Facebook : non à la nudité, oui aux décapitations ?

Facebook : non à la nudité, oui aux décapitations ?

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Le réseau de Mark Zuckerberg fait sa loi.

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Par Théo Chapuis

Publié le

Drôle de début de semaine pour Facebook. Lundi 21 octobre, peu après la panne qui l’a paralysé pendant plusieurs heures, la BBC révélait que le réseau social avait à nouveau autorisé la diffusion de vidéos au contenu choquant.
La polémique est née d’un film, posté sur le réseau, au titre équivoque : “Défi : est-ce que quelqu’un arrivera à regarder cette vidéo?”. Elle montre un homme masqué décapitant une jeune femme, la scène se déroulant vraisemblablement sur fond de guerre des gangs mexicaine.
En mai dernier, nous abordions déjà le sujet de la censure Facebook, pour le moins difficile à suivre. Quelques jours après, le réseau social avait statué sur la présence de contenu de type violent en interdisant leur diffusion. La charte de Facebook (article 3, concernant la sécurité), qui n’avait pas changé entretemps, est pourtant claire :

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Vous ne publierez pas de contenus : incitant à la haine ou à la violence, menaçants, à caractère pornographique ou contenant de la nudité ou de la violence gratuite.

“Règles très strictes”

Mais il n’est pas seul à saper l’empire Zuckerberg. Facebook “a des règles très strictes concernant la nudité, le sexe et même la violence. Je pense qu’ils devraient vraiment revoir la manière dont ils appliquent leurs propres règles”, a fait remarquer Stephen Balkam, président de l’association américaine Family Online Safety Institute sur la chaîne britannique Skynews mardi 22 octobre. Il ajoute :

Je suis très mécontent que ces vidéos soient de retour, et ce sans avertissement.

Probablement en raison de la tempête de critiques suscitées, Facebook a simplement décidé d’appliquer un message d’avertissement avant la lecture de la vidéo en question dès le lendemain : “ATTENTION ! Cette vidéo contient des images extrêmement violentes qui peuvent choquer”. On apprend aujourd’hui que le réseau, sous pression, a finalement décidé de retirer le film, accompagnant ce pas en arrière d’un communiqué : “Il nous est apparu que [la vidéo de la décapitation] glorifie la violence de manière irresponsable. Pour cette raison, nous l’avons retirée”.

C’est Facebook qui décide

Le réseau compte donc désormais autoriser les contenus violents, tout en se réservant un droit d’administration exclusif à leur encontre. Aussi, il signale que tout partage de vidéos violentes “dans le but de satisfaire des plaisirs sadiques” sera purement et simplement censuré. Sur quelles critères ? Ceux que fixeront la firme et elle seule, vraisemblablement :
“Lorsque des internautes nous signalerons l’existence d’un contenu violent, nous allons regarder en détail pourquoi cette vidéo ou cette photo a été postée. Nous allons également déterminer si la personne ayant mis en ligne ce contenu le partage de manière responsable, par exemple en indiquant que le contenu ne doit pas être regardé en dessous d’un certain âge”, a déclaré la direction.

La pédagogie selon Facebook

Drôle de mission que se confie le réseau social. Le partage de contenus choquants et violents est le bienvenu, tant que les utilisateurs qui uploadent la vidéo la condamnent. En parallèle, le réseau se promet de faire de la “pédagogie renforcée” auprès des mineurs, leur signalant que leur contenu sera publié en public ou non, et ce depuis le 16 octobre, soit une semaine plus tôt.
Les mauvaises langues verront dans cette politique à deux vitesses une conception des réseaux typiquement héritée du puritanisme américain : la nudité étant un vice mais la mort d’un être humain, même lors d’une exécution sommaire filmée sur le smartphone d’un criminel, un châtiment de Dieu. Les très mauvaises langues se poseront même cette question : peut-on être le roi des réseaux sociaux de la planète, régir la vie en ligne de plus d’un milliard et deux cents millions d’individus et réagir selon une morale protestante vieille de plusieurs centaines d’années ?