COP21 : ces jeunes du monde entier qui s’engagent pour la planète

COP21 : ces jeunes du monde entier qui s’engagent pour la planète

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Honu & Hawaiian Crew – Crédit Jordan Béline

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Du 26 au 28 novembre se tient au Parc des expositions de Villepinte, près de Paris, la onzième conférence des jeunes pour le climat (COY11). A l’aube de la COP21, des milliers de participants sont venus du monde entier pour présenter le message de la jeunesse sur l’avenir de la planète.

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Ils arrivent d’Iran, d’Hawaii, de Colombie, de Madagascar ou encore d’Australie. Conscients des limites de notre modèle de société, ces jeunes de toutes les nationalités sont venus montrer qu’ils étaient prêts à enclencher un changement de paradigme pour tendre vers une société plus durable.

Tous incarnent une génération ambitieuse et entreprenante déterminée à ce que le monde de demain lui ressemble. Nous sommes allés à la rencontre d’une dizaine d’entre eux afin de dresser des portraits inspirants d’une jeunesse engagée.

Rachel, 23 ans, Australie

 “Je convaincs les banques de ne plus financer les entreprises pollueuses”

“Je suis bénévole au sein la Coalition australienne des Jeunes pour le climat. Avant, je ne voyais pas très bien comment agir à mon échelle mais l’activisme m’inspirait. Avec l’organisation, nous menons toutes sortes d’actions exaltantes et efficaces !

Récemment, nous avons mené une campagne qui consistait à rallier à notre cause les grandes banques australiennes en les convainquant de ne plus financer les entreprises qui contribuent à détruire la grande barrière de corail, et de financer à la place les entreprises qui contribuent à sa préservation. Et ça a marché !

Nous avons remporté de nombreuses autres batailles et c’est très encourageant. Là, nous développons des campagnes en collaboration avec les communautés aborigènes. Nous nous battons au tribunal pour que le gouvernement ne soit plus autorisé à les déposséder de leurs terres originelles.”

Francisco, 24 ans, Nouvelle-Zélande

“Je pousse les jeunes à défendre leurs idées auprès du gouvernement”

“A Wellington, je travaille pour un membre du Parti écologiste de la Nouvelle-Zélande [Green Party of New Zealand]. Nous représentons environ 13% des voies et 14 sièges au Parlement. Nos jeunes se sentent concernés par la question du changement climatique, parce que nous avons conscience que c’est de notre futur à nous dont il s’agit !

J’essaie d’éclairer les jeunes sur la politique gouvernementale de mon pays qui, de mon point de vue, n’est pas assez ambitieuse. Je tente d’informer les jeunes pour les pousser à réagir et à demander plus au gouvernement. Avec la délégation de la Nouvelle-Zélande, ici à Paris, nous souhaitons nous faire une idée plus précise sur la façon dont les jeunes de différents pays s’organisent.

Nous cherchons à réunir ce qu’il y a de meilleur en termes d’initiative dans l’objectif de l’appliquer à la Nouvelle-Zélande. Notre but est aussi de promouvoir la transition énergétique ainsi qu’un modèle économique plus juste et plus durable.”

Paola, 31 ans, Colombie

“Je co-préside une ONG qui amène la lumière là où il n’y en a pas”

“Je suis co-présidente en France de l’ONG Liter of Light, créé aux Philippines en 2010. L’idée est d’amener la lumière à des communautés dépourvues d’électricité. A l’origine, nous avons développé une solution écologique qui utilisait des bouteilles en plastiques recyclées remplies d’eau et de chlore [un mélange mis au point par des étudiants du MIT] capables de refléter la lumière du soleil. Un système simple, accessible à tous et capable d’éclairer une habitation entière.

Cependant, le système ne fonctionnait que de jour. Alors nous avons affiné le dispositif qui utilise désormais des panneaux solaires et des batteries pour pouvoir apporter la lumière pendant la nuit, puisque c’est à ce moment-là que les habitants des zones tenues à l’écart en ont le plus besoin. Aujourd’hui nous sommes présents dans neuf pays à travers le monde.”

Eric, 24 ans, Tahiti

“Mon pays est en première ligne du réchauffement climatique”

“Le thème du réchauffement climatique a beaucoup d’importance pour les jeunes Polynésiens car nous sommes un des pays les plus touchés par ces phénomènes. Que ce soit par la montée des eaux, l’augmentation des températures ou encore l’acidification des océans, on est en première ligne ! En Polynésie, on est tous concernés car on constate ces changements tous les jours.

Nous somme 36 personnes de la délégation polynésienne à avoir fait le voyage jusqu’ici. Pour nous c’est primordial de participer aux débats mais aussi une grande chance que nous souhaitons saisir pour prendre la parole et toucher un maximum de gens. Nous avons le devoir de saisir cette opportunité unique.”

Juan, 31 ans, Mexique-Canada

“Je crois en une relation plus sacrée avec la planète”

“Avec l’association Brahma Kumaris que je représente à l’ONU, nous travaillons sur les liens entre la conscience et l’environnement. On est pour un changement “à fond”. Tout ce que nous faisons à un impact sur la planète, y compris nos pensées.

