Oubliez le mur de Trump entre les États-Unis et le Mexique : des designers ont soumis aux deux pays un projet d’espace écologique commun et alimenté à l’énergie solaire.
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Donald Trump l’a dit et répété pendant sa campagne : il veut construire un “bon gros mur” entre les États-Unis et le Mexique, pays qui selon lui “envoie” des violeurs et des dealers à la frontière. Bien sûr cette promesse hautement controversée pose plusieurs problèmes.
De nombreux experts en sécurité ont toujours maintenu qu’une telle construction n’empêcherait pas les immigrants sans papiers de trouver un moyen de pénétrer sur le territoire américain. Elle aurait en outre des effets dévastateurs sur l’environnement local. Sans oublier le fait que beaucoup d’autres projets pourraient voir le jour grâce aux 20 milliards de dollars nécessaires… Une équipe de designers ambitieux a donc décidé de proposer une autre solution à la question de la frontière entre les États-Unis et le Mexique : une “écotopie” (une utopie écolo, si vous préférez) que pourraient partager les deux pays.
Intitulé “Otra Nation”, le projet est né au sein du collectif Made, une équipe interdisciplinaire d’architectes, de constructeurs, de concepteurs, d’ingénieurs et d’urbanistes originaires du Mexique et des États-Unis. Plutôt que d’ériger un énorme mur aussi cher qu’inefficace, Otra Nation serait donc une sorte de zone tampon environnementale qui s’étendrait du golfe du Mexique à la côte californienne.
Dans la proposition présentée officiellement aux gouvernements américain et mexicain en mars, Made écrit :
“Le XIXe siècle a vu apparaître les frontières et le XXe la construction des murs. Le prochain créera des ponts entre les nations grâce à des communautés fondées sur des principes partagés de résilience économique, d’indépendance énergétique et de confiance sociale.”
Le groupe parle d’une “co-nation partagée” (ce qui est assez utopique et probablement un tantinet surréaliste) :
“Otra Nation serait la première co-nation partagée au monde, ouverte aux citoyens des deux pays et entretenue par le Mexique et les États-Unis. L’investissement initial ainsi que les terres seraient également fournies par les deux pays.”
Le message principal de ce projet est qu’il y a des solutions plus positives, productives et écologiques, qui sont préférables aux clivages que suscitent les plans actuellement en discussion. Cette écotopie, qui s’étendrait sur 1 930 kilomètres de long et 40 de large (20 de chaque côté de la frontière), incarnerait la vision que beaucoup de progressistes ont pour idéal : l’absence de frontière.
Le volet environnemental du plan proposé par Made est nettement plus concret et réaliste. Le groupe envisage en effet d’installer 90 000 kilomètres carrés de panneaux solaires, de restaurer les écosystèmes des deux côtés de la frontière ainsi que la création d’un réseau Hyperloop (un type de ligne ferroviaire extrêmement rapide).
Si l’équipe admet qu’il y a très peu de chances que son concept soit considéré sérieusement par les deux gouvernements, elle a quand même déclaré au magazine The Verge qu’elle espère générer suffisamment d’intérêt pour déclencher un débat (voire des votes) sur son projet.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet