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Des astronomes amateurs découvrent une étoile grâce à un programme collaboratif de la Nasa

Des astronomes amateurs découvrent une étoile grâce à un programme collaboratif de la Nasa

Image :

Kiefer Sutherland, Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst dans Melancholia de Lars von Trier. (© Les Films du losange)

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le programme Backyard Worlds : Planet 9 permet à quiconque de parcourir une banque d’images de la Nasa pour chercher des astres à découvrir. Et parfois, ça fonctionne.

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Au premier abord, la notion d'”astrophysique citoyenne” semble un tantinet paradoxale. Forcément, l’étude de l’espace profond et la recherche d’exoplanètes ne sont pas le genre d’occupation auquel tout un chacun peut s’adonner le dimanche et le week-end avec un petit télescope de salon. Pourtant, la professionnalisation de la recherche scientifique n’a jamais empêché les inconnus de s’illustrer et d’ajouter leur nom aux livres d’histoire scientifique en découvrant, grâce à une bonne dose de sérendipité et des méthodes de recherche non conventionnelles, des trucs que leurs homologues assermentés avaient tout simplement loupés. Dernier exemple en date : l’identification d’une naine brune au voisinage de notre Soleil, jusque-là non détectée, par trois astronomes amateurs, dûment félicités par la Nasa la semaine dernière.

Comment Rosa Castro, médecin généraliste à la ville, est-elle parvenue à identifier une étoile mort-née à 110 années-lumière du Soleil sans aucune formation académique ni le moindre matériel d’observation ? Grâce à l’initiative participative en ligne Backyard Worlds : Planet 9, lancée par la Nasa en février 2017. Rien de compliqué sur le principe : la gigantesque banque d’images du télescope Wise est mise en ligne et en accès libre pour que les internautes les passent au peigne fin, avec l’espoir de repérer des traces de l’évasive Planet 9, la planète “fantôme” de notre système solaire que de plus en plus de modèles prédisent (et tant pis pour Pluton). Pour la neuvième planète, ce n’est pas encore ça, mais le système fait ses preuves.

L’humain est plus efficace que l’intelligence artificielle

Au premier abord, la méthode peut sembler surprenante. À l’heure où les algorithmes de reconnaissance deviennent suffisamment puissants pour vous reconnaître, vous, votre chien et le lieu où vous vous trouvez sur une photographie de foule, la Nasa n’aurait même pas les moyens de se payer une intelligence artificielle (IA) découvreuse de planètes ? En réalité, c’est un peu plus compliqué.

Une naine brune, comme celle découverte par Rosa Castro, est une étoile mort-née, qui émet un rayonnement infrarouge (celui détecté par le télescope Wise) extrêmement faible. Difficile, pour une IA, de séparer sa signature infrarouge du “bruit” d’une image sans perdre énormément de temps à analyser des données inutilement. En revanche, un humain passionné d’astronomie, assis dans son canap’ un dimanche soir, en est parfaitement capable. Et sachant que le programme Backyard Worlds est prévu pour durer encore quelques années, l’astrophysique citoyenne a encore de beaux jours devant elle. Si jamais la quête de la neuvième planète perdue de notre système solaire vous tente, ça se passe ici.