En Angleterre, des filles ratent les cours parce qu’elles n’ont pas de quoi s’acheter des protections hygiéniques

En Angleterre, des filles ratent les cours parce qu’elles n’ont pas de quoi s’acheter des protections hygiéniques

Une piqûre de rappel : la pauvreté existe aussi chez nous, en Europe. Et lorsqu’elle est associée au tabou des menstruations, cela peut déboucher sur des situations que l’on espérait ne plus jamais constater.

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Il n’est pas rare que des filles n’aillent pas à l’école pendant leurs règles. C’est le cas dans de nombreux pays –comme dans les régions rurales de l’Ouganda, en Afrique de l’Est, où les filles ratent en moyenne huit jours d’école à cause du tabou des règles et de leur absence de protections. Au Népal, ce serait 30 % des filles qui ne vont pas à l’école pendant leur règles. Dans les pays d’Afrique subsaharienne, une fille sur dix rate l’école pendant son cycle menstruel, certaines quittant le système scolaire une fois qu’elles sont en âge d’avoir leurs règles.

Ça peut surprendre les Occidentaux, mais, au Royaume-Uni, certaines filles aussi ratent l’école à cause de leur manque d’accès à des produits d’hygiène. D’après un article paru dans le quotidien britannique Metro, plusieurs filles issues de familles pauvres de Leeds ne vont plus à l’école pendant leurs règles car elles n’ont plus les moyens de s’acheter des protections hygiéniques.

L’association Freedom4Girls, qui envoie habituellement des protections sanitaires aux écolières en Afrique, a été contactée par des professeur de Leeds, après que ceux-ci ont découvert que l’absentéisme régulier de certaines de leurs élèves était dû au fait qu’elles n’avaient pas accès à des protections hygiéniques.

Tina Leslie, directrice de programme chez Freedom4Girls a déclaré : “Ces cas dont nous entendons parler ne sont que la partie émergée de l’iceberg.” Elle a raison, cette histoire est révélatrice d’un problème beaucoup plus vaste concernant la menstruation.

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Les demandeuses d’asile et d’autres femmes dans des situations très difficiles ne peuvent pas s’offrir de protections hygiéniques et doivent souvent s’en passer. Les femmes les plus pauvres ne peuvent tout simplement pas affronter le prix de leurs saignements mensuels. En fonction de l’abondance de leurs règles, les femmes peuvent dépenser jusqu’à 15 euros mensuels en protections hygiéniques. Comment faire pour que ces produits soient accessibles à bas prix (ou gratuits) dès lors qu’il est difficile de parler de ces sujets en société?

En plus du prix du tampon et de la TVA, le tabou qui frappe les règles est encore trop fort. Les produits hygiéniques sont stéréotypés à grands renforts d’euphémismes dans leurs appellations et sur les emballages, et parler de menstruation ne peut que vous attirer un œil réprobateur.

La façon même dont la presse aborde ce sujet met en relief le tabou. Des filles qui ratent l’école parce qu’elles ne peuvent pas s’acheter de tampons ? Voilà une histoire qui devrait faire la une et non être reléguée aux entrefilets de la rubrique des faits divers. D’autant que ces filles sont qualifiées dans l’article de Metro d’absentéistes. On est d’accord pour dire que c’est pas la même chose ? Elle n’ont pas choisi de sécher les cours pour le kif, mais par honte.

Comment peut-on parler d’égalité des chances quand les phénomènes biologiques naturels sont encore à ce point frappés du sceau du tabou ?

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