu voter au premier tour, il n’est pas encore majeur. Il aura 18 ans, et obtiendra donc le droit de vote, le 1er mai, à une semaine du second tour. Voter, Louis y tient. Pendant la campagne, il s’est empressé de se rendre à la mairie pour être certain de pouvoir voter au second tour. Il se dit même “déçu” ne pas avoir pu voter au premier. Pour lui, il faudrait régulariser la loi, il trouve ça un peu bizarre de voter pour un candidat qu’il n’aura forcément pas choisi, “ce serait plus juste”, assure-t-il.

Louis ne votera pour personne, il votera contre Le Pen. Il appelle ça “le vote par affiliation négative”, qui consiste d’après-lui à voter pour le moins pire. Il aime bien certaines idées de Mélenchon et de Hamon, mais il préfère Juppé. Il se dit d’ailleurs déçu de ne pas avoir pu voter aux primaires, faute d’avoir 18 ans. Alors le premier vote de Louis sera contre le Front national.

Aliénor : le vote utile pour Mélenchon

Aliénor a 18 ans, elle étudie les maths à la fac de Sciences de Montpellier. “J’ai toujours été d’extrême gauche”, confie-t-elle. Elle a voté Jean-Luc Mélenchon, et elle qualifie son vote “de vote utile, de gauche”. Elle aimait bien Benoît Hamon, mais “a perdu confiance” dans le Parti socialiste, et les sondages l’ont forcément influencée, admet-elle. Ce qu’elle apprécie chez le candidat de la France insoumise, ce sont surtout “ses idées écologistes”.

Certaine de son vote, elle a tenté de convaincre des amis qui ne s’y connaissaient pas du tout. “Au final, je n’ai influencé personne”, s’amuse-t-elle. Au second tour, Aliénor votera blanc. Elle se dit autant “anti-Macron, qu’anti-Le Pen”. Même si le résultat est décevant, voter a été un vrai “plaisir” pour la jeune femme, qui confie avoir “adoré ces élections”, où il y avait “des surprises tout le temps”. Depuis longtemps, elle savait que les personnes nées en 1998 voteraient à la présidentielle et aurait été vraiment “déçue” de ne pas pouvoir s’exprimer.

Maxime : un premier vote blanc

Maxime, 18 ans et en terminale S à Rouen, n’a trouvé aucun candidat qui lui plaisait. Alors que faire ? “Comme il n’y avait aucun candidat qui me convenait, je ne voulais pas faire un choix par défaut”, explique-t-il. “Il y avait des idées qui me plaisaient chez chacun, sauf Le Pen”, raconte Maxime qui n’a pas réussi à faire un choix sans véritables convictions. “Au moment de fermer l’enveloppe vide, j’ai ressenti de la déception”, confie-t-il.

Mais le vote blanc était pour lui “la seule solution pour s’exprimer”. Il a essayé de faire passer son message tout en déplorant que le vote blanc ne soit pas davantage pris en compte. Quant au second tour, Maxime votera contre Le Pen, mais aussi pour sa mère, dont il a en charge la procuration. Est-ce que ça l’influencera ? Non, “aujourd’hui, les jeunes sont plus influencés par les réseaux sociaux que par leurs parents”, explique-t-il.

Jeanne n’est pas “emballée” par son vote

À 19 ans, jeanne est politisée, puisqu’elle est en prépa de journalisme à Lille. Alors forcément, avec ses amis, elle discute de l’élection. Eux, comme son copain, penchent plutôt pour Mélenchon, mais Jeanne a décidé de voter Macron. “Mélenchon, je le trouve dangereux. Pour moi, voter Macron c’est plus raisonnable”, explique cette fille d’avocat. Elle aime beaucoup Benoît Hamon, mais le trouve trop avant-gardiste : “Ça fait trop peur aux gens”, commente-t-elle. C’est donc sans grande conviction qu’elle a voté Macron. “Je ne suis pas emballée par mon vote”, explique-t-elle d’abord, puis va jusqu’à dire qu’elle n’en est même“pas satisfaite”.

Thomas a eu 18 ans à 24 heures du premier tour

Thomas a bien failli ne pas pouvoir voter. Il a atteint la majorité samedi et a voté dimanche. Ce lycéen rouennais en terminale S se dit “content” d’avoir pu le faire. “Pour moi, c’est quelque chose d’important”. Au lendemain de son anniversaire, Thomas a voté Macron, “pour faire barrage aux extrêmes”, confesse-t-il. Au second tour, il ira voter “sans hésiter”.

