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Oui, être en manque de sucre peut vous rendre agressif

Oui, être en manque de sucre peut vous rendre agressif

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le phénomène de “hanger”, soit l’agressivité liée à la faim, est confirmé par l’expérience, même si l’effet n’est pas aussi prononcé que le veut la légende.

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Les Anglo-Saxons, dans leur superbe capacité à réaliser des greffes linguistiques, appellent ça être “hangry”, soit la contraction de “angry” (énervé) et “hungry” (affamé). Le plus proche que nous ayons en français pour associer l’idée de faim et de violence serait peut-être “j’ai les crocs”, mais au-delà des considérations lexicales, tout le monde ou presque a déjà fait l’expérience du phénomène. Déjà désagréable quand elle vous touche personnellement, la “hanger” devient carrément insupportable quand elle se manifeste chez l’un de vos proches, qui va alors devenir purement et simplement invivable tant qu’il/elle ne se sera pas sustenté.

Tout le monde sait que ça existe, et la science a même confirmé le phénomène à plusieurs reprises : une étude de 2014 devenue classique mettait en compétition des couples mariés en leur permettant, dans un premier temps, d’enfoncer des aiguilles dans des poupées vaudou de l’être aimé puis en les mettant en compétition, le vainqueur ayant le droit d’exposer l’autre à des bruits assourdissants. L’étude avait montré que plus les taux de glucose étaient bas, plus les participants enfonçaient d’aiguilles dans les poupées et plus ils soumettaient l’autre à la torture auditive.

En 2012, une étude portant sur les biais cognitifs des juges lors de leurs verdicts avait montré que plus l’heure du déjeuner approchait, moins les magistrats se montraient indulgents dans leurs verdicts – en gros, mieux vaudrait être jugé tôt le matin. Cependant, les résultats n’avaient jamais été répliqué et de nouvelle recherches, menées par un chercheur de l’université allemande de Hagen et repérées par New Scientist, ont montré que la corrélation entre la faim et la sévérité des jugements était surestimée de 23 %. De fait, il existe bel et bien une chance qu’un juge soit plus sévère le ventre vide, mais pas autant que les recherches l’imaginaient. C’est valable pour vous aussi. La prochaine fois que vous êtes de mauvais poil, n’essayez pas de tout mettre sur le dos de la faim.