Mostra de Venise : en dehors des gros morceaux, 5 autres coups de cœur du festival

Publié le par Konbini,

(© Netflix / Tandem / Ad Vitam)

Des vampires, un tournage chaotique et un autre genre de tueur.

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Cette 80e édition du célèbre festival de cinéma italien a vu défiler sur ses écrans de grands films très attendus. Du dernier film de David Fincher au nouveau long-métrage de Sofia Coppola en passant par le Ferrari de Michael Mann, pas de repos pour les braves et surtout peu de créneaux pour les films moins médiatisés ou projetés dans des sélections parallèles dans nos emplois du temps vénitiens.

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Si l’on n’a pas pu tout voir, voici cinq films qui ont su retenir notre attention et qui méritent la vôtre.

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Le Comte, de Pablo Larraín

Nouveau film, nouvelle proposition. Après avoir exploré différents destins féminins dans Ema, Jackie et Spencer, le réalisateur chilien revient aux sources avec un nouveau film politique sur son pays, le Chili, et le régime dictatorial de Pinochet, son thème de prédilection. Mais il ne perd en rien son sens de l’expérimentation et pour Netflix, l’éclectique cinéaste réalise un conte fantastique en noir et blanc sur le dictateur chilien en vieux vampire de 250 ans, fatigué par la vie, le déshonneur et les crises familiales, qui souhaite désormais mourir en paix.

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Passé la surprise de ce concept singulier, le film aurait pu rapidement tourner à vide mais en travestissant le pire du règne de Pinochet en une farce politico-fantastique jusqu’au-boutiste, Pablo Larraín parvient à transcender son postulat pour livrer un film qui nous raconte beaucoup de l’histoire du Chili. Mention au sound design très explicite, qui nous rappelle que l’on est bel et bien devant un film de vampire, et surtout aux scènes où le compte survole un Santiago moderne au cœur de la nuit, splendides.

Vampire humaniste recherche suicidaire consentant, d’Ariane Louis-Seize

Les vampires ont décidément la cote cette année sous le soleil vénitien et le cinéma québécois est parvenu à se faire une petite place au sein du festival italien grâce à un premier film de genre très réussi. Sous la caméra d’Ariane Louis-Seize, Sara Montpetit (l’actrice québécoise découverte dans Falcon Lake de Charlotte Le Bon) incarne une jeune vampire réticente à l’idée de tuer des humains et dont les dents ne se décident pas à pousser. Pour l’aider à gagner son indépendance alimentaire, ses parents l’envoient en séjour chez sa cousine sans scrupules pour les humains, où elle va faire la rencontre d’un jeune homme qui vit avec des pulsions de mort depuis son enfance.

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À mi-chemin entre le film de coming of age sensible façon Falcon Lake et l’ambiance noire et poisseuse de l’excellente série adolescente The End of the F***ing World, Vampire humaniste recherche suicidaire consentant est une réussite à tout point de vue. Ces deux âmes sensibles en marge d’un monde trop violent pour elles — qu’il soit peuplé de vampires ou bien d’adolescents harceleurs — sont incarnées avec délicatesse par deux talentueux acteurs en herbe en vagabondage dans la nuit québécoise. Pas pour rien qu’il a remporté le prix de la meilleure réalisation des Giornate degli autori.

Hit Man, de Richard Linklater

L’un des meilleurs (mais aussi inconstants) réalisateurs américains est de retour avec un nouveau long-métrage dont on savait bien peu de choses. Il y retrouve pour la troisième fois Glen Powell, avec qui il a également coécrit le scénario de ce pseudo film d’action assez inattendu, plein de références de pop culture, inspiré d’une histoire vraie et basé sur un article de presse.

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L’acteur y incarne un professeur de philosophie à l’université un peu poussiéreux le jour et faux tueur à gages under cover pour arrondir ses fins de mois. Mais lorsqu’il va tomber sous le charme d’une cliente, il va jouer de l’une de ses nombreuses fausses identités et surtout avec le feu. Richard Linklater et Glen Powell sont notre nouveau duo comique préféré et Hit Man, le véritable petit bonbon de ce festival.

(© Vanity Fair)

Making Of, de Cédric Kahn

C’est l’année Kahn. Après avoir été salué pour son très grand film, Le Procès Goldman, au dernier Festival de Cannes, le réalisateur français a présenté son dernier long-métrage Making Of à la Mostra et a amené sa troupe de comédiens — Denis Podalydès, Jonathan Cohen, Emmanuelle Bercot, Souheila Yacoub et Stefan Crepon — à Venise.

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Ils y racontent les coulisses chaotiques du tournage d’un film social français sur le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. Mais entre les magouilles du producteur, le retrait des financiers et des guerres d’ego, le bateau prend l’eau. Le seul véritable allié du réalisateur s’avère être le jeune figurant à qui il a confié la réalisation du making of. Si le film dans le film est un dispositif récurrent, rarement nous avons vu le cinéma se raconter de cette façon en mêlant à la perfection les enjeux intimes aux processus de fabrication d’un film, dans ce qu’il a de moins sexy et de plus artisanal. Le scénario ne pourra pas être récompensé car le film n’est pas présenté en compétition mais il le mériterait. Le duo Souheila Yacoub et Stefan Crepon illumine tout le film.

(© Ad Vitam)

Vermines, de Sébastien Vaniček

Depuis quelque temps, les cinéastes français ont essayé de réanimer le cinéma d’horreur et de genre, la plupart du temps soit en mettant tout un message social politique en avant, soit faisant de l’horreur pure — exception faite de Grave et Titane. Débarque Sébastien Vaniček, et son premier long, qui réussit à être les deux à la fois : un film de pur divertissement, effrayant, et généreux, le tout saupoudré d’une ferveur politique importante et nécessaire.

On suit Kaleb, un jeune qui essaye de faire bien les choses dans sa tour, bien qu’en froid avec sa sœur et son ancien meilleur ami. Il veut être réglo et revend des sneakers, tout en collectionnant des animaux exotiques. Sa nouvelle acquisition, une araignée venimeuse tout droit venue du désert du Qatar, va malencontreusement se faire la malle, et se propager dans un immeuble bientôt confiné où la survie sera difficile. Présenté en clôture de la semaine de la critique de cette 80e Mostra, Vermines est le frisson parfait pour conclure ce beau festival.

(© Tandem)

Article écrit par Arthur Cios et Manon Marcillat.