Valentine : “Pas Le Pen”, alors Macron

Valentine a 19 ans, elle étudie le droit à Rouen en deuxième année, et évidemment à la fac on parle beaucoup politique. Avant, elle ne s’y était jamais trop intéressée, mais cette-fois elle est “contente de pouvoir voter”. Elle s’est penchée sur les programmes et une seule chose était sûre : “Pas Le Pen”, affirme-t-elle. Du coup, elle a choisi Macron. Mais pour Valentine, ce n’est pas l’élection présidentielle qui compte le plus, “le plus important, c’est les législatives”. Parole de future juriste.

Matthieu : “Il faut qu’on prenne les choses en main”

Matthieu, 18 ans, est interne en Normandie, mais inscrit dans la banlieue parisienne, il a voté par procuration. “Et c’est compliqué, j’ai dû faire la queue une heure et recommencer cinq fois”, explique-t-il, mais il était motivé. Pour lui c’était “tout sauf Le Pen”, il fallait “se bouger le cul” et “prendre les choses en main”. Pas question d’être abstentionniste, Matthieu est content d’avoir enfin le droit de vote et trouve même ça “cool”. Il a voté Fillon, conscient d’être influencé par son milieu social et une famille de droite. Pour lui, “c’est le seul qui aurait pu relever la France”, quant aux affaires, il sen fiche éperdument. “Tout le monde est corrompu”, assène-t-il, et puis “ce n’est pas pour quelques millions” qu’il aurait changé son vote.

Clément : “content” d’avoir accompli sa “mission”

Clément a 18 ans, il est animateur, diplômé du BAFA, et cherche du travail. Il est allé voter dimanche matin à Rouen avec ses parents intermittents du spectacle Il a voté Mélenchon, comme eux, après en avoir discuté ensemble. “En politique, je ne suis pas vraiment calé”, confie-t-il. Il s’est informé sur les réseaux sociaux où il a vu beaucoup de choses sur le candidat de la France insoumise. Il se dit “content” d’avoir accompli sa “mission civique”, explique-t-il. Désormais, il va essayer de plus s’y intéresser, il ira voter “contre Le Pen” au second tour et aux législatives.

Victor est “encore plus dégoûté de la politique” qu’avant

Victor a 20 ans et étudie les sciences de la vie à Grenoble. Après avoir beaucoup écouté les discussions de sa famille, il a voté Mélenchon parce que ses idées lui plaisaient et parce qu’il “aimait bien le personnage”. Mais il a trouvé cette campagne “catastrophique” et se dit “encore plus dégoûté de la politique qu'[il] ne l’était déjà”. Suivre ces élections, “ça ne m’a pas du tout donné goût” à la politique, confie-t-il. Il ne se dit pas “fanatique” de Mélenchon, et qualifie son choix de “vote utile”. Lui aussi, votera contre Le Pen, même s’il dit “ne pas comprendre” cet engouement pour la candidate de l’extrême droite.

Camille : ils sont là “pour le pouvoir”

Camille est en première année de LEA (langues étrangères appliquées), elle habite un village en Normandie. Si elle est aussi âgée de 18 ans, elle se dit plus investie dans cette élection, sûrement parce qu’elle a obtenu le droit de s’exprimer : “C’était nouveau, voter c’est une expérience. J’étais contente de le faire”, affirme la jeune étudiante qui a donné sa voix à Jean-Luc Mélenchon. Ce qu’elle a apprécié chez lui, c’est l’idée de la VIe République, et l’impression qu’il était “moins là pour le pouvoir” que les autres.

Nolwenn : voter, c’est “prendre des responsabilités”

Nolwenn est en terminale L en banlieue rouennaise. À 18 ans, elle se dit “contente”, d’avoir pu voter: “Ça fait bizarre, on rentre dans l’âge adulte, explique-t-elle, on prend des responsabilités”. Pour son premier vote, elle a choisi Nicolas Dupont-Aignan. Elle raconte avoir lu son programme. “C’est le seul en accord avec mes idées”, explique Nolwenn qui, même si elle dit avoir “décidé toute seule”, est allée voter en famille.