Personne n’échappe aux étiquettes, notamment en ce qui concerne les identités et les orientations sexuelles. La photographe Sarah Deragon tente de changer ça.
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Peu importe à quel point vous pensez aller contre la norme, vous n’échapperez pas à la réalité : nous cherchons tous de l’ordre dans notre existence. On pose des noms, on colle des étiquettes, on range dans des catégories pour comprendre les choses et les gens, sans aucune exception.
Pour faire bouger les choses, la photographe californienne Sarah Deragon a créé The Identity Project (“le Projet de l’identité” en VF). Lancé en janvier 2014, ce projet est une série de portrait de personnes LGBTQ. En légende des clichés, on retrouve l’étiquette à laquelle les personnes photographiées adhèrent, au sujet de leur orientation et de leur identité sexuelles.
Quelle est la différence avec les cases imposées par la société ? Dans les photos de Sarah Deragon, les sujets sont libres d’inventer leur propre définition.
Ce projet est né d’une discussion que Sarah Deragon a eue avec sa femme, Natalie Josef, et avec une amie, à propos des différents courants de la communauté LGBT. Elle se souvient, pour Konbini:
“Je me suis dit que monter un projet photo où l’on pourrait laisser les gens choisir les mots pour définir leur identité, leur genre et leur sexualité serait génial. Je pense que le sujet de l’identité est toujours intéressant au sein d’une communauté : certains ne parlent que de ça, d’autres pensent qu’il faut essayer de voir au-delà.”
Une fois le projet lancé, le succès est quasi immédiat et les retours très positifs. Sarah Deragon s’est dite sidérée par les retombées incroyables qui lui ont permis de voyager dans le monde entier pour faire des portraits de personnes LGBTQ aux quatre coins du globe :
“En ce qui me concerne, le fait de voir d’autres membres de la communauté LGBT a été d’une grande aide, quand j’ai fait mon coming out. Mettre des mots en lien avec ces portraits a permis de lancer une conversation passionnante.”
Au démarrage du projet, Sarah Deragon fournissait à ses modèles une liste des termes qu’elle connaissait. Mais à sa surprise, la plupart des gens n’avaient aucun problème à trouver leur propre vocabulaire. La photographe raconte à Konbini :
“J’apprenais quelque chose de nouveau à chaque fois que quelqu’un apposait un nouveau terme sous sa photo. Mon terme c’est ‘queer féminine’ car je me sens plus queer que lesbienne. ‘Queer’ c’est politique. Et ‘féminine’, c’est ma façon d’annoncer mon genre.”
Sarah Deragon concède que les étiquettes peuvent être “excluantes et problématiques“, mais selon la photographe elles sont également un moyen très efficace d’identification pour les gens. Elle espère que son projet permettra de lancer des débats au sein de la communauté LGBTQ.
Une photo capture un moment précis de la vie d’une personne. Il en va de même pour les appellations. Sarah Deragon considère que toute identité est changeante et peut évoluer, y compris la sienne :
“Mon identité à beaucoup changé. Quand j’ai fait mon premier coming out, je me définissais comme bisexuelle, puis je suis passée à lesbienne et maintenant je me sens complètement ‘queer féminine’. J’ai repris en photos certains modèles un an après le début du projet : leur label avait évolué aussi.”
Le projet de Sarah Deragon offre une tribune aux personnes LGBTQ et à leurs alliés, pour se créer leur propre blason. La photographe espère pouvoir répandre le message et continuer à voyager pour enrichir son projet. Elle explique à Konbini :
“Nous devrions tous pouvoir avoir la possibilité de nous redresser et de demander aux autres de nous voir comme nous nous voyons.”
Si vous voulez encore plus d’étiquettes créatives et de beaux portraits, vous pouvez suivre The Identity Project sur Twitter et Instagram.
Traduit de l’anglais par Celia Guillon