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Ces sept crétins qui ont porté atteinte au féminisme en 2016

Ces sept crétins qui ont porté atteinte au féminisme en 2016

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Un extrait de la “naughty list” du Père Noël.

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Par Juliette Geenens

Publié le

On ne vous dit pas merci !

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Machisme, misogynie, maladresse ou menace des droits fondamentaux, cette année le féminisme a dû faire face à de sacrés zigotos, qui n’ont pas vraiment contribué à l’égalité entre les genres, perpétuant les discriminations à l’encontre des femmes. En cette fin 2016, voici une petite liste absolument pas exhaustive des personnes ou institutions qui nous ont tapé sur le système.

Donald Trump, le misogyne le plus puissant du monde

Si cette liste était un concours, Donald Trump l’aurait emporté haut la main. Accusations de viol conjugal par son ex-femme (relayées dans un livre paru en 1993), remarques déplacées aux journalistes femmes, un tweet infâme au sujet de la vie matrimoniale d’Hillary Clinton, positions anti-avortement et bien entendu ses propos sexistes et dégradants sur la gent féminine capturés en caméra caché en 2005 : le prochain président des États-Unis a profité de sa campagne pour rappeler au monde entier que la misogynie n’est pas un obstacle pour accéder au pouvoir. Zéro pointé pour Donald Trump qui, c’est évident, déteste les femmes et ne les respecte pas.

Aujourd’hui, cet homme qui, parce qu’il est célèbre, pense qu’il peut “attraper les femmes par la chatte” est l’un des dirigeants les puissants de la planète.

Eugénie Bastié, la journaliste réac’ et antiféminisme

Elle est jeune, elle s’exprime bien, et on l’a vue partout cette année. Pourtant Eugénie Bastié, journaliste au Figaro et chroniqueuse sur France 2, est bien la pire ennemie du féminisme en France. Si son discours hyperconservateur sortait de la bouche d’un homme, tout le monde crierait au scandale. Eugénie Bastié et “sa pensée non-binaire” défendue par le magazine Causeur, c’est un discours réactionnaire décomplexé à qui certains donnent du crédit au nom de la liberté d’expression et du débat démocratique.

À titre d’exemples, on vous offre quelques-unes de ses meilleures punchlines antiféministes :

“Une femme est moins performante et moins disponible sur le marché du travail, parce qu’elle a des enfants.”
(le 11 mai 2016 dans une interview accordée au Point)

“Je pense que l’avortement est un homicide et un drame.”
(le 17 avril 2016 dans l’émission Le Supplément sur Canal+)

“Bizarrement, plus la condition féminine progresse, plus les féministes sont énervées.”
(le 16 juin 2015 dans un interview accordée à Causeur)

“Je trouve que ce n’est pas le rôle de l’État de déconstruire les stéréotypes, et surtout pas dès l’enfance. Les ABCD de l’égalité relèvent d’une idéologie qui n’est pas neutre. Je pense que les enfants doivent d’abord recevoir un héritage avant de pouvoir le déconstruire.”
(le 1e octobre dans une interview acccordée au Inrocks.)

Denis Baupin, le harceleur sexuel récidiviste

Le sexisme en politique s’est porté à merveille en 2016. Le 9 mai dernier, Denis Baupin, vice-président de l’Assemblée nationale, démissionne après avoir été accusé de harcèlement sexuel. France inter et Mediapart ont révélé au grand jour cette affaire basée sur les témoignages de quatre femmes. Certaines affirment aussi avoir subi des attouchements de la part du député Europe Écologie-Les Verts. Et ce n’est pas le pire : apparemment, Denis Baupin n’en est pas à son coup d’essai.

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L’affaire Baupin relance alors le débat sur le sexisme ordinaire dans le milieu politique, un terrain terriblement hostile pour les femmes. On se rappelle des sifflements adressés à Cécile Duflot par des députés de l’Assemblée nationale en 2012 ou encore du Tumblr Chair collaboratrice où sont partagées les expériences sexistes que vivent les femmes au quotidien.

Des exemples parmi tant d’autres dans un système français pas encore décidé à établir la parité femmes-hommes ni au gouvernement, ni au Parlement, ni à l’Assemblée… Nulle part en réalité.

La SNCF, ou ceux qui voulaient bien faire

Tellement fière de l’écart salarial entre ses employés hommes et femmes, la SNCF a décidé de partager une infographie trop mignonne sur les réseaux sociaux.

