Le quotidien Nice-Matin s’est entretenu avec le héros au scooter, qui a essayé d’arrêter le camion du terroriste sur la promenade des Anglais, lors de l’attentat de Nice, le 14 juillet.
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La semaine dernière, nous vous racontions l’histoire de ce motard qui a tenté de stopper le camion utilisé pour tuer 84 personnes sur la promenade des Anglais, le soir du 14-Juillet. L’homme s’est jeté sur le véhicule en marche, abandonnant son véhicule, pour atteindre la cabine du chauffard. Il a fini par tomber sur la route, passant sous les roues du camion.
Celui que la presse a surnommé “le héros au scooter” n’a pas donné de signe de vie par la suite, mais Nice-Matin l’a finalement retrouvé et publie, dans son édition papier du jeudi 21 juillet, une interview exclusive de l’homme.
Franck : mari, père de famille et héros
Cet homme, qui a risqué sa vie pour freiner la course du poids-lourd, s’appelle Franck. Selon Nice-Matin, il n’a pas encore cinquante ans, et travaille à l’aéroport de Nice Côte d’Azur. Ce père de famille fait le récit d’une soirée qui s’annonçait simple et agréable.
Il se rendait près de la promenade des Anglais avec son épouse, pour y manger une glace, quand il aperçut dans le rétroviseur de son scooter, le camion blanc le dépasser. Tout autour de lui, les gens hurlaient et couraient. Il dit alors à sa femme de descendre du deux-roues, avant de se lancer à la poursuite du camion. “Je voulais à tout prix l’arrêter”, raconte-t-il à Nice-Matin.
La suite de l’histoire est connue : Franck s’accrocha au véhicule, essaya d’atteindre la cabine mais, contrairement à ce que l’on pensait, ne tomba pas tout de suite. Il parvint à la fenêtre du camion et se mit à donner des coups de poing au terroriste. Celui-ci, armé, pointa son pistolet sur Franck, sans pour autant réussir à le faire fonctionner.
La suite du récit est un peu floue dans la tête de cet homme pas encore remis de l’horreur des évènements. Franck a pris un coup de crosse, mais a tenu bon jusqu’à l’arrivée de la police sur les lieux. Il ne se souvient plus si le camion était encore en marche, mais au moment où il a entendu des coups de feu, il a décidé de se mettre à l’abri sous les roues du camion.
Il n’est sorti de sa cachette qu’à la fin de l’assaut, mais les autorités l’ont interpelé, le prenant pour un complice de l’attentat. Il a ensuite été pris en charge par des pompiers à la caserne d’Auvare, où il a été transféré. Après avoir passé du temps en observation à l’hôpital, il est rentré enfin chez lui.
Des bleus au corps et à l’âme
Franck garde des séquelles de son acte héroïque : des hématomes dans le dos, une côté cassée, une main endolorie et une série interminable de rendez-vous médicaux. Son corps se remettra de cet épisode, mais l’impact psychologique est plus important et plus difficile à soigner. “J’ai toujours ces images qui tournent dans ma tête, explique-t-il. Pas [du terroriste], mais de ces gens fauchés.”
Interrogé par le journal niçois, il ne sait pas si son geste a sauvé des vies. Il déclare juste :
“Pour moi, [le chauffeur] voulait aller jusqu’au bout. Jusqu’à Castel Plage. Et dans ma tête, je sais que mon fils était place Masséna, Ça m’a donné la force et le courage pour qu’il n’y arrive pas. Quitte à me traîner sur trois kilomètres, mais il n’y arriverait pas.”