Toulouse : un Azéri se disant journaliste en exil visé par des tirs

Toulouse : un Azéri se disant journaliste en exil visé par des tirs

Le véhicule d’un Azéri exilé en France et se présentant comme journaliste, Rahim Namazov, a été touché par des tirs vendredi 30 mars. Sa femme est décédée et le pronostic vital de ce dernier est engagé.

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Un Azéri en exil se disant journaliste, Rahim Namazov, et sa femme ont été les cibles de tirs d’arme à feu, vendredi 30 mars au matin, à Colomiers, en banlieue de Toulouse, alors qu’ils venaient de déposer leurs enfants à l’école, selon La Dépêche du Midi. Sa femme est décédée, a appris l’Agence France-Presse de source policière.

Selon cette même source, vers 9 heures, le couple circulait dans son véhicule, lorsque sept coups de feu ont été tirés dans sa direction. Rahim Namazov a été blessé dans le dos et son pronostic vital est engagé. Interrogé par l’AFP, le parquet de Toulouse a confirmé “qu’en tout début de matinée” un couple avait été blessé par balles à Colomiers, précisant que “la femme a été plus grièvement atteinte d’une balle dans la tête”.

L’enquête a été confiée à la police judiciaire de Toulouse, a indiqué la Sûreté départementale, et un suspect serait toujours en fuite.

“En Azerbaïdjan, les journalistes, ou on les assassine, ou on les met en prison”

Rahim Namazov avait fui son pays en 2010 pour rejoindre Toulouse. Interrogé par de jeunes journalistes de l’École de journalisme de Toulouse à son arrivée, ce dernier avait déclaré : “En Azerbaïdjan, les journalistes, ou on les assassine, ou on les met en prison.” Il avait témoigné des pressions qu’il aurait subies et qui l’auraient poussé à s’enfuir :

“Dans mon journal, j’ai écrit qu’il fallait s’attendre, une nouvelle fois, à des élections truquées et illégales. J’ai donc donné les résultats à l’avance. C’est pour cela que j’ai été arrêté trois fois, emprisonné, dix jours de suite à chaque fois.

La dernière fois, on m’a passé à tabac. On m’a cassé une dent. Ils m’ont prévenu : ‘Après les élections, tu vas mourir et ta famille aussi. Parce que tu nous gênes.’ Après ces menaces, j’ai décidé de m’enfuir.'”

L’Azerbaïdjan est classé à la 162e position (sur 180 pays) du classement de la liberté de la presse établi chaque année par l’ONG Reporters sans frontières.

L’identité trouble de Rahim Namazov

Au fil de la journée, le statut d’exilé de Rahim Namazov a été remis en cause et plusieurs zones d’ombre sont apparues. En effet, le responsable de RSF pour l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale, Johann Bihr, a attiré l’attention de l’AFP sur un tweet de la journaliste d’investigation azérie Khadija Ismaylova, “personnalité très reconnue”. Elle affirme que Namazov “prétendait être un journaliste persécuté” mais que cette guerre pourrait être le résultat d’une “bagarre sur Internet avec des gens de la mafia”.

“Ces derniers temps, sur Internet, il a prétendu être de la mafia”, a-t-elle notamment écrit. Ces informations concordent avec celles de l’agence de presse azérie APA, rapportés par La Dépêche du midi, selon lesquelles Rahim Namazov, sous le pseudonyme de Rahim Shakinsky, aurait “insulté les patrons du crime”.

Rahim Namazov avait obtenu le statut de réfugié en 2012, selon le parquet citant la cour nationale du droit d’asile. Mais personne n’avait signalé sa présence à Colomiers ni comme exilé politique ni comme journaliste, a déclaré à l’AFP la maire PS de la commune Karine Traval-Michelet. Celle-ci a estimé qu’on ne pouvait pas s’empêcher de penser à “un éventuel règlement de comptes politique” en raison du profil de Rahim Namazov, “journaliste torturé et emprisonné dans son pays”.