Jeudi 15 mars, des milliers de Brésiliens ont exprimé dans les rues leur indignation au lendemain de l’assassinat d’une conseillère municipale noire de Rio de Janeiro, qui incarnait la lutte contre le racisme et la violence policière.
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Marielle Franco, élue du Parti socialisme et liberté (PSOL), et le chauffeur qui la conduisait, Anderson Pedro Gomes, ont été abattus mercredi 14 mars au soir, en plein centre de Rio de Janeiro, alors que cette dernière revenait d’un rassemblement pour la promotion des femmes noires. La voiture dans laquelle elle se trouvait a été criblée de balles, après avoir été prise en chasse sur quatre kilomètres par un autre véhicule.
Le 15 mars, en fin d’après-midi, un cortège d’au moins 10 000 personnes défilait dans le centre de Rio, criant des slogans comme “Assez de tueries !”. Cet assassinat a également entraîné des manifestations dans d’autres villes du Brésil, comme Sao Paulo, Belo Horizonte et Recife, et provoqué des réactions indignées à l’étranger, notamment de l’ONU ou d’Amnesty International, qui demande l’ouverture d’une enquête :
#Brésil Émotion et colère à Rio après l'assassinat de Marielle Franco, une conseillère municipale noire et figure de proue de la lutte pour les droits humains! #Amnesty réclame une enquête immédiate et rigoureuse. #MariellePresenteSempre https://t.co/HsJuzqKefY
— Amnesty Suisse (@Amnesty_Suisse) 16 mars 2018
“Les tirs qui ont atteint Marielle Franco, ont aussi atteint la démocratie”
#Brazil: Thousands of people gathered in #RiodeJaneiro today for justice for #MarielleFranco. #MariellePresente #TodasSomosMarielle #JusticiaPorMarielleFranco #MarielleFrancoPresente Photo: @MidiaNINJA pic.twitter.com/h6a3tzUSAm
— ubique (@PersonalEscrito) 15 mars 2018
À Rio, de nombreux manifestants pleuraient et la plupart scandaient des slogans contre la violence policière et le gouvernement conservateur du président Michel Temer. “Je suis effondrée”, a déclaré Ana Paula Brandao, manifestante de 48 ans, avant d’éclater en sanglots :
“Elle incarnait tous nos espoirs de nouveauté, c’était une femme noire, des quartiers pauvres, qui nous représentait en haut lieu et défendait toutes les grandes causes nous tenant à cœur.”
Une foule compacte avait déjà accompagné l’arrivée du cercueil devant le siège du Conseil municipal, où l’hommage funèbre a eu lieu à la mi-journée, avant l’enterrement en fin d’après-midi, dans un cimetière des quartiers nord.
“Les tirs qui ont atteint Marielle Franco, ont aussi atteint la démocratie. Ils ont atteint les rêves des femmes noires de vivre avec dignité dans ce pays qui historiquement ignore les pauvres”, a affirmé à l’AFP Antonio Carlos Costa, président de l’ONG Rio de Paz, qui tenait une affiche “Qui a tué Marielle Franco ?”.
Le président Michel Temer a qualifié cet assassinat “d’inadmissible”, évoquant un “attentat à la démocratie et à l’État de droit”, à l’issue d’une réunion avec plusieurs ministres à Brasilia. Le ministre de la Sécurité publique, Raul Jungmann, a promis que “tout sera[it] mis en œuvre pour punir les responsables de ce crime barbare”.
Lamento esse ato de extrema covardia contra a vereadora Marielle Franco. Solidarizo-me com familiares e amigos, e acompanho a apuração dos fatos para a punição dos autores desse crime.
— Michel Temer (@MichelTemer) 15 mars 2018
“Combien de gens vont devoir mourir pour que cette guerre prenne fin ?”
L’antenne brésilienne de l’ONU a fait part de sa “consternation”, soulignant que Marielle Franco était “une des principales voix en défense des droits de l’Homme” à Rio. “Tout indique qu’il s’agit d’une exécution ciblée, mais nous espérons qu’une enquête approfondie nous apportera les éléments nécessaires pour comprendre ce qu’il s’est réellement passé”, a affirmé à l’AFP Glauber Rocha, député du PSOL, présent lors du rassemblement devant le siège du Conseil Municipal de Rio.
Marielle Franco avait dénoncé ces dernières semaines un accroissement de la violence policière dans les favelas, quartiers populaires où vit un quart de la population de Rio et où les autorités mènent une guerre sans merci contre le trafic de drogue. “Combien de gens vont devoir mourir pour que cette guerre prenne fin”, a-t-elle publié mardi, dans son dernier message dans sur réseaux sociaux, elle qui avait grandi dans la favela de Maré, une des plus violentes de la ville.
Mais um homicídio de um jovem que pode estar entrando para a conta da PM. Matheus Melo estava saindo da igreja. Quantos mais vão precisar morrer para que essa guerra acabe?
— Marielle Franco (@mariellefranco) 13 mars 2018
Konbini news avec AFP