Karaoké sexy, fans costumés et darons qui ondulent des hanches : je suis allée voir The Rocky Horror Show à Paris

Publié le par Mélissa Chevreuil,

The Rocky Horror Show au Lido 2 Paris/ Photo David Freeman

Comme quoi, ne jamais juger les groupes de quadragénaires en costumes étriqués, ce sont eux qui dansent le mieux.

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“C’est marrant, je crois que j’ai découvert le Rocky Horror Picture Show grâce à la série Glee– Par-don ?” Cette confidence, lâchée innocemment en sortant des toilettes du Quick des Champs-Élysées (les envies pressantes, ça ne se contrôle pas), mon pote Maxence, fan absolu du cinéma de genre, ne la digère qu’à moitié. Alors que nous venons pourtant d’assister à sa représentation en live (et en VO !) au Lido 2 Paris, cabaret emblématique du 8e arrondissement. Si comme moi, vous avez quelques lacunes, petite piqûre de rappel : The Rocky Horror Picture Show est d’abord une comédie musicale de Richard O’Brien pensée en 1973 avant d’être un film au cinéma réalisé par Jim Sharman deux ans plus tard avec au casting Susan Sarandon, Tim Curry et… Richard O’Brien. On suit les jeunes fiancés Janet et Brad contraints de trouver refuge dans un château franchement chelou après avoir eu une panne en voiture. Ils sont accueillis par un scientifique désireux de tester la solidité de leur couple niais, mais aussi de leur montrer sa dernière (et musclée) expérimentation…

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Véritable lettre d’amour aux films de série B, à la science-fiction et au genre horrifique, l’œuvre est d’abord boudée avant d’atteindre le rang d’ovni culte. Il faut dire qu’elle propose un cocktail particulièrement subversif pour l’époque, à base d’humour gras, de pauses rock et de scènes ouvertement libidineuses. Surtout, elle occupe une place toute particulière dans le cœur des cinéphiles ainsi que de la communauté LGBTQIA+ via sa galerie de personnages à la sexualité très ouverte, à l’instar du Dr Frank-N-Furter, pansexuel à l’aise avec sa féminité et amateur de corsets et de perles en tête. La pop culture n’a jamais eu de cesse de lui rendre hommage, dans Glee donc, mais aussi dans Les Simpson ou même dans Élite (vous vous souvenez d’Arón Piper dans son petit et moulant caleçon doré ? Nous oui. Eh bien, il était déguisé en Rocky) !

Une capsule queer hors du temps

Maintenant que tout ceci est dit, retournons au Lido 2 Paris, où la pièce va commencer. Le public est hétéroclite à souhait. D’un côté, des darons à l’air un peu paumé (méfiez-vous des apparences, mais nous y reviendrons), ainsi que des jeunes venus des quatre coins du globe. Ça parle beaucoup anglais dans la salle, surtout de l’autre côté donc, où il y a beaucoup de fans de la première heure, costumés comme les personnages du film, accent américain ou British au gré des tables. Le show débute et dès le début, je comprends qu’il y a deux scènes : celle devant moi, avec les actrices et acteurs “officiels” et celle formée par le public dans la salle ! Ces derniers chantent dès l’intro “Science Fiction/Double Feature”. Ils donnent la réplique régulièrement, les comédiens rebondissent, comme au théâtre ou à un one-man-show. Je peine à suivre car je ne connais clairement pas aussi bien l’œuvre qu’eux (et je n’avais pas révisé, ignorant que le Lido se transformerait en karaoké géant), mais c’est jouissif. À “There’s A Light”, tout le monde sort carrément son téléphone avec le flash comme à un concert de Taylor Swift (ne me demandez pas pourquoi, c’est le premier exemple qui m’est venu en tête). C’est lunaire, à l’instar du spectacle, mais ça me plaît.

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The Rocky Horror Show au Lido 2 Paris (@David Freeman)

Ce que je pensais être des darons “random” et coincés tapent leur meilleur lip sync, visiblement émoustillés devant le magnétique Stephen Webb, qui a la délicate mission de camper Frank-N-Furter – défi relevé haut la main dans le slip. Voyez, j’ai été mauvaise langue les concernant. À noter que des sous-titres dans la langue de Molière apparaissent en temps réel de part et d’autre, sur des petits écrans. Pas hyper ludique mais toujours pratique pour les non-bilingues ! À la fin, tout le monde se lève pour onduler des hanches en reproduisant en rythme et en cadence la chorégraphie de “The Time Warp”, morceau central du spectacle et répété à plusieurs reprises. Encore une fois, j’ai l’impression d’être dans une capsule hors du temps et de la pluie parisienne, et c’est un délice. Évidemment, certains moments n’ont peut-être pas si bien vieilli (“Sweet Transvestite”, pour ne citer qu’un exemple). Et si je laisse en général cet argument aux vieux présentateurs de télé incapables de se (re)faire une éducation, je me dois tout de même de justifier les maladresses par l’époque et son contexte. Reste à la fin que je n’avais plus qu’une seule envie : écouter toute la bande-son, revoir le film original, puis l’épisode hommage de Glee, aussi mauvais soit-il. Et pas nécessairement dans cet ordre… sorry not sorry.

The Rocky Horror Show est au Lido 2 Paris jusqu’au 7 avril 2024.

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