Toujours aussi aigrie, j’ai tenté de comprendre la hype autour de Timothée Chalamet

Publié le par Mélissa Chevreuil,

© Louis Lepron/Konbini

L’acteur est-il une sombre fraude ou mérite-t-il vraiment d’être l’Empire romain d’à peu près tout mon entourage ?

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À l’orée de la sortie Dune 2, je souffre encore plus qu’à l’accoutumée. Mes différents feeds et conversations amicales sont rythmés par un nom, un seul, qui est sur toutes les lèvres et ce depuis déjà des années en réalité : Timothée Chalamet. Vous allez me dire que je cherche à être “différente”, à “faire mon intéressante” et que, comme pour Jeremy Allen White, je suis larguée et que je fais exprès de ne pas comprendre la hype. Comme diraient les plus lettrés d’entre nous, j’ai décidé de mettre de l’eau dans mon vin (blanc, de préférence). Cette fois, j’ai tenté de comprendre, point par point et avec l’aide d’une spécialiste — car à Konbini, on fait les choses bien — pourquoi l’acteur franco-américain est par-tout depuis sept ans.

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L’acting étant sa profession, on ne peut pas ne pas commencer par ce domaine où, je dois le reconnaître, je suis restée sur ma faim depuis sa formidable et poétique présence dans Call Me By Your Name. Si, vous aussi, vous êtes encore et toujours hanté par la scène de fin baignée de larmes en plan fixe signée Luca Guadagnino, levez la main et servez-vous de l’autre pour moucher votre nez.

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Je trouve toutefois l’acteur médiocre dans Les Filles du docteur March ou Le Roi, surcoté dans Lady Bird et plus qu’anecdotique dans Interstellar ou Don’t Look Up. Quelques partitions m’ont cependant redonné espoir, comme dans le touchant bien que facile My Beautiful Boy, l’angoissant Bones and All ou le périlleux Dune (premier du nom). Bref, si je veux taper sur l’acteur, ce n’est pas vers sa filmographie que j’irais me tourner. Si elle se veut inégale, en toute subjectivité, elle reste riche et assez pointue pour susciter tout mon respect.

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Une image de “baka” plutôt que de “dark sasuke”

Je m’interroge plutôt sur l’aspect cool que tout le monde évoque, puisque tout mon entourage semble absolument vouloir de lui comme pote ou amant, au choix. Évidemment, le côté Frenchie-américain, ça a son charme, mais il n’y a pas que cela. Longtemps, j’ai douté de sa sincérité, voyant ses rires de dumb lâchés à tout va comme un argument marketing. Pour écrire cet article, j’ai bouffé de l’interview et j’ai compris. Le djo est fan de l’AS Saint-Étienne, au point de faire une étrange demande sur le plateau de l’émission Quotidien : que la Ligue de Football professionnel partage les buts avant que les matches ne se finissent ! Toujours sur le même plateau, mais des années plus tôt, il tapait son meilleur lip sync sur Mariah Carey.

@butterflyuh_ my hearrrt!😭❤️ @timotheechalamet #mariahcarey #mariah #mimi #queen #voice #legend #icon #music #singer #vocals #timotheechalamet #timothee #germany #caution #2018 #host #throwback #jamming #lamb #trending #foryoupage #foryou #fypage #fyp #fypシ ♬ Giving Me Life (feat. Slick Rick & Blood Orange) - Mariah Carey

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Le mec ne se prend pas la tête et cultive une image de “baka” plutôt que de “dark sasuke” de manière décomplexée, comme en atteste son passé de “rappeur” ou ses apparitions dans le Saturday Night Live qui ont toujours leur petit succès. La dernière en date ? Quand il se grime en son double twink australien aka Troye Sivan. Le chanteur himself a adoubé le sketch et arbore encore aujourd’hui Timothée déguisé en photo de profil sur Insta !

Il n’est pas étonnant que tant de gens rêvent d’être amis avec lui, d’autant plus que l’acteur sait ce qu’il fait et cultive, au-delà de son sempiternel second degré, une grande accessibilité : “Il est connu pour prendre soin de ses fans”, nous explique Aline Laurent-Mayard, autrice de Libérés de la masculinité : Comment Timothée Chalamet m’a fait croire à l’homme nouveau. “Au début de la ‘chala-mania’, il prenait l’avion en seconde classe et passait son vol à parler avec les autres passagers. Il s’intéresse à leur vie. Il prend des photos, leur apporte des pizzas quand ils font la queue. Il aime arpenter les rues de New York où il rencontre plein de gens, il est accessible et ne se cache pas. Et à la fois, il est habitué à fréquenter les stars, depuis toujours. Il a fait la meilleure école d’arts des États-Unis, où il était déjà en cours avec Lourdes, la fille de Madonna.” C’est une dualité qui intrigue, fascine et attire.