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Mais même si l’inégalité salariale est moins forte, elle n’en est pas moins grave. La SNCF a au moins eu le mérite de nous rappeler que le problème des différences de revenus entre les genres persiste en France (et en Europe). En Islande, lundi 24 octobre 2016, les femmes ont quitté le travail plus tôt, précisément à 14 h 38, soit le moment de l’année à partir duquel elles travaillent gratuitement, si l’on compare leur salaire avec celui de leurs homologues masculins. En France aussi, le collectif féministe Les Glorieuses a tenté de lancer un mouvement similaire : les Françaises étaient encouragées à débrayer le 7 novembre à 16 h 34 pour dénoncer le fossé entre les salaires des femmes et des hommes.

Les anti-IVG en France

Qu’ils ont été nombreux cette année ! En France, on peut citer Marion Maréchal-Lepen se positionnant contre le remboursement intégral de l’avortement début décembre 2016, un an après avoir annoncé son projet de supprimer les subventions aux centres du Planning familial en région Paca.

Un peu sur sa gauche (mais pas trop), François Fillon rôde. La primaire de la droite et du centre a donné l’occasion à tous les médias de rappeler les déclarations du candidat des Républicains sur la question de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). En juin 2016, lors d’un meeting à Aubergenville (Yvelines), l’ancien Premier ministre affirmait qu’il “n’approuvait pas” l’avortement “compte tenu de [sa] foi personnelle”, tout en précisant qu’il ne “reviendrait jamais” dessus.

La palme du mouvement le plus mythomane de l’année revient aux Survivants, un collectif étroitement lié à la Manif pour tous. Leur site, bourré de fausses informations et d’idées reçues sur l’avortement, nous avait quelque peu inquiétés au printemps dernier. Heureusement, la loi qui condamne le délit d’entrave s’applique désormais à ce genre de sites anti-IVG qui usent d’arguments fallacieux et montés de toutes pièces dans le but de faire culpabiliser les femmes qui avortent, mais aussi de les priver d’un droit fondamental, acquis il y a quarante et un ans en France.

Le juge du procès du violeur de Stanford

En avril dernier, un étudiant américain de l’université Stanford (Californie), Brock Turner, était condamné à six mois de prison après avoir été reconnu coupable de viol sur une fille inconsciente. Il a finalement été relâché au bout de trois mois, pour bonne conduite. Pour justifier la clémence de son verdict, le juge a expliqué qu’une condamnation plus sévère aurait ruiné les perspectives de carrière du jeune homme. Un jeune homme qui, en sa qualité d’athlète universitaire, était utile à l’université.

Pourtant, en vertu de la législation américaine, Brock Turner risquait jusqu’à vingt-cinq ans d’emprisonnement. À l’occasion du procès, la victime avait écrit une lettre poignante afin de déconstruire la défense de son agresseur. Elle a d’ailleurs été élue femme de l’année par le magazine Glamour, pour avoir brisé le silence autour de son viol.

Ce procès est un exemple classique de culpabilisation de la victime, phénomène qui reste tenace, même en France. En mai 2016, un sondage mené par Ipsos révélait des chiffres effarants sur la pensée des Français au sujet du viol. 27 % d’entre eux estiment qu’une femme est “en partie” responsable de son viol si elle portait une tenue sexy au moment des faits ; et un Français sur quatre pense qu’il faut respecter des “règles de précaution” pour éviter des situations d’agression sexuelle.

Jean-Marie Bigard et sa vision de la féminité

Jean-Marie Bigard est le genre de type qui trouve la gent féminine assez méprisable pour se permettre d’écrire des sketchs sexistes et lourds, qui ne font rire que ton oncle divorcé et trop porté sur la bouteille.

Invité dans l’émission de Yann Barthès sur TMC, l’humoriste le plus ringard de France estime que non, “les féministes ne sont pas des vraies femmes”. Selon lui, les “vraies femmes” comprennent son humour. Un humour macho, fondé sur des stéréotypes rétrogrades, qui consiste à dresser le portrait de femmes uniquement bonnes à préparer la popote.

Lors de son interview sur le plateau de Quotidien, Jean-Marie Bigard dit reprocher aux féministes de se focaliser sur les défauts des hommes, tout en affirmant que les “les mecs sont des gros porcs”. Pour remettre les choses au clair : ce n’est pas parce que Jean-Marie Bigard se considère comme “un gros porc” que tous les garçons le sont.

Et surtout, il faudrait que quelqu’un lui rappelle que le féminisme sert non seulement la cause des femmes mais aussi celle des hommes. Tout le monde doit y gagner. On parle bien d’égalité, pas de suprématie féminine.

En 2017, le féminisme aura encore du pain sur la planche !