Focus sur Wasting Shit, artiste polyvalent, éclectique et plein de tourments

Publié le par Benjamin Mangot,

Capture d’écran Youtube onlydogzcanjudgeme

Jeune artiste en pleine émergence, Wasting Shit tire son épingle du jeu grâce à une identité musicale forte.

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Portrait. Il y a des moments où tout semble se décanter et cette fois, c’est Wasting Shit qui est en train de passer la seconde. À 24 ans, l’artiste basé en région parisienne enchaîne les projets et s’affirme grâce à un univers musical unique, ce qui lui permet de se démarquer dans une nouvelle scène rap et électronique totalement décomplexée. Depuis 2020, celui qui est aussi connu sous le nom de bob glocc partage et affine ses créations musicales, se créant une communauté grandissante d’auditeurs.

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Pour lui, l’année 2023 semble bien lancée et pourrait marquer un véritable tournant. Présent en featuring sur l’album de Winnterzuko, Wasting Shit a sorti, le 22 avril dernier, G.L.O.CC, un EP de cinq sons représentant parfaitement son univers musical. En plus d’être un projet abouti, celui-ci apparaît comme une nouvelle évolution après ses deux dernières mixtapes, WAS+E +APE (2021, 14 sons) et WAS+E +APE 2 (2022, 20 sons).

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Avec ces trois projets comme rampe de lancement, tout semble arriver assez vite pour lui désormais, avec plusieurs programmations, comme sur la scène du Halftime, un événement organisé par Trax, mais aussi avec une première partie du concert de Georgio au Zénith de Paris, samedi 13 mai.

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Talents, en mode pluriel

La polyvalence, c’est la clef de la production artistique de Wasting Shit. Prenons l’exemple du son “RedddHot”, présent sur son dernier projet. C’est lui qui est derrière la production musicale, réalisée directement sur FL Studio, c’est lui qui pose son texte sur sa propre prod, mais c’est aussi lui qui a réalisé le clip animé sur Blender, pour l’animation et la modélisation, et sur DaVinci pour le montage.

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Artiste émergent, ce dernier n’a pas encore une forte présence médiatique et les quelques informations qu’on a sur lui et sa musique sont tirées des lives qu’il fait sur sa chaîne Twitch. Depuis un bon bout de temps, il partage son processus créatif, tard le soir, devant quelques viewers de sa communauté, en faisant des prods, des “flips” (qui consistent à isoler la voix d’un rappeur et de la mettre sur une autre prod), mais aussi en écoutant certains sons qui l’inspirent et en répondant à certaines questions.

En plus de tout ça, il est l’un des deux membres du groupe Angsty Camboyz Revenge, qu’il forme avec son ami Errwalou. On capte alors assez facilement une sorte de créativité débordante, qui s’illustre par une production musicale abondante, toujours en progression et en évolution.

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En plus d’avoir été choisi pour faire la première partie de Georgio et d’avoir participé au dernier album de Winnterzuko, Wasting Shit est aussi présent sur le dernier projet du producteur Abel31, 200, et fait partie des 13 rappeurs présents sur le projet Let’s Go des producteurs Pushk et Giovanni, aux côtés de Zamdane, So La Lune ou encore J9ueve.

Musicalement autre

Le style musical de Wasting Shit peut s’apparenter au mouvement de l’hyperpop (aussi appelé digicore), qui vise à prendre certains codes des années 2000-2010 et à les pousser à l’extrême, mais aussi à se réapproprier des sonorités de cette époque. On retrouve alors des prods aux accents électro et pop, avec des couplets rap, le tout avec des effets de voix plus ou moins modifiés.

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Par prolongation, la nostalgie fait partie intégrante de son univers musical, dans ses paroles, souvent assez “deep”, mais aussi dans ses prods. Cela s’illustre, par exemple, par le sample de la voix française de Selena Gomez sur Disney Channel, qui dit “Salut, je suis Selena Gomez”, intégré au début de plusieurs de ses prods. Cela passe aussi par des samples de sons comme celui du tube “World Hold On” (2006) de Bob Sinclar dans “Intro (Fucc the World)” sur WAS+E +APE 2.

En somme, il s’agit d’un univers musical très parlant pour les générations nées dans les années 1990-2000. Les paroles se réfèrent aussi à la vie de jeune adulte, les galères, les angoisses, la solitude ou encore les problèmes d’argent. Le tout donne un certain contraste entre les prods électro, qui donnent de fortes envies de turn up, et les paroles qui peuvent être très “deep”, à l’image du son “94Express” où, sur une prod ambiançante d’Abel31, il dit (entre autres) “J’suis bloqué dans ma ville, j’vois qu’des mouches et des rats”.

Tout cela fait que Wasting Shit fait surtout partie de ces artistes qu’il est difficile de ranger dans des cases, tant ses inspirations visuelles ou musicales empruntent à de nombreux genres (électro, rap, pop, rock, emo, Soundcloud rap, rock, variété…).

Ici, on peut surtout noter une approche passionnée et décomplexée de la musique, qui permet de créer quelque chose de nouveau tout en s’affranchissant de nombreux codes classiques appartenant à l’industrie musicale : les rappeurs ne sont pas obligés de poser sur de la trap ou de la drill, l’électro peut avoir d’autres paroles que “Everybody in the club, put your hands in the air”. Et quand bien même ce croisement de genres ne soit pas quelque chose de tout à fait nouveau, il en ressort que Wasting Shit le fait à sa manière et non sans un certain talent.

Cinq titres pour découvrir Wasting Shit : “RER B freestyle“, G.L.O.CC ; “8H36” (Winnterzuko ft. Wasting Shit), Winntermania ; “Que d’avions (og Version)” (feat. Errwalou) ; “Crrushh” ; c bobby” (WAS+E +APE).

Cinq artistes que vous aimerez probablement si vous kiffez Wasting Shit : Winnterzuko, Irko, Yuri Online, Errwalou, 243red.

Vous pouvez le suivre sur Instagram, Twitter et même Twitch.