Après 7 ans de conflit, YouTube et la Gema (l’organisme qui supervise le droit d’auteur en Allemagne) ont trouvé un accord qui rendra des millions de clips musicaux enfin accessibles aux Allemands.
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Sauf si vous avez vécu au fond d’une cave ces dix dernières années, vous avez forcément déjà utilisé YouTube pour écouter du son. Rapide, gratuit et simple, ce mode d’écoute de la musique est une bénédiction pour tous les mélomanes du Web. Imaginez donc la souffrance des Allemands qui, pendant tout ce temps, ne pouvaient pas, par exemple, accéder à 61,5 % des vidéos du top 1 000 des clips publiés sur la plateforme vidéo !
À la place de la vidéo attendue s’affiche souvent un écran noir accompagné du texte suivant : “Malheureusement, cette vidéo n’est pas accessible dans votre pays car elle pourrait contenir de la musique dont nous n’avons pas pu fixer les conditions d’utilisation avec la Gema.” De quoi vous donner envie de balancer votre ordinateur bien fort par la fenêtre la plus proche.
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“Seuls les enfants des 90’s s’en souviendront.”
En cause, un conflit vieux de 7 ans entre YouTube et la redoutable Gema, l’équivalent allemand de notre Sacem, chargée de la gestion des droits d’auteurs. Environ 70 000 artistes lui sont affiliés et ne pouvaient donc pas rendre accessible leur musique en Allemagne à travers ce média. Pire, la Gema étant en partenariat avec de nombreux gestionnaires de droits d’auteur du monde entier (dont la Sacem), ce sont les titres d’une multitude d’artistes internationaux qui étaient ainsi douloureusement interdits d’accès à nos amis allemands. Aujourd’hui, les artistes se réjouissent de pouvoir enfin atteindre leurs fans outre-Rhin.
La chaîne vidéo s’est félicitée de cet accord, dans un message posté le 1er novembre sur son blog officiel :
“Aujourd’hui est un grand jour pour la musique en Allemagne. C’est une victoire pour les musiciens du monde entier, aujourd’hui capables d’atteindre leurs fans existants et en devenir, tout en gagnant les revenus publicitaires de leurs vidéos.”
Les conditions de l’accord trouvé entre la Gema et YouTube sont encore inconnues, mais on sait que la société demandait 0,375 centime par visionnage, alors que la plateforme vidéo a l’habitude de verser 8 % des revenus publicitaires.
La Gema, ce grand méchant loup du Net
Il faut dire que l’Allemagne n’est pas réputée pour sa flexibilité au sujet de l’accès en ligne aux contenus culturels. Comme le rappellent Les Échos, la Gema menaçait ainsi YouTube d’une “amende pouvant atteindre 250 000 euros pour chaque vidéo qu’elle persisterait à diffuser sans autorisation”.
Cette sévérité s’applique tout autant aux plateformes de peer-to-peer, comme Popcorn Time (qui n’est techniquement pas un site de streaming). En 2014, une jeune Française expatriée en Allemagne avait ainsi reçu une sympathique lettre d’un tout aussi sympathique cabinet d’avocats lui notifiant qu’elle devait leur verser 815 euros. En cause, le visionnage d’un film (Monuments Men) sur la plateforme vidéo par sa sœur. “Elle a regardé un seul film avec, et nous n’avions jamais téléchargé de film ou de série en Allemagne auparavant“, a raconté la jeune fille à Rue 89.
Le meilleur dans tout ça ? Le délais de dix jours imposé pour le paiement de l’amende. Ça fait cher le film.