Malgré un nouveau directeur “marqué à l’extrême droite”, la biennale de Venise annonce un programme inclusif

Publié le par Lise Lanot,

© Dannie Jing/Unsplash

La biennale marque ainsi sa volonté de se décentrer d’une vision clairement centrée autour de l’Europe et de l’Amérique du Nord.

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À quelques mois de son ouverture, la biennale de Venise vient de dévoiler le programme de sa 60e édition, cette année curatée par le Brésilien Adriano Pedrosa. Il est la “première personne d’Amérique latine” à occuper cette position, et même “la première personne basée dans l’hémisphère Sud”, a-t-il précisé. L’information est d’importance, puisqu’elle a été rappelée dès les premières minutes de la présentation officielle de cette nouvelle édition du prestigieux événement d’art contemporain, le 31 janvier dernier. La biennale marque ainsi sa volonté de se décentrer d’une vision clairement centrée autour de l’Europe et de l’Amérique du Nord.

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L’exposition principale de cette année s’intitulera “Stranieri Ovunque – Foreigners Everywhere” (“Étranger·ère·s partout”), un nom tiré d’une série de travaux signés du collectif Claire Fontaine et réalisés en l’honneur d’un collectif turinois qui “luttait contre le racisme et la xénophobie en Italie au début des années 2000”, explique le comité organisationnel. “L’expressionStranieri Ovunque’ a plusieurs significations. Tout d’abord, cela signifie qu’importe où on va et où on est, on rencontrera toujours des étranger·ère·s – ils et elles sont/nous sommes partout. Cela signifie aussi qu’importe l’endroit où on se trouve, on est toujours sincèrement et profondément un·e étranger·ère”, ajoute Adriano Pedrosa.

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Le directeur artistique a annoncé la mise en avant d’artistes “qui sont eux-mêmes étranger·ère·s, immigré·e·s, expatrié·e·s, diasporiques, émigré·e·s, exilé·e·s, réfugié·e·s – surtout celles et ceux qui sont passé·e·s du Sud au Nord”. Les travaux exposés seront signés de 332 artistes, dont une grande partie fait partie des peuples premiers – du Brésil à la Nouvelle-Zélande – et qui sont souvent “considérés comme des étrangers dans leur propre pays”, a dénoncé Adriano Pedrosa. Le directeur artistique n’a pas oublié les différentes acceptions de ce que signifie se sentir étranger·ère, rappelant l’importance de présenter les œuvres d’artistes en marge (“outsiders”) et queers, “celles et ceux qui ont vécu différentes sexualités et genres et ont souvent été persécutés ou condamnés”.

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Deux salles, deux ambiances

En 2022 déjà, la directrice artistique Cecilia Alemani affirmait sa volonté de dépoussiérer et repenser la célèbre biennale italienne. Parmi les 213 artistes qu’elle réunissait, 180 participaient à la biennale pour la première fois et 58 pays étaient représentés, faisant de l’édition “la plus internationale” des occurrences de l’événement, notait alors Artnet. En plus de mettre de côté une vision trop occidento-centrée de la manifestation artistique, Cecilia Alemani déclarait vouloir “défier la figure de l’homme en tant que centre de l’univers” et la domination masculine sur le monde de l’art et la société en général.

Ces initiatives constituent une bonne nouvelle pour les artistes invité·e·s, à qui on offre une belle visibilité, et pour le public, qui aura l’occasion de s’interroger, débattre, s’extasier face aux expositions présentées. On peut cependant interroger les dissensions entre le fond et la forme de cette organisation, sachant qu’en parallèle de cette programmation ouverte et inclusive, on retrouvera, à partir du mois de mars et pour quatre ans, à la tête de la biennale de Venise Pietrangelo Buttafuoco, journaliste “marqué à l’extrême droite”.

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La biennale de Venise aura lieu du 20 avril au 24 novembre 2024.