Grenoble va bannir la publicité de ses rues

Grenoble va bannir la publicité de ses rues

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Par Louis Lepron

Publié le

Le contrat

Tout a commencé par la fin d’un contrat. Celui qui lie Grenoble à la société JCDecaux. La commune a saisi cette opportunité pour bannir la publicité de ses rues, en corrélation avec une promesse de campagne de l’actuel maire, Éric Piolle, membre d’Europe Écologie Les Verts.
En chiffres, cela donne la suppression de 326 panneaux publicitaires dans la commune, dont 227 “sucettes”, 64 grands panneaux de 8 mètres carrés et 20 colonnes. Ne sont pas concernés les abribus de la ville, qui sont encore sous contrat avec JCDecaux jusqu’en 2019.
Résultat, ce seront près de 2000 m² d’affichages publicitaires qui viendront à disparaître au cours des prochaines semaines. “Une première européenne pour une grande ville” dixit son maire. Aussi, à partir de janvier 2015, la municipalité conviendra des meilleurs emplacements afin d’établir un affichage “libre, culturel et municipal”.
Le Monde cite une autre grande ville à avoir franchi un tel pas contre l’invasion de la publicité : en 2007, São Paulo avait banni la publicité de ses rues. Cinq ans plus tard, rebelote : la cité signait un contrat avec JCDecaux pour l’implantation de 1000 horloges informatives.

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L’argument

Si Grenoble veut virer les publicités de ses rues, la mairie invoque une utilité écologique. Le but est avant tout de supprimer des installations considérées comme “un modèle obsolète et en bout de course qui ne correspond plus aux attentes des habitants, qui souhaitent se réapproprier l’espace public”, d’après Lucille Lheureux, adjointe en charge des espaces publics de Grenoble et interrogée par l’AFP.
Derrière cette entreprise inédite, la plantation d’une “cinquantaine de jeunes arbres avant le printemps”. Il est à noter que Eric Piolle, 41 ans, est le premier maire écolo à diriger une ville aussi importante – 160 000 habitants. En avril 2014, il avait été élu aux élections municipales, battant largement (40% contre 27,45 %) le dauphin du maire socialiste sortant, Jérôme Safar.

Le coût

Directeur stratégie de JCDecaux, Albert Asseraf est pessimiste quant au coût qu’engendrera cette fin de contrat. D’après lui, “la ville se prive de six millions de redevance sur dix ans”, soit 600 000 euros par an. Et d’ajouter qu'”elle prive aussi ses habitants d’un service d’information, puisque la moitié des panneaux servait à de l’affichage de la municipalité”.
La mairie de Grenoble conteste ces chiffres :

En raison de l’effondrement des recettes publicitaires traditionnelles, avec la concurrence notamment d’Internet, la redevance à laquelle on pouvait s’attendre, en cas de nouveau contrat, n’était que de 150 000 euros et non plus de 600 000 euros comme c’était le cas entre 2004 et 2014.

Si Grenoble perd de l’argent, le dossier de presse concocté par la municipalité évoque une compensation financière par une réduction déjà établie de son budget. En 2013, l’endettement de la ville de Grenoble s’élevait à 268 millions d’euros selon Le Journal du Net qui citait le Ministère de l’économie.

À défaut de les supprimer, les artistes les remplacent