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Voyage dans le passé : cet outil permet de naviguer sur le Web de 1989

Voyage dans le passé : cet outil permet de naviguer sur le Web de 1989

Par Thibault Prévost

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Scoot McNairy as Gordon Clark – Halt and Catch Fire _ Season 2, Episode 2 – Photo Credit: Tina Rowden/AMC

Le laboratoire européen célèbre les 30 ans du navigateur WorldWideWeb... en le ressuscitant. Sensations garanties.

(© Tina Rowden/AMC)

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En décembre 1990, sur l’un des ordinateurs NeXT du Centre européen pour la recherche nucléaire (Cern), Tim Berners-Lee met la touche finale à un projet dont lui-même n’anticipe pas les phénoménales conséquences : le navigateur World Wide Web, hébergé sur sa machine et basé sur deux protocoles totalement inédits, l’adresse URL et ses trois W, et les liens hypertextes (HTTP).

Le premier domaine Web au monde a pour adresse Info.cern.ch. Une fois arrivés sur la page, les occasionnels visiteurs – d’autres chercheurs au Cern, pour commencer — peuvent en apprendre plus sur l’hypertexte et le projet WWW, et les plus audacieux ont à leur disposition une boîte à outils pour créer leur propre page Web. Le 30 avril 1993, le WorldWideWeb est lâché dans le domaine public. Le reste appartient à l’histoire.

En 2019, le poste de travail de Tim Berners-Lee, qui a littéralement hébergé le Web primordial à lui seul, peut être visité au Cern, avec la mention “Cette machine est un serveur, NE PAS L’ÉTEINDRE !” écrite à l’encre rouge. Quant au site WorldWideWeb pré-1993, il a disparu pour de bon dans les limbes de l’information.

Pour fêter les trente ans du développement du programme révolutionnaire, une équipe d’ingénieurs du Cern dévouée s’est piquée de recréer à l’identique le navigateur de Berners-Lee… et de l’intégrer dans un navigateur contemporain, afin que tout le monde puisse en profiter.

Une manière totalement différente de naviguer

On a testé, évidemment, comme Engadget avant nous. Et utiliser un navigateur conçu entre 1989 et 1990 est un excellent moyen de réaliser le vertigineux progrès des réseaux d’information en à peine trente ans. Outre une interface nécessairement austère due aux limites techniques de l’époque, WorldWideWeb obéit à une manière totalement différente de naviguer, reflet d’une époque où clavier et souris régnaient en maîtres sur l’empire de la productivité.

Il faut taper les adresses URL soi-même – quoi, vous croyiez que Google allait vous aider, en 1989 ? – à partir d’une recherche dans un dossier “Documents”, ce qui fait totalement bégayer notre grammaire informatique moderne. Il faut double-cliquer sur un lien hypertexte pour l’ouvrir. Tout semble archaïque.

Malgré cette expérience utilisateur affreuse, on finit par se prendre au jeu de ce voyage dans le temps interactif, au fil des groupes de discussion Usenet et de la documentation scientifique de l’époque. Le projet archéologique des équipes du Cern, à qui il faut bien rendre honneur, nous rappelle les humbles débuts de ce que nous considérons aujourd’hui comme une technologie aussi essentielle que le langage.

Et la madeleine de Proust fonctionne : clin d’œil magnifique à l’histoire informatique, le WorldWideWeb était temporairement indisponible d’accès, la faute à un trop grand nombre de visites sur le serveur du Cern.