La fédération Hautes-Pyrénées du Front national n’hésite pas à donner les adresses de résidence des demandeurs d’asile logés à Lourdes sur son compte Facebook.
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Oui, on en est là. Nos confrères de Streetpress rapportent que la délégation Hautes-Pyrénées du Front national (et non Midi-Pyrénées, comme indiqué plus tôt dans cet article) se livre à un drôle d’exercice de community management. Zélé, le compte Facebook “Front national 65” ne fait pas que soutenir le parti de Marine Le Pen : il se moque de la fédération communiste locale, qualifie François Hollande de “traître à la nation” et déplore “l’incroyable impunité de la racaille”. Mais ce n’est encore rien comparé aux efforts déployés pour dénoncer avec force l’arrivée de réfugiés.
Dans un post du 17 octobre, cette page prétend à tort que la ville de Lourdes accueille “250 ‘migrants’, logés, nourris et soignés gratuitement, et même payés aux frais du contribuable dans Lourdes”. Et d’ajouter : “On ne peut qu’être révoltés devant cette injustice et cette ‘préférence étrangère’ […] Des consignes ont été données aux agents de police pour qu’ils ne fassent rien d’autre que des ‘mains courantes’ en cas de problèmes, même graves !”
C’est faux : Lourdes n’accueille pas 250 demandeurs d’asile car il y a 108 places maximum : 90 places d’accueil et 18 places d’urgence. “Je me demande d’où il sort ça”, répond Catherine Galinié, directrice de cabinet de la préfecture, à la Dépêche du Midi, qui lui a posé la question.
Concernant les mains courantes que les policiers adresseraient aux réfugiés, d’après le FN, la préfecture nie également avoir donné de telles consignes : “Ces personnes sont soumises à la même réglementation que tous”, rappelle Sara Poimboeuf, directrice du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), auprès du quotidien régional.
Le FN balance les adresses des réfugiés
Si ce n’était que ça. Mais le Front national Hautes-Pyrénées va plus loin : il partage également un document présenté comme une note interne de la police locale qui indique les adresses de résidence des réfugiés logés à Lourdes ainsi que le numéro de téléphone de la directrice du CADA.
Suite à l’indignation suscitée par les articles de Streetpress et de la Dépêche du Midi, certaines informations ont d’abord été floutées : depuis quelques heures, on ne lisait plus l’adresse intégrale des appartements destinés aux réfugiés. Malgré ce floutage partiel, le Front national Hautes-Pyrénées rend toujours publiques les adresses d’habitation des réfugiés avec le nom de leur résidence et le nom de la rue où elle se trouve à Lourdes. Depuis, la fédération a carrément retiré le “document”.
À Streetpress, le conseiller régional FN Olivier Monteil justifie que “la population est en droit de savoir” et évoque “une injustice et une discrimination” à l’encontre des “travailleurs français dans la détresse”. Enfin, vous connaissez déjà la chanson…