Concrètement, cela correspond à la théorie du scientifique japonais Emoto sur les effets de la pensée et des émotions sur l’eau. Il a fait des expériences au microscope et montré que les molécules de l’eau réagissent à diverses influences musicales et émotionnelles en changeant de structure. Cela montre que notre conscience a un impact sur la Terre, de façon très subtile.

Nous avons un potentiel spirituel pour créer un monde meilleur : si j’agis avec des valeurs de paix, d’amour, d’espoir, de coopération, mon impact sur la Terre sera plus durable. Cela implique de ne plus vivre comme des consommateurs épuisant les ressources. C’est une forme de responsabilité de ne pas juste prendre mais de donner.”

Rafaela, 25 ans, Brésil

“J’apprends l’agroécologie aux jeunes défavorisés de ma communauté”

“Mon domaine, c’est l’agriculture durable. Je travaille dans les champs de l’Etat du Pernambuco au nord-est du Brésil, région semi-aride. J’y aide les jeunes de ma communauté à s’organiser. Je leur apprends les fondements du modèle de développement de l’agroécologie.

Je veux faire comprendre à ces jeunes qui ont entre 10 et 17 ans l’importance d’être une communauté organisée. Je transmets aussi le savoir-faire d’une pratique agricole durable en phase avec le climat de notre région qui préserve aussi les sols.

Parallèlement, je développe une activité de cinéma en plein air, qui encourage ces jeunes à organiser des projections de films sur la place publique. Les films choisis se rattachent le plus souvent à des thématiques liées à l’écologie et à la politique. Cela nous permet ensuite d’approfondir et de créer des débats dans notre communauté.”

[Rafaela est venue présenter ses actions en collaboration avec l’association Activista]

Jonas, 26 ans, Aix-en-Provence

“J’ai fait 1 050 km à vélo pour me rendre à cette conférence”

“A la base, je suis technicien dans les métiers de l’eau mais comme cela implique de travailler pour Véolia et des grands groupes j’ai décidé de changer ! J’ai voyagé la majorité de ma vie, au Nigeria, en Nouvelle-Zélande et ailleurs. Et là je pars en Indonésie en décembre. En attendant, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose de concret. Alors avec mon pote Kevin qui fait partie de l’association Etika Mondo, on s’est dit qu’on viendrait bien à ce forum international mais qu’au lieu de venir en voiture on viendrait à vélo depuis Aix en Provence !

On a profité d’être sur les routes pour aller à la rencontre de différentes initiatives éthiques. Et on a tenu un blog sur le site de l’association pour promouvoir les alternatives relatives à la préservation de l’environnement, au climat et à la gestion des déchets que nous avons rencontrés lors de notre périple.

Par ailleurs je réalise, notamment après ce voyage à vélo, que mon impact carbone est assez grave à force de prendre des avions. Donc je vais faire en sorte que ce voyage en Indonésie qui était déjà prévu de longue date soit le dernier à être effectué en avion.”

Irina, 24 ans, Madagascar

“Je porte un projet pour l’autonomisation des jeunes filles issues des quartiers ruraux”

“Mon projet s’appelle Healthy Girls. J’initie les jeunes filles à la confection artisanale de serviettes hygiéniques 100% coton, donc lavables et réutilisables. L’utilisation des serviettes hygiéniques jetables est nuisible non seulement à la santé mais aussi à l’environnement, car elles sont bourrées de produits chimiques et de matières plastiques.

[Depuis le 1er octobre, à Madagascar, la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sachets en matière plastique sont prohibées].

C’est donc un projet aux fins écopositives mais aussi lié à l’autonomisation économique des jeunes filles. Cela renforce les capacités des jeunes filles issues de milieux défavorisés et ruraux de Madagascar en les encourageant à œuvrer elles-mêmes au respect de leur environnement. Et de cette façon nous sensibilisons et agissons aussi sur la pollution et le changement climatique.”

Jan et Manuel, 22 ans et 25 ans, Philippines

“Nous avons été confrontés à l’un des cyclones les plus dévastateurs de l’Histoire”

“Nous venons de Leyte, une île des Philippines où le cyclone Haiyan a frappé en 2013. Il s’agit d’un thyphon les plus violents et les plus meurtriers que la planète ait connus.

Nous sommes venus participer à cette conférence mondiale pour partager notre expérience sur les catastrophes climatiques. A la suite du cyclone Haiyan, nos maison, nos entreprises et nos terres cultivables ont été détruits… Nous sommes aussi là pour en apprendre davantage sur comment aider notre pays, en profitant du savoir et des initiatives globales que nous aurons apprises ici.

A Leyte,  nous menons des projets pour l’environnement, l’éducation, le leadership et l’économie. Et les questions du climat sont au cœur de tous ces sujets, notamment depuis le passage du cyclone Haiyan.”

Roméo, 35 ans, Tchad

“Je suis un jeune expert sur les déplacements climatiques en Afrique”

“Un jour, je suis tombée sur l’émission Thalassa et c’est là que j’ai entendu parler pour la première fois des réfugiés climatiques. Le reportage évoquait notamment la région du lac Tchad. Cela m’a mis les larmes aux yeux car la notion de réfugié climatique m’était quasiement inconnue, alors même que j’étais juriste en Droit international et humanitaire et que j’ai passé une partie de ma vie dans cette région !

