Pas de sortie de crise en vue en Guyane. Le Premier ministre a refusé, lundi 3 avril, la demande d’un plan d’urgence de 2,5 milliards d’euros réclamé par le principal collectif de protestation guyanais.
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“Irréaliste”. C’est ainsi que Bernard Cazeneuve a qualifié lundi 3 avril la proposition d’un plan d’urgence de 2,5 milliards d’euros voulu par le principal collectif de protestation guyanais pour le développement de ce département français. Le Premier ministre a ainsi brisé les espoirs du groupe de contestataires réunis dans un groupe nommé “Pou Lagwiyann dékolé” (“Pour que la Guyane décolle”, en créole) qui proteste depuis le 16 mars contre les difficiles conditions de vie que connaissent les Guyanais. Cette décision du Premier ministre a été prise après une énième réunion qui rassemblait, cette fois-ci à Paris, neuf ministres dont les portefeuilles sont concernés par les revendications guyanaises.
“Il serait […] aisé de céder à la facilité et de promettre des mesures et des aides financières d’un montant irréaliste, puis d’en laisser la charge et la responsabilité à un autre gouvernement. Ce n’est pas la conception que nous avons de la responsabilité dans la République”, a déclaré le Premier ministre.
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La crise sociale guyanaise semble donc loin d’être finie. La semaine dernière pourtant, la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts et le ministre de l’Intérieur Mathias Fekl se rendaient dans le département pour tenter de négocier avec le collectif Pou Lagwiyann dékolé.
Depuis le 27 mars, les protestataires ont lancé une grève générale illimitée pour marquer leur volonté de recevoir sur leur territoire des ministres prompts à résoudre les problèmes des Guyanais (et non des hauts fonctionnaires comme cela avait été le cas auparavant). Afin de montrer leur mécontentement, des Guyanais ont érigé des dizaines de barrages sur les grands axes routiers du département et fermé temporairement plusieurs institutions locales (écoles, universités, commerces, administrations).
Mais dimanche 2 avril, à la fin des réunions de négociation, aucun accord n’a été trouvé. La ministre des Outre-mer a annoncé une série de mesures d’urgence et une enveloppe globale d’un milliard d’euros pour la Guyane. Pas assez pour les membres du collectif Pou Lagwiyann dékolé, qui réclament une aide d’urgence de 2,5 milliards d’euros.
Selon le maire de la commune guyanaise de Roura, David Riché, contacté par Guyane 1ère : “[La Guyane] n’a pratiquement rien, le secteur de la santé est dans un état abominable, et le Premier ministre Bernard Cazeneuve maintient son plan de un milliard. La région Bretagne, qui a déjà des routes, des écoles etc. a obtenu 2 milliards. Cherchez l’erreur.”
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Pour le Premier ministre Bernard Cazeneuve, bien que les deux parties ne se soient pas encore mises d’accord sur le montant de l’enveloppe globale à attribuer à la Guyane, de nombreuses avancées ont été faites au cours des négociations.
.@la1ere Guyane : Bernard Cazeneuve réfute l'idée d'un "échec" des négociations, citant onze accords signés dans différents domaines. pic.twitter.com/X41GK1Ienb
— franceinfo (@franceinfo) 3 avril 2017
Le mouvement social se durcit cependant en Guyane. Selon Le Figaro, une grande manifestation est prévue mardi 4 avril, à 9 heures (14 heures à Paris), près de la base de lancement de la fusée Ariane 5, à Kourou. Les manifestants entendent ainsi répondre au refus du gouvernement de leur accorder davantage de moyens pour faire “décoller” leur département.