Pour dénoncer le marché du recouvrement de dettes, John Oliver a créé une société, acheté 15 millions de dollars d’arriérés… et les a annulés.
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John Oliver est décidément de plus en plus facétieux au fil des saisons. Après avoir défié la justice canadienne l’année dernière en incitant ouvertement les électeurs à ne pas voter pour le Premier ministre conservateur Stephen Harper, brandissant des liasses de billet face caméra pour se moquer de l’amende prévue par la loi, l’animateur comique aux sujets profondément journalistiques (à moins que ce ne soit l’inverse ?) a récidivé en organisant cette fois-ci la plus grande opération de don jamais vue à la télé américaine. Jusqu’alors, selon John Oliver, le plus gros cadeau avait eu lieu chez Oprah, en 2004, lorsqu’elle avait offert en hurlant une voiture à chacun des 276 membres de son public, pour un total de 8 millions de dollars.
Certes, ce n’est pas exactement le même type de cadeau, puisque HBO n’a techniquement quasiment rien dépensé. Néanmoins, la B. A. de John Oliver risque de changer durablement les vies de 9 000 personnes, dont les dettes médicales viennent d’être annulées comme par magie. Pourquoi ? Comment ? Dans le dernier épisode de son show, Last Week Tonight, l’animateur britannique s’est cette fois-ci attaqué au marché de la dette américaine, l’une des façons les plus cyniques de réaliser du profit : aux États-Unis, des sociétés rachètent à bas prix (un cent pour un dollar) les dettes contractées par des individus, la plupart du temps pour des frais médicaux (le système d’assurance santé américain est bien plus libéral que le nôtre) et engagent des campagnes de recouvrement agressives jusqu’à obtenir l’argent dû.
Un business accessible à n’importe quel idiot
Or, rien de plus facile que de créer une de ces sociétés, et de se voir rapidement proposer des portefeuilles de dette, de les acheter et de se retrouver avec les détails personnels (coordonnées, rapports médicaux, etc.) de milliers de personnes. Pour le prouver, John Oliver et ses équipes ont donc dépensé 50 dollars pour créer la société de recouvrement CARP (oui, comme une carpe, c’est prémédité) au Mississippi (le tout entièrement en ligne), placer John Oliver à sa tête et se voir rapidement offrir 15 millions de dollars de dettes pour “moins d’un centime au dollar, soit 60 000 dollars”. Un prix dérisoire pour de vieilles échéances, de moins en moins susceptibles d’être réglées par les débiteurs.
Sauf qu’au lieu de mettre toute une division de HBO sur le coup pour collecter l’argent et “foutre (la vie des gens) à l’envers”, John Oliver a transmis les 9 000 dossiers de créances à une ONG, RIP Medical Debt, et a symboliquement effacé l’ardoise en appuyant sur un énorme bouton rouge et en hurlant “Fuck you, Oprah” – ce qui est quand même une noble façon de célébrer une bonne action – tout en appelant à plus de contrôle sur une activité dans laquelle “n’importe quel idiot peut se lancer”. L’opération s’est déjà poursuivie sur Reddit, où les principaux concernés (des débiteurs texans, majoritairement), essaient de comprendre comment fonctionne l’amnistie fiscale en échangeant des conseils. Le miracle a eu lieu. Fuck you, Oprah.