La Haute Autorité de la primaire fustige Manuel Valls pour son “manque de loyauté”

La Haute Autorité de la primaire fustige Manuel Valls pour son “manque de loyauté”

Mardi 22 mars, la Haute Autorité de la primaire de la gauche a publié un communiqué dans lequel elle dénonce fermement le choix de Manuel Valls de ne pas soutenir le gagnant de ce scrutin, Benoît Hamon, dans la course à l’Élysée, alors même qu’il s’agissait d’un engagement pris par tous les participants.

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Le 14 mars dernier, l’ancien Premier ministre Manuel Valls avait refusé de parrainer Benoît Hamon, le candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle, en expliquant qu’“Hamon ne suscite pas d’engouement” et que son programme ne remportait absolument pas son adhésion. Il avait indiqué ne pas croire “que l’avenir de la France passe par une sortie du nucléaire, par l’abandon des règles et des interdits […], par le dénigrement de cette valeur qu’est le travail, par une fuite en avant avec le gonflement de notre dette, qui n’est que la promesse de hausses d’impôts”. Il était allé encore plus loin, déclarant :

“Faire croire tout cela, c’est trahir le passé de ma famille politique. C’est surtout livrer la France à ceux qui préparent le pire des avenirs.”

De surcroît, des rumeurs concernant un éventuel ralliement à Emmanuel Macron et son mouvement En marche ! ont circulé ces derniers temps. Des propos qui n’ont été ni confirmés ni démentis par Manuel Valls. Pourtant, lors de sa défaite au second tour de la primaire de la Belle Alliance populaire, ce dernier avait tenu des propos bien différents de ceux énoncés plus haut, assurant à son adversaire victorieux son soutien plein et entier :

“J’ai toujours eu le sens de l’action collective et de la loyauté. Je suis profondément attaché aux engagements pris. Benoît Hamon est désormais le candidat de notre famille politique et il lui appartient de mener à bien la belle mission du rassemblement. Je veux lui souhaiter bonne chance pour le combat qui est devant lui.”

Un “manquement à la parole donnée”

Selon la Haute Autorité des primaires citoyennes (HAPC), qui a publié un communiqué, transmis à l’AFP, le comportement de l’ancien chef du gouvernement “contrevient gravement au principe de loyauté et à l’esprit même des primaires”. En effet, elle rappelle le principe même de la primaire, auquel souscrivent tous les candidats. Il consiste “à soutenir sans réserve le candidat sorti vainqueur”. Elle mentionne également qu’il s’agit tout de même d’un engagement sur l’honneur, signé par tous les concurrents, et donc par l’ancien maire d’Évry :

“Comme tous les autres candidats, Manuel Valls a signé de sa main la charte éthique de la primaire qui précisait ceci: ‘Je m’engage à soutenir publiquement le (la) candidate qui sera désigné-e à l’issue des primaires citoyennes et à m’engager dans sa campagne.'”

L’autorité de contrôle a donc fustigé le comportement de l’ancien Premier ministre : “Au-delà du manquement à la parole donnée, Manuel Valls livre une analyse politique condamnant le programme du candidat issu des primaires citoyennes auxquelles il a participé.”

Dans une tribune publiée le 19 mars dans Le Journal du dimanche, intitulée “À ceux qui parlent de trahison”, Manuel Valls se défendait de toute infidélité envers Benoît Hamon, s’indignant :

“Que l’on m’explique ! Quelle serait donc cette trahison qui consiste à refuser ce cynisme ambiant où l’on promet tout et son contraire, où l’on signe des chèques en bois, où l’on fait comme si le monde autour de nous n’existait pas ? Quelle est donc cette trahison qui consiste à rester fidèle à ses idées et cohérent avec ses engagements ?”

Mais Manuel Valls est loin d’être le seul socialiste à ne pas avoir respecté le choix des électeurs de gauche, qui ont pourtant élu à une large majorité – près de 59 % – M. Hamon. Après le soutien apporté à Emmanuel Macron par de nombreux ténors de la gauche, une de nos lectrices, Saskia, se demandait pourquoi le vote populaire n’était pas respecté par les politiques, s’interrogeant ainsi : “Pourquoi organiser une primaire de la gauche, si c’est pour ne pas respecter le choix des électeurs ?” Une lettre ouverte à retrouver ici.