Les gifs fous de Zach Dougherty

Les gifs fous de Zach Dougherty

Les concepts d’art et de technique se sont souvent opposés mais Zach Dougherty les fusionne dans ses gifs, petits bijoux artistiques. Le signe de l’avènement de l’art digital ?

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L’art digital, c’est un beau visage d’Internet, un versant inspirant qui s’affranchit de plus en plus de ses contraintes technologiques pour investir le réel et les arts. Parce que ce qu’on appelle “vie virtuelle” est donc de moins en moins virtuelle : l’homme y laisse ses traces et ces dernières se mesurent à ses oeuvres produites. Pourtant, l’art sur Internet, à la base, c’était pas gagné. Si quelqu’un nous l’avait dit il y a 15 ans, la réponse eut été balayée d’un revers de vannes.

A l’époque, on était encore loin d’imaginer toutes les possibilités en terme de création artistique. Notre rapport à la machine n’était pas encore assez fort pour lui laisser les rênes de notre imagination, nous n’avions pas assez de connaissances.

Bien souvent, on limite l’aspect artistique de l’ordinateur à des “web tendances” ou “tendances graphiques”, souvent kitsches, disséminées entre Tumblr, blogs et autres courants dont le seapunk – pour ne citer que lui – porte l’illustre flambeau. Mais les gifs de Zach Dougherty sont d’un autre acabit.

De vraies oeuvres d’art dont on espère qu’elles cristallisent l’avènement de ce qu’il convient d’appeler “l’art digital”. Visualisations.

Perspectives de l’art digital

L’art digital c’est – en forçant le trait –  la création artistique assistée par ordinateur et donc limitée aux contraintes binaires de ce dernier. En gros, un art qu’on imagine assez plat, grossier et peu enclin à éveiller l’imaginaire, quelque part entre Photoshop et Paint. Mais l’art digital peut s’avérer bien plus profond que ça, en atteste la singularité de l’artiste que l’on vous présente ici.

Dans les gifs de Zach Dougherty qui mêlent réalité et incrustations 3D, quelque chose demeure en perpétuel mouvement de sorte que l’imagination prend vie comme devant un tableau de maître. Dans vos divagations visuelles, vous croiserez des statues grecques exploser en mille morceaux, un hommage en tabula rasa des arts du passé. Mais vous scotcherez aussi sur les formes car Dougherty les aime étranges et en suspension. L’occasion d’apprécier toutes les possibilités que la technique peut mettre au service de l’imagination.

Balade en apesanteur dans l’univers Dougherty

A une époque où l’on s’interroge beaucoup sur le sens de nos vies entre réseaux sociaux et over-connexions, il est bon de se souvenir qu’un monde où l’art se déploie est un monde où tous les possibles peuvent s’exprimer. Et chez Dougherty, tout s’exprime, tout se suggère.

L’art digital s’intéresse aux arts traditionnels et aime à détourner le classique en l’incrustant d’outils modernes: une sorte de “passé augmenté des atouts du présent”. Le projet Hipster in Stone procède aussi à ce genre de détournement. Idem pour le fabuleux Tumblr Scorpion Dagger qui incruste les oeuvres de la Renaissance.

En fusionnant les époques, l’art digital les ré-intronisent. Comme ces statues que Zougherty a ramenées à la vie en leur apportant la mobilité ou la possibilité d’investir un espace.

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NYC…. processing.

Détourner une figure symbolique, qu’elle soit statue ou héros moderne, c’est aussi lui donner un peu d’auto-dérision et lui ôter le sérieux que son statut impose. Bref, renverser les codes avec une bonne dose d’humour 3.0 :

L’art digital c’est aussi la possibilité de traiter le mouvement et ses impressions d’infinie malléabilité. Là-dessus, Dougherty laisse sans voix. Ses gifs sont des vortex.

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On relèvera également cette obsession pour la géométrisation. Zougherty a glissé l’art et ses formes sous un scanner numérique. Cryptage.