À Florence, des réfugiés défilent pour un styliste italien

À Florence, des réfugiés défilent pour un styliste italien

Un styliste italien a recruté trois demandeurs d’asile pour son défilé à Florence. Son initiative, unique dans l’univers de la mode, permet d’attirer l’attention sur la crise des migrants. 

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Entre la saison de la mode masculine dans la capitale britannique – la London Collections – et la Fashion Week pour hommes de Milan, un défilé organisé à Florence a bousculé les codes de ce monde.

Le styliste italien Pitti Uomo a recruté trois demandeurs d’asile pour son défilé à l’occasion de “Generation Africa” – une série d’événements dédiés aux stylistes et créateurs africains qui se tient sur quatre jours. Ce défilé relance le débat sur la crise des réfugiés et la culture étrangère. Ça, c’est de la mode sans frontières.

Les noms des migrants n’ont pas été communiqués, pour des raisons de sécurité et des questions légales mais, selon l’AFP, ils seraient originaires du Mali et de la Gambie et âgés de 19 à 27 ans.

Un communiqué explique que ces réfugiés ont été recrutés pour attirer l’attention sur le débat sur l’immigration, mais aussi afin de leur donner l’opportunité de gagner leur vie et leur offrir une occasion d’échapper à l’ennui – un sentiment que beaucoup de demandeurs d’asiles, dans l’attente que leur dossier soit étudié, éprouvent. Cerise sur le gâteau, ils se sont bien débrouillés : l’un d’entre eux a même lancé un regard intense qui n’a pas échappé aux photographes de mode situés au premier rang.

“Generation Africa” a été programmé au meilleur moment. tandis que les dirigeants des pays européens débattent sur le sort des migrants, nous avons plus que jamais besoin que des personnalités de la culture nous rappellent que les réfugiés ont des ambitions et des émotions, comme tout le monde.

Le styliste américano-nigérian Walé Oyéjidé, qui est à la tête de la marque Ikiré Jones, a expliqué à l’AFP comment il se servait de la mode pour sensibiliser le public et le faire réfléchir sur les stéréotypes.

“Les vêtements ne sont qu’un support, ce qui m’intéresse, c’est parler de ces problèmes… de migration, de frontières franchies.

Si je prends des demandeurs d’asiles et que je leur fais enfiler un costume, les gens vont le voir d’une certaine manière, qui, je l’espère, les aidera à considérer les demandeurs d’asile comme des êtres humains qui sont leurs égaux, pas comme des gens qui leur sont inférieurs.”

Si d’autres stylistes se décidaient à offrir aux réfugiés l’opportunité de travailler dans les industries de la mode, traditionnellement assez élitistes, cela permettrait d’introduire plus de diversité dans les secteurs créatifs.

Culture sans frontière

L’Italie et les autres pays de l’Union européenne devraient encourager ce genre d’événement, qui mêle politique et culture. En 2015, 140 000 migrants sont arrivés en Italie et, comme dans beaucoup de villes européennes, ils n’ont à la fois pas beaucoup l’occasion de tuer le temps ni d’exploiter leurs talents créatifs.

L’année dernière, de nombreux artistes ont exprimé leur soutien aux réfugiés. De M.I.A aux Pussy Riot en passant par Banksy, des icônes du monde de la culture ont, un peu partout dans le monde, exprimé le souhait d’abolir les frontières pour le bien et la sécurité des réfugiés.

Le défilé de Pitti Uomo encouragera-t-il d’autres stylistes et artistes à défier les normes culturelles en collaborant avec les réfugiés ? L’avenir nous le dira.

Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois.