Le Hellfest vu par les enfants

Le Hellfest vu par les enfants

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Par Théo Chapuis

Publié le

Si vous avez un pote métalleux, il est peut-être barbu, porte les cheveux longs, et crie très très fort. À part pour ce dernier critère, ce sont des festivaliers metal tout autres que nous avons croisé au Hellfest 2014. On vous présente le célèbre festival de metal vu par les enfants qui l’ont peuplé.
Le festival Hellfest. Puissant, lourd, magnétique, abrasif. Trois jours de tous les types de métaux disponibles sur le marché, du hard rock FM enjôleur des années 80 aux matraquages les plus sadiques du metal extrême. “Un festival d’homme”, serait-on tenté de penser à l’évocation de la rude vie de camping et de l’incessante sollicitation auditive – véritable source d’épuisement moral.
Pourtant, parmi la horde de chevelus et/ou barbus qui errent ça et là à la recherche de bière, de bouffe de festival et de décibels, on croise quelques familles avec enfants. Parfois très jeunes. Et pourquoi pas ? Arrête-t-on de s’éclater en festival une fois qu’on est un papa ou une maman ?
La preuve que non : en 2012, Geekdad publiait un article intitulé “Enfants + Hellfest ?” où un père averti préconisait ses conseils à usage des jeunes parents. C’est aussi un sujet récurent sur le forum du Hellfest. Et puisque l’entrée est gratuite pour les moins de douze ans, pourquoi hésiter ?
Alors, le Hellfest avec des mioches, grosse galère ou partie de plaisir ? Konbini s’est rendu à la rencontre de ces familles metalleuses option progéniture pour mieux comprendre.

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Sandwiches et Avenged Sevenfold

On en écoute tous les jours, tout au long de la journée, pendant les repas, etc.

Alors que je demande aux enfants si le festival leur plaît, leur réponse fuse : “Ouais trop ! C’est énorme”, répondent-ils en chœur. “Le metal, c’est notre musique préférée !” L’un des deux me raconte que ça lui a fait “super plaisir” quand son papa l’a emmené au concert d’Avenged Sevenfold au Zénith de Paris  pour son anniversaire.
Malgré tout, ils n’ont pas beaucoup de copains qui écoutent du metal à l’école. “J’ai un copain qui est devenu fan de Rammstein grâce à moi et ça m’a fait hyper plaisir”, me confie comme une victoire personnelle le petit Gabriel. Je m’éloigne et les laisse à leurs sandwiches.

Comptines et Lofofora

Ah non non ! Ils sont plutôt comptines, en fait. C’était l’occasion de faire une sortie en famille… Là on est venus voir Lofofora et puis on va aller se balader dans le festival, sans rester trop longtemps : ils sont jeunes !

Sur les oreilles de Lilwenn et Titouan, d’énormes casques jaune et rose fluo. On remarquera ces modèles accompagner de nombreux enfants tout le long du festival. Je jette un œil réprobateur à Julien, leur papa, qui ne porte aucune protection auditive. “Moi c’est pas pareil, je suis déjà à moitié sourd…”, avoue-t-il de dépit avant de reporter ses yeux sur les gesticulations de Reno, le chanteur de Lofo, avec qui il partage l’appartenance à la même génération.

Nintendo DS et Iron Maiden

C’est absolument pas compliqué de passer un bon Hellfest avec des enfants de cet âge. En plus, les gens sont super sympa avec elles. Aucun problème, vraiment !

Iron Maiden, Slayer, Soulfly, Black Sabbath, Soundgarden sont parmi les quelques grands noms que les parents sont venus déguster. Pas de doute, j’ai affaire à des convertis. Mais qu’en est-il de leurs filles ? “À la maison, on écoute surtout Aïonne Maïdeune. – Et c’est quoi votre groupe préféré ? – Aïonne Maïdeune !” Sans plus faire attention à ce type qui leur pose des questions bizarres, elles replongent le nez dans leur DS.

Double protection auditive et Flogging Molly

Cour de récré et Deep Purple

Gros dodo et Megadeth

À l’ombre d’une des nombreuses statues de décoration qui ont fait la renommée du Hellfest, je fais la rencontre de mon plus jeune bout d’chou croisé au Hellfest. Alors qu’un groupe rugit de toutes ses forces sur la scène principale, Lucian, 22 mois, pique un profond sommeil affalé au fond de sa poussette.
Ses parents, Lydie et Fred, m’expliquent qu’emmener un enfant aussi jeune nécessite beaucoup de préparation. Très accueillant, le grand-chevelu-et-tout-de-noir-vêtu Fred me raconte :

Il a fallu s’équiper d’un casque de protection auditive adapté spécialement pour lui, commandé en Allemagne. La poussette aussi est adéquate au festival.

On s’est arrêté à une petite buvette sur la route du Hellfest, et quelqu’un a passé du Megadeth dans la chaîne hi-fi… Ça n’a pas manqué : il s’est mis à gigoter, comme dans mon ventre. Il est très réceptif à certains groupes de metal, oui !

Et ce n’est pas pour déplaire à ses parents. De toute façon, Lucian n’aura pas le choix : à 22 mois, ses parents l’ont vêtu d’un t-shirt Arch Enemy. “C’est un fan !”, commente sa mère Lydie, avant de m’expliquer que Fred tient une boutique dédiée aux produits dérivés de la scène metal et qu’elle tient le salon de tatouage attenant.
Pour participer à la fête de l’enfer, ces trois passionnés ont bravé “1000 bornes et 10 heures de route depuis une petite ville à 30 kilomètres de Toulon, dans le Var”. Pendant toute la durée de mon entretien avec ses parents, Lucian n’aura pas quitté les confortables bras de Morphée.

Gestation et Behemoth

Alors que je m’apprête à glisser mon matériel dans mon sac pour profiter à fond du black metal léché des Polonais de Behemoth, je remarque une jeune femme, assise bien droite dans une chaise de camping. Laure a 29 ans et quand elle ne fait pas les cornes au Hellfest, elle habite Vannes.
Apparemment, tout comme moi, elle attend de pied ferme la bande à Nergal qui devrait bientôt commencer à jouer. Sauf que voilà : Laure est enceinte de six mois. Alors, ce Hellfest ? Pas trop compliqué ?

Ça demande quelques aménagements, mais ça va. Je fais attention, surtout en mode “vie de camping” pendant quatre ou cinq jours, mais ça se passe très bien.