J’ai eu un déclic et c’est ainsi que j’ai décidé de quitter mon travail pour revenir faire des études doctorales à Lyon et Grenoble et de me spécialiser sur ce sujet. Désormais, je fais ma thèse de doctorat sur la protection spéciale des réfugiés et déplacés climatiques assurée par les organisations régionales, et le rôle de l’Union africaine. Je mène une réflexion particulière sur la population Peule, un peuple nomade que l’on trouve surtout au Sahel et dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest et Centrale.

Je suis heureux aujourd’hui d’être le trait d’union entre la France et le Tchad à la fois sur le plan professionnel, scientifique et de la recherche. Je pense avoir choisi un thème d’actualité et d’avenir et en tant que représentant des jeunes je crois avoir accompli ma mission puisque 40 jeunes tchadiens et 10 jeunes africains d’autres pays m’ont suivi jusqu’à Paris pour assister à la COP21.”

Yasaman, 32 ans, Iran

“Je développe les énergies renouvelables du futur”

“Je suis la représentante de l’Association Iranienne pour l’environnement, une ONG scientifique iranienne. Le but de notre équipe est de trouver des solutions aux problèmes que pose le changement climatique, notamment en développant des projets dans le domaine des énergies renouvelables.

L’un de nos programme consiste à récupérer les déjections animales que nous les transformons en gaz via un réservoir spécial. Cela est très utile aux populations vivant dans les régions montagneuses car leur accès à l’énergie n’est envisageable que par la combustion du bois, ce qui implique la déforestation. Grâce à ce projet, nous promouvons une énergie propre tout en aidant à la sauvegarde des forêts.

De mon point de vue, le monde de demain devrait se focaliser sur le développement des énergies renouvelables car même en Iran, les énergies fossiles et les mines seront épuisées dans un avenir proche.”

Honu, 25 ans, Hawaii

“J’ai fait 48 heures d’avion pour prendre part à cette grande mobilisation pour le climat”

“Pour nous, Hawaiiens, le moment est venu de nous engager. Nous souhaitons être les plus inspirés possibles pour protéger notre Terre Hina [créature déifiée de la mythologie tahitienne représentant la Terre]. Alors on est venus jusqu’ici pour rencontrer d’autres jeunes comme nous et partager nos idées.

Nous sommes les habitants d’une très petite île du Pacifique et a fortiori à l’échelle du monde. C’est d’autant plus important pour nous d’être présents et de représenter nos valeurs et notre combat. Dans mon pays, je suis un fervent défenseur de l’environnement, comme beaucoup de jeunes d’ailleurs. Nous nous sentons très concernés et nous nous engageons au quotidien pour défendre les thématiques liées aux problèmes de l’eau, de la terre, de l’air et des sols.

Avec notre association Locals for Local Change, nous nous efforçons de démontrer que le combat pour préserver la terre est le même que celui pour préserver les océans, que le combat pour préserver les océans est le même que celui pour préserver les sols et ainsi de suite. Tout est connecté !”

Ulysse, 20 ans, Lyon

“Je travaille sur un projet d’usine de captage de CO2”

“Je suis étudiant en deuxième année dans une école d’ingénieur de l’aménagement durable du territoire à Lyon (ENTPE). Nous sommes venus à la COY11 pour présenter plusieurs projets sur lesquels nous travaillons en groupe, sur un territoire bien précis appelé la vallée de la chimie (située dans la vallée du Rhône, au sud de Lyon). On élabore des diagnostics sur les territoires puis on met en place des programmes d’action, notamment dans le cadre de la COP21 et du plan climat énergie.

Je peux par exemple te parler de notre projet de captage de CO2 pour la raffinerie de Feyzin. Cela consiste en la mise en place de cellules ou de tubes dans lesquelles des algues proliféreraient pour récupérer le CO2. C’est un projet théorique, qui prendrait environ 15 ans à développer mais les études de faisabilité montrent que ce projet est tout à fait possible. Des élus ont d’ailleurs récupéré plusieurs projets de la promo précédente de mon école pour les mettre en place.”

Fatima, 21 ans, Aubervilliers

“On a décidé de prendre notre envol et de créer notre propre organisation de solidarité internationale”

“Je suis bénévole depuis 1 an pour l’association de solidarité international Action Papillon. Tous nos membres sont issus du Conseil local des jeunes d’Aubervilliers, une structure municipale qui nous pousse dès notre plus jeune âge à monter des projets : sur la culture, le développement  et plus récemment sur la thématique du climat qui est très actuelle.

Récemment on a décidé de prendre notre envol et de monter notre propre organisation. L’environnement fait partie des thématiques sur lesquelles nous allons être de plus en plus amenés à travailler.

Avec nos panneaux, on veut ammener les visiteurs à se questionner sur la COP21. Et cela nous permet aussi de nous faire une idée de ce que pensent les gens de ce grand rassemblement”

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