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@timhalchal a fan giving timmy a book she made about his movies 🥹😩🫶🏻 #timothée #timotheechalamet ♬ original sound - K. (fan account) 💘

Une garde-robe vulnérable (qu’on veut tous lui chourer)

Quand mes amis ne me racontent pas leur envie d’aller en date au resto ou à un match de basket avec lui, c’est pour me faire la propagande de sa garde-robe, jugée fantasmagorique. J’ai bien en mémoire quelques looks de tapis rouge, comme le fameux harnais Louis Vuitton porté aux Golden Globes 2019 qui en a fait jaser plus d’un – il vous en faut si peu. Ou son costume dos-nu Haider Ackermann à la Mostra de Venise en 2022.

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OK, il ose, ou plutôt son styliste ose, pensais-je. C’est là qu’Aline Laurent-Mayard intervient, me rappelant qu’il n’en a pas !

“Il travaille directement avec les designers qui sont aussi ses amis, comme Haider Ackermann. Il met de la couleur, des tissus, des motifs, des coupes nouvelles. Notamment des matériaux vus plutôt comme féminin et doux. Des grosses fleurs, du rose, du pastel. Des coupes cintrées qui affirment sa taille. Je pense à son fameux dos nu rouge qui montrait une grande vulnérabilité physique. Il propose une masculinité plus douce, à la manière d’un Frank Sinatra ou d’un Mick Jagger.”

C’est un propos que j’espérais nuancer en analysant ses looks en dehors des cérémonies via son feed Insta, pas très généreux mais tout de même nourri de manière épisodique en outfits. Évidemment, c’est différent, car on ne peut s’habiller dans la rue comme sous les projecteurs, mais c’est toujours aussi doux : pantalon rose pastel en velours côtelé, jean fuchsia ultra-bien coupé, Nike SB Travis Scott ou encore full look Vivienne Westwood. Il a des pièces non genrées et/ou qui suivent les trends actuelles tout en me faisant assez loucher pour me faire miroiter une coloc avec lui dans l’unique espoir de lui voler ses affaires. Damn. En parlant de fringues, vous la sentez venir, ma veste réversible ?

Overdose de mouvements d’épaules

Au regard de tous ces éléments, je dois l’avouer, “Timmy” a peut-être quelque chose. Au fond, je le savais déjà, comme quand je vous expliquais pourquoi nous étions tous si concernés par son couple avec la businesswoman Kylie Jenner. Certes, je ne suis pas la plus sensible, mais ma sentence est sans appel : sa hype n’est pas gratuite et là pour rien. Peut-être suis-je restée de marbre tout ce temps à cause d’une éventuelle overdose ? Ma conclusion pourrait être schizophrénique car, comme pour Jeremy Allen White, j’aimerais rejeter la faute en partie sur les médias… mes consœurs, confrères et moi-même, pour ainsi dire. Mais il faut dire les termes, on en parle tellement trop et tellement pas comme il le faut. Il y a quelques années, la journaliste Morgane Giuliani titrait dans Marie-Claire “L’obsession de nos collègues de l’édition américaine de Marie Claire pour Timothée Chalamet nous inquiète un peu”. Elle évoquait une consœur de l’édition d’outre-Atlantique, visiblement obsédée par les ondulations ténébreuses du jeune homme, au point d’en faire une chronique hebdomadaire et davantage évoquer la texture de ses cheveux plutôt que ses talents d’acteur. Tout ça !

Les réseaux sociaux non plus n’ont pas aidé. Qui a connu l’edit de la danse de l’acteur dans Call Me By Your Name sur “Play Date” de Melanie Martinez aka la vidéo qui a fait les beaux jours de TikTok durant TOUT le premier confinement ?

@timhalchal i can’t believe it’s been 3 years?! #timothée #timotheechalamet ♬ original sound - K. (fan account) 💘

Il était absolument impossible de scroller sans tomber sur un tiktokeur remuant des épaules dans l’espoir d’imiter le personnage d’Elio. La lassitude me pendait au nez et ce moment, que j’adorais, me sort désormais par les yeux (et pas que). Et si, en ce début d’année 2024, on se contentait désormais de rester pro* et de parler de sa partition dans Dune 2, comme le fait très bien mon collègue Arthur Cios ?

PS : je ne vous promets rien, il est hautement probable que je réécrive sur lui pour causer fringues et potins, ne m’en voulez pas ! Même si, cette fois, ma plume et mon cœur seront enfin apaisés.