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Russie : le clip de campagne d’Hillary Clinton interdit aux moins de 18 ans

Russie : le clip de campagne d’Hillary Clinton interdit aux moins de 18 ans

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Par Théo Chapuis

Publié le

Pour son clip de campagne dans lequel un couple homosexuel parle de son intention de se marier, Hillary Clinton voit son clip de campagne accompagné d’un “+18” sur une chaîne de télévision de Russie – pourtant réputée pour son indépendance.
La Russie, cette nation si loin, si proche. Quand le clip de campagne présidentielle lancé par Hillary Clinton était lancé dimanche 12 avril, les médias occidentaux remarquaient une chose : c’est la première fois qu’un candidat déclaré à l’investiture présidentielle américaine faisait figurer des couples gays dans sa vidéo de déclaration. Et c’est précisément ce qui fait tiquer… en Russie.

Dozhd TV est une chaîne de télévision russe “connue pour son indépendance”, comme rappelle Big Browser. Cela ne lui a pas empêché de diffuser le clip de campagne de l’ex-secrétaire d’État de Barack Obama accompagné d’un bandeau d’avertissement “+18” (interdit au moins de 18 ans).
Selon ABC News, un porte-parole de l’antenne a déclaré qu’elle avait agi de la sorte afin de ne pas tomber sous le coup de la loi de “propagande homosexuelle”. Cette loi promulguée en juin 2013 interdit la “propagande pour les relations sexuelles non traditionnelles [= non hétérosexuelles, ndlr] devant mineur”. Si les personnes physiques y contrevenant sont passibles d’amendes allant de 4 000 à 5 000 roubles (de 100 à 125 euros), les sanctions sont éminemment plus sévères pour une chaîne de télévision : comme le note Le Monde, les organisations et autres entités juridiques peuvent être contraintes à payer de plus lourdes sommes, et surtout de fermer jusqu’à 90 jours.

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Auto-censure

Pression ? Censure des autorités ? Pas besoin. Dozhd a assuré à ABC News n’avoir agi qu’en son âme et conscience, sans avoir reçu “d’instructions” venant de plus hautes sphères. C’est bien là le plus inquiétant, et une excellente illustration du désarroi des médias face à cette loi trouble : ce texte est si flou qu’il est difficile de savoir ce qui rentre strictement dans son cadre.
La Russie reste une terre où l’homophobie n’a nul besoin de se dissimuler. Derrière cette loi controversée, il s’agit de rappeler que l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et une maladie mentale jusqu’en 1999. Un sondage de l’institut Vtsiom de juin 2013 affirmait que 88 % des concitoyens de Vladimir Poutine soutiennent l’interdiction de la “propagande” homosexuelle. Mieux encore, 54 % auraient la conviction qu’il faut punir l’homosexualité.
Les multiples agressions et humiliations subies par la communauté LGBT lors des tentatives de gay pride au pays de Vladimir Poutine, encouragées par la police, illustrent le sentiment général. La rupture culturelle entre l’occident et la Russie est consommée.