TikTok : que cachent les hashtags #StockTok et #FinTok, qui promettent de vous rendre riche ?

TikTok : que cachent les hashtags #StockTok et #FinTok, qui promettent de vous rendre riche ?

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(c) TikTok

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Par Konbini Techno

Publié le

Voici le monde merveilleux des "influenceurs financiers".

TikTok est peut-être la plateforme de référence pour partager des chorégraphies ou des recettes innovantes, mais on peut aussi y trouver de jeunes influenceurs financiers qui ont su trouver leur public.

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StockTok, le mot-clé qui sert de ralliement aux boursicoteurs et autres fans des marchés sur TikTok, a déjà rassemblé 1,7 milliard de vues, tandis que son cousin FinTok en compte plus de 500 millions. Les variations autour du mot “investir” sur la plateforme peuvent réunir des millions, voire des milliards de vues selon la langue.

En Australie, l’influenceuse financière Queenie Tan, 25 ans, compte près de 100 000 abonnés pour son compte Investir avec Queenie, et quelques dizaines de milliers supplémentaires sur YouTube et Instagram. Pour elle, il s’agit de partager les conseils qu’elle aurait bien aimé trouver il y a six ans, quand elle-même s’est lancée dans l’investissement sur les marchés financiers et quand elle cherchait ses tuyaux dans des livres.

Les leçons financières de Squid Game

Tournées dans son salon à Sydney, ses vidéos proposent de la pédagogie sur les différents véhicules d’investissement, et des contenus plus ludiques comme les leçons financières que l’on peut tirer de Squid Game, la série phare de Netflix mêlant allégorie sociale et extrême violence et qui fait un tabac mondial depuis plusieurs semaines.

En bonne influenceuse, Queenie Tan partage son expérience de vie, qui comprend une période sous le seuil de pauvreté, à l’âge de 19 ans. Elle encourage son public à vivre de manière frugale et à investir de manière réfléchie et sage, afin d’accumuler progressivement du patrimoine.

“J’ai vraiment appris à maîtriser mes dépenses et à connaître la valeur de l’argent”, dit-elle, en soulignant n’avoir “aucune intention d’acheter un manoir”. Queenie Tan ne cache pas qu’elle n’a aucune qualification financière, comme de nombreux influenceurs financiers.

Mais le Mexicain Andres Garza, lui, est un conseiller financier certifié. Comme celles de Tan, ses vidéos parfaitement adaptées à TikTok sont très populaires chez les jeunes, ravis de trouver des conseils chez quelqu’un de leur âge. “Les gens comme moi rendent amusantes des choses compliquées”, a expliqué le jeune homme de 22 ans, interrogé depuis son domicile à Monterrey, au nord-ouest du Mexique.

Pour Andres Garza, les réseaux sociaux et les apps qui permettent d’acheter et vendre des actions et produits financiers démocratisent l’accès à la richesse. “Le système financier a toujours laissé l’investisseur ordinaire à l’écart”, dit-il. Mais “de plus en plus, n’importe qui peut participer”.

Ce goût des jeunes adultes pour l’investissement vient corriger l’image de légèreté qui colle parfois à ces générations. “C’est génial” que tant de gens “se sentent en capacité de commencer à investir”, souligne Queenie Tan. “D’un autre côté, il y a beaucoup de trucs louches aussi”, dit-elle, en évoquant notamment les manœuvres de certains influenceurs pour pousser à la hausse des titres et les revendre avec profit ensuite.

De nombreux régulateurs à travers le monde ont appelé à la prudence les jeunes investisseurs face aux influenceurs financiers. Et Plaxful, une plateforme d’échange de cryptomonnaies, a récemment testé un échantillon de vidéos FinTok : une sur sept était fallacieuse.

Se faire sa propre opinion

Pour lutter contre ce phénomène, TikTok a interdit aux utilisateurs de publier des contenus sponsorisés sur les cryptomonnaies et les services d’investissement.

Benjamin Schliebener, un Allemand de 24 ans qui compte plus de 50 000 abonnés sur TikTok avec des vidéos comme “Pourquoi Apple et Tesla ont-ils fractionné leurs titres ?”, recommande en général d’investir dans des fonds indiciels (ETF) diversifiés, et non sur des actions d’entreprises.

“Le message est clair”, ce choix “n’est pas pour tout le monde”, souligne le jeune homme, qui se rémunère grâce à des coopérations publicitaires avec des acteurs financiers, des commissions quand ses abonnés cliquent sur des liens et du conseil à des banques régionales qui cherchent à créer leur propre image sur les réseaux sociaux.

Comme Queenie Tan, Benjamin Schliebener souligne que tous les apprentis investisseurs doivent apprendre à faire leurs propres recherches avant de miser de l’argent. “Je donne souvent mon avis, mais j’insiste toujours sur le fait que chacun doit se faire le sien, car l’une des choses les plus importantes dans l’investissement est que vous compreniez dans quoi vous investissez”, explique-t-il.

Konbini techno avec AFP

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