Jack McCollough et Lazaro Hernandez, les deux créateurs de Proenza Shouler, ont présenté leur collection via un clip inspiré du seapunk. Après MIA, Azealia Banks et Rihanna, on se devait de se poser la question de cet univers graphique qui s’incruste un peu partout. Le seapunk : c’est quoi ?
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Proenza Shouler vient de présenter sa nouvelle collection dans un clip sorti tout droit des années 90. A la façon d’un jeu vidéo, on y voit des jeunes femmes façonnées par une 3D basique qui dansent sur fond de cascades bleues turquoise et de contrées désertiques.
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Un ciel et des dauphins violets surgissant des sols asséchés. Une voiture blanche qui apparaît pour on ne sait quelle raison. En dépit des apparences, les créateurs de Proenza Shouler n’ont pas perdu la tête, ils surfent juste sur la vague du Seapunk. Un courant qui totémise les dauphins, le bleu turquoise et l’attirail kitshissime des années 90. Le nacré et les paillettes utilisées en masse ont inspiré les créateurs dont ceux de Proenza Shouler. Mais aussi Versace ou Paula Selby Avellaneda.
Un mouvement issu du web
Curiosité esthétique qui en fait bugger plus d’un, un petit retour aux sources est nécessaire pour comprendre le phénomène. A l’origine, le seapunk, entre dans la sphère mainstream le 1er juin 2011 avec une réflexion de @LIL INTERNET sur Twitter :
Le seapunk est un blouson de cuir dont on a remplacé les clous par des crustacés
Ce simple tweet a engendré un hashtag : #seapunk. Les Tumblr se mettent alors à grouiller d’images et de gifs psychédéliques et même la musique s’en empare. D’abord par Zombelle et Ultrademon, puis Unicorn Kid, dont on peut apprécier ici toute la subtile maîtrise esthétique et musicale.
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Il n’en fallait pas plus pour que le seapunk devienne un mouvement culturel pop à part entière. Porté par toute une communauté, le seapunk naît et évolue exclusivement sur Internet, le terrain d’une mimésis stylisée.
Le style seapunk
Le seapunk fonctionne sur la mimétique, c’est-à-dire la reproduction d’éléments du passé. On parle ici de codes, de référents. Il sévit à coups de dauphins mais aussi de poneys, d’arcs-en-ciel, de fonds marins. Tout ce qui est kitsch et dépassé est bienvenu. Le tout incrusté dans un graphisme élémentaire et couleurs fluorescentes. Ce manque de finesse est peut-être ce qu’il y a de plus punk dans ce courant.
Mais allez chercher un sens à ce mouvement et vous vous casserez les dents. Le seapunk n’a pas de cause à défendre. C’est moins une idéologie qu’un moodboard géant se répandant telle une flaque sur le web. Les images s’enchainent, les gifs s’animent dans un mix de références issues à la fois du graphisme oriental et de celui des cartes postales de nos huit ans.
L’apogée contestée du seapunk : le mème
Et comment sait-on qu’un mouvement atteint son apogée sur le web ? Lorsqu’il devient un mème ! Non content de s’immiscer dans les coulisses de la mode et la musique underground comme expliqué plus haut, le phénomène s’est fait une place chez les pop stars. On a aperçu Azealia Banks, soutien-gorge en crustacés dans une mer graphique.
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Puis Rihanna s’est illustrée dans un décor “seapunkisé” sur le plateau du Saturday Night Live.
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Cette immersion du seapunk chez les stars soulève la colère de ses créateurs accusant Rihanna et Azealia Banks de les avoir volés. Mais n’est-ce pas la logique des prolongations ? Une controverse qui se passe sur le web mais quand on est un peu observateur on sait qu’il y en a une qui a surfé sur le seapunk bien avant les autres : c’est MIA ! Et c’était dans son clip XXXO, diffusé il y a déjà deux ans :
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Une histoire de recyclage ?
Après le retour du vintage, le seapunk déboule en bon rétro-futuriste pour faire du passé une source de création du présent. Parce que forcément, face à cet univers, on repense à notre enfance. A nos lacets fluo et aux clips saturés des vieilles télés de nos parents. Les années 90 c’est aussi les premiers tâtonnements du web et de la musique électronique. Autant d’éléments du passé qui relèvent de l’absurde aujourd’hui mais que le seapunk honore jusqu’à l’extrême.
Et justement on peut se demander pourquoi cette reproduction du passé est de plus en plus fréquente. Est-ce dû à une simple nostalgie où à notre époque qui ne sait plus innover et voit dans le passé l’unique référence de création ?
Dans son essai Rétromania, le critique rock britannique Simon Reynolds se pose la question de la culture pop qui recycle son passé pour s’inventer un futur. En ce qui concerne le seapunk, force est de constater que ce recyclage de cartes postales a contaminé une multitude de sous-couches culturelles passant de l’underground au mainstream !