L’année dernière, c’était mon grand baptême du feu. Simple stagiaire, j’ai tapé l’incruste au Festival de Cannes suite à une entourloupe savamment orchestrée par mon côté sombre – et surtout un super contact dans l’équipe du Festival que j’embrasse si elle me lit. Cette année, c’est différent.
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Si je n’ai toujours pas grand-chose à foutre là-bas, je mérite un peu plus ma place sur la Croisette, et il semble que mes employeurs pensent la même chose vu qu’on m’a sommé, cette année, de vous raconter mes mésaventures tous les jours, en vidéo, sur les réseaux sociaux de Konbini. Ma pudeur médiatique est en sueur, mais c’est l’occasion parfaite pour me faire repérer par un réalisateur en vogue – ou un mec en chien, c’est bien aussi.
Cette année, j’ai une véritable accréditation presse, qui me permet enfin de contourner les rouages infernaux de la billetterie qui, je dois le reconnaître, a vécu le plus grand glow up de l’année (après les Totally Spies et Artus) et qui ne bugue finalement plus tellement, nous permettant enfin de réserver des projections au Festival sans avoir envie d’exploser tous les meubles de l’appartement qu’on a loué.
Les préparatifs
L’année dernière, souvenez-vous, je n’avais rien à me mettre. Bah, cette année, c’est toujours la même merde. Si en un an mon carnet d’adresses de bureaux de presse lifestyle s’est largement garni, les fameux showrooms dorés qui vous filent des jolies pièces à ne pas salir pour le Festival ne sont constitués que d’une grande majorité de tenues pour femmes. Et même si l’idée d’arborer une jolie robe moulante Acne Studios est tentante, je me dis qu’il est bon d’épargner ça aux yeux de Meryl Streep, invitée d’honneur cette année.
Je débarque à Cannes après un périple pluvieux depuis Paris, durant lequel j’ai failli louper mon train après que mon tram a renversé quelqu’un à Porte de Montreuil – j’espère que la personne va bien, j’espère que le chauffeur ne s’en veut pas trop. Ces choses-là, ça arrive. N’empêche que ça m’a bien foutu dans le jus, mais tout est bien qui finit bien : j’arrive à Cannes en bombe, avec une carence de sommeil pas très judicieuse pour les quinze jours de folie qui suivent.
Assurer la couverture journalistique d’un tel événement, ce n’est pas une mince affaire. Une seule solution : demander conseil au boss des boss, la crème de la crème qui connaît le vortex cannois mieux que sa poche. Le grand, l’unique, Antoine de Caunes. À peine ai-je mis le pied sur le sol cannois que je me suis rendu à son hôtel pour lui demander quelques conseils, et l’admirer tirer des balles sur son acolyte José Garcia. Un régal.
Des stars mordantes
Évidemment, c’est truffé de vedettes et de gens trop friqués à mon goût. Au cours des quelques soirées dans lesquelles j’ai déjà pu aller me fournir en bulles et amuse-bouches, je ressens déjà cette pression cannoise et ces regards mesquins qui cherchent les boutons de manchettes de ma chemise en se demandant quelle marque impayable je porte ce soir. Spoiler : aucune, je suis trop mal payé pour ça. Demander à un jeune journaliste fauché ce qu’il porte en soirée guindée, c’est comme demander son âge à une vieille dame riche : ça ne se fait pas, bordel.
Même en mangeant, je me rappelle qu’ici rien n’est laissé au hasard, et qu’un postillon mal dirigé peut me coûter ma place dans ce grand lieu du showbiz. N’empêche, quand je dévore les arancinis de Gianmarco Gorni pour l’installation de son restaurant Vecchio en bord de plage sur La Croisette, je ne peux m’empêcher de le faire la bouche ouverte, et sans trop de manières. Quand c’est bon, au feu les politesses.
Mais, au milieu de ce chaos de protocoles et d’opulence, il est bon de rencontrer les vraies stars de Cannes, à savoir celles qui ne se prennent pas trop la tête, et qui ne viennent pas seulement pour dérouler leur ego. En ce sens, Messi (le chien d’Anatomie d’une chute) est notre VIP préféré du festival, et l’humoriste Raphaël Mezrahi arrive juste derrière. Ça tombe bien, les deux icônes forment un tandem sur toute la durée du festival pour une émission qui a du chien – promis, c’est le dernier jeu de mots pourri de cet article.
Les prochains jours n’annoncent que du bon, avec notamment une soirée Magnum en l’honneur de l’homme de ma vie, Troye Sivan – dans la story duquel mon compte Grindr s’était retrouvé l’an dernier, je vous le rappelle. Mais je m’impatiente également pour l’arrivée de l’autre homme de ma vie, Jacob Elordi, la femme de ma vie, Emily Stone – “Emma” c’est un faux prénom. Et puis, surtout, hâte des prochains buffets dans lesquels je vais pouvoir manger gratos, en bon pique-assiette que je suis. Ah, la vie cannoise…
Mes films vus jusqu’ici
- Diamant Brut d’Agathe Riedinger. L’audace de ramener un thème plus actuel que jamais, à savoir la téléréalité, sur les marches du Festival de Cannes, en ouverture de la Compétition Officielle, en plus ! Un premier film de la réalisatrice française, qui met en lumière un casting d’actrices amatrices auquel on ne peut que s’attacher, et surtout partage cette envie corrosive de se faire aimer.
- Les fantômes de Jonathan Millet. Brillant thriller qui m’a tenu en haleine tout du long, porté par un scénario (inspiré d’une vraie histoire) qui dessine les contours du conflit civil en Syrie et surtout la possibilité (ou l’impossibilité) de se défaire d’un passé en guerre – victime comme bourreau. Adam Bessa est un grand monsieur plein d’intensité, avec un jeu sobre et extrêmement touchant.
- La jeune fille à l’aiguille de Magnus von Horn. Glaçant et visuellement captivant, le noir et blanc du nouveau film de Magnus von Horn, qui opère un 180° plutôt étourdissant après son faux docu Sweat, m’a hanté toute la nuit. Ou alors c’est le lactose ingurgité à la soirée juste après que j’ai pas réussi à digérer ? Bref, une histoire de bébés qui crient (argh, les gosses) avec un twist sordide qui va me rester en tête longtemps.