Mais pourquoi la Tchétchénie a décidé de bannir la musique techno du pays ?

Censure on the dancefloor

Mais pourquoi la Tchétchénie a décidé de bannir la musique techno du pays ?

Image :

© Maor Attias

photo de profil

Par Flavio Sillitti

Publié le

Même le "Houdini" de Dua Lipa est trop rapide pour être joué dans la République russe.

La musique “trop lente” et “trop rapide”, ce n’est pas le délire des Tchétchènes. Dans la République russe dictatoriale menée par Ramzan Kadyrov, les musiques qui ne s’alignent pas à un tempo de 80 à 116 battements par minute viennent tout simplement d’être bannies par le ministère de la Culture du pays, comme l’a annoncé le quotidien The Moscow Times.

À voir aussi sur Konbini

Toute interprétation d’une chanson qui tombe en dessous de 80 BPM ou au-dessus de 116 BPM pourrait donc mener à une amende et pas mal d’embûches. Cela inclut donc naturellement toute la scène techno qui tape bien au-delà des 116 BPM, mais également plusieurs morceaux de pop contemporaine — le “Houdini” de Dua Lipa tourne à 117 battements par minute, par exemple. Mais alors, pourquoi la Tchétchénie veut se passer de tous ces bangers ?

Selon le Moscow Times, c’est le Président Kadyrov qui aurait demandé au ministre de la Culture Moussa Dadaïev de rendre la musique jouée sur le territoire tchétchène “conforme à la mentalité tchétchène”, à savoir une mentalité régie par des mœurs conservatrices islamiques très strictes, à la source notamment d’une vague de violence anti-LGBTQIA+ qualifiées d’“actes de persécution et de violence d’une ampleur sans précédent”, par les Nations Unies.

La nouvelle loi découlerait donc de la crainte que la musique occidentale ne “pollue” la Tchétchénie et n’éloigne les jeunes de sa culture traditionnelle. Le ministre de la Culture déclare : “Nous devons apporter au peuple et à l’avenir de nos enfants l’héritage culturel du peuple tchétchène, qui comprend tout l’éventail des normes morales et éthiques de la vie des Tchétchènes”. Il a ajouté qu’il était “inadmissible” d’emprunter de la musique à d’autres cultures, renforçant l’idée que cette décision vise à éloigner la musique dite “occidentale” du territoire tchétchène.

Les artistes auraient eu jusqu’au 1er juin pour réécrire les musiques qui ne répondent pas aux nouveaux critères, sans quoi ils et elles ne seront plus autorisé·e·s à les interpréter en public. Ironie du sort : l’hymne national russe, si cher au cœur du peuple Tchétchène, vibre à 76 BPM. Comme pour Dua Lipa et la techno, il faudra donc s’en passer.