La réalité virtuelle sera-t-elle un nouvel outil pour les psychiatres et psychologues ? En tout cas, l’idée est sérieusement étudiée outre-Atlantique, notamment pour les soldats atteints de syndromes post-traumatiques. Un récent article du New York Times relate ainsi l’histoire de Chris Merkle, vétéran de la guerre en Irak et en Afghanistan, qui a refusé en 2013 de s’essayer à la réalité virtuelle, redoutant de revivre ses “pires cauchemars”.
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Quelques années plus tard, et après l’échec d’une thérapie traditionnelle, Merkle accepte et enfile le casque de réalité virtuelle sous l’œil attentif des médecins. Il raconte ainsi l’épreuve qu’il traverse en direct à ses observateurs alors qu’il a la sensation de revivre ce qui le hantait. “Mon corps réagissait physiquement, car mon esprit me disait : ‘C’est vraiment en train de nous arriver'”, relate-t-il.
Mais une fois la session terminée, c’est bien un sentiment de fierté et de réussite que Chris Merkle ressent. Il a réussi à affronter ses démons du passé pour aller de l’avant. Le professeur de psychiatrie de l’université d’Oxford, Daniel Freeman, est formel : “Si vous surmontez quelque chose en réalité virtuelle, vous pouvez le surmonter dans la vie réelle.”
Cette forme de thérapie a été expérimentée sur de nombreux patients atteints de troubles du stress post-traumatique (TSPT). En 2009, ce sont seize vétérans de la guerre d’Irak sur vingt qui s’étaient quasiment débarrassés de leur stress post-traumatique après une thérapie de réalité virtuelle.
Cette méthode ne date pas d’hier et n’est pas seulement réservée aux militaires. Au début des années 2000 déjà, une thérapie du même genre (avec une technologie bien moins efficace à l’époque) avait donné des résultats spectaculaires chez une survivante des attentats du 11-Septembre. Ses symptômes de TSPT avaient diminué de 90 %.
La thérapie par réalité virtuelle serait en réalité le prolongement d’une technique mise au point par Edna Foa, professeure de psychiatrie américaine, “l’exposition prolongée”. Reprise par de nombreux·ses confrères et consœurs du milieu, cette méthode consiste à faire longuement décrire aux patients leurs événements traumatisants sans omettre le moindre détail pour essayer de repérer les éléments déclencheurs du trauma.
La réalité virtuelle permettrait de renforcer ce sentiment d'”immersion” dans un événement traumatique (à condition qu’il soit bien décrit préalablement par le patient) et donc de plus facilement réussir à vaincre ses peurs passées.