Des chercheurs alertent sur les “effets négatifs inévitables” de production d’huile de palme “sur les primates” africains.
À voir aussi sur Konbini
Les ravages de la déforestation en Asie, notamment en Malaisie et en Indonésie, au profit de la plantation de palmiers permettant la production d’huile de palme, ne sont plus à prouver. Déforestation, expropriation de villages, extinction des orangs-outangs, technique ravageuse du “brûlis”… La sonnette d’alarme est tirée depuis longtemps sur le continent asiatique.
Son impact sur le continent africain, moins médiatisé, est pourtant tout aussi néfaste. C’est ce que révèle une étude internationale, mise en lumière par Le Monde le 20 août 2018. D’après les propos des chercheurs rapportés par la BBC, “l’expansion à grande échelle de la culture du palmier à huile en Afrique aura des effets négatifs inévitables sur les primates”.
Ce n’est pourtant pas une surprise : dès 2013, Greenpeace a alerté sur ce problème majeur en pointant du doigt l’implantation d’Herakles Farms, une société américaine de plantation de palmiers à huile, au Cameroun. L’ONG craignait alors qu’elle devienne “pionn[ère] de cette ‘nouvelle vague'” et, à juste titre, alertait sur un possible “effet domino”, prouvé cinq ans plus tard.
La demande pourrait atteindre 75 millions de tonnes en 2050
En 2014, c’est la banque Standard Chartered qui prédisait un “changement monumental” pour le secteur de l’huile de palme en Afrique, prévoyant une hausse de la demande de 60 % sur 15 ans et, pour éviter d’importer massivement le produit, incitait à investir dans le secteur. Et cela ne devrait pas aller en diminuant, puisque la demande mondiale pourrait atteindre les 75 millions de tonnes en 2050.
Peu coûteuse et extrêmement rentable puisque, à l’hectare, le rendement du palmier à huile est dix fois plus élevé que celui du soja, l’huile de palme est utilisée par de nombreuses entreprises dans la fabrication de leurs produits, que ce soient des produits alimentaires, cosmétiques, ou bien pour la composition du carburant. Une alternative a pourtant été trouvée en 2016. Il s’agit du Substipalm, à base d’huile de tournesol, fabriqué par le CNRS et l’IMRCP (Interactions Moléculaires et Réactivité Chimique et Photochimique). Les premiers produits, des pop-corns, devraient être commercialisés cette année.
Et la France est, elle aussi, loin d’être exemplaire sur le sujet. En effet, en mai dernier, l’autorisation accordée par le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, à l’entreprise Total d’importer 300 000 tonnes d’huile de palme par an avait provoqué l’indignation.