Il est 19 heures et nous retrouvons Anna et ses amis, devant une crêperie parisienne. Elle en a rencontré certains il y a dix ans, d’autres il y a quelques semaines. Le point commun entre toutes ces rencontres ? Elles se sont faites via le site OnVaSortir.com (ou OVS), lancé en 2007 par Jérémy Routier, d’abord à Paris puis partout en France.
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Autour de la table d’Anna, on parle de ses dernières sorties : un concert de musique tibétaine, une balade aux Buttes Chaumont, une expo photo… Discussion typique OnVaSortir.com. “Moi au départ je m’étais inscrite sur Meetic, mais pour me faire des copains. Puis vu l’ardeur de certains messieurs, je suis vite passée à OVS”, raconte Anna.
Le succès légendaire de la plateforme est en grande partie due à la simplicité d’utilisation confondante : pour rencontrer de nouvelles personnes, les internautes peuvent participer et organiser des sorties dans leur ville.
Une fois son profil créé, il suffit aux membres d’OVS de s’inscrire à une sortie de leur choix. Par un système de “mur”, un peu comme sur Facebook, les participants et organisateurs peuvent discuter et confirmer leur venue à l’événement.
Rien que sur Paris, le choix est vertigineux : plus d’une centaine d’activités sont proposées tous les jours à différentes heures de la journée. Le site couvre même d’autres parties de la francophonie, comme la Belgique ou le Québec.
Selon le site lui-même, on comptabilisait plus de 1 171 000 membres actifs en janvier 2017.
“SI OVS NE MÉRITE PAS VOTRE ARGENT, QU’EST-CE QUI LE MÉRITE PLUS !?”
Mais en trois ans, le site semble avoir perdu de sa vitalité : il affiche un peu plus de 659 000 membres actifs. Selon les habitués du site eux-mêmes, les sorties se font de plus en plus rares, et OVS se vide petit à petit.
En cause : le nouveau système mis en place en 2019. Pour les nouveaux membres, le site est payant à hauteur de presque 40 € par mois (tarif dégressif si l’on s’engage sur plusieurs mois).
Pourquoi ce changement de plan économique ? Le site y répond dans sa Foire Aux Questions : baisse des revenus publicitaires et maintien des frais qu’implique la gestion du réseau. Avec ces quelques explications complémentaires : “l’investisseur qui a lâché son poste de salarié confortable pour tout miser (son argent, son temps, sa réputation… sa vie) sur une idée sans aucune assurance de réussite (l’auriez-vous fait ?) […] Ce site FAIT DU BIEN, remonte le moral, permet de créer du lien social. […] Alors si OVS ne mérite pas votre argent, qu’est-ce qui le mérite PLUS !?“.
“Il faudrait qu’ils arrêtent de demander 40 euros aux nouveaux et qu’ils modernisent le site. C’est beaucoup trop cher”, nous explique Adeline. Il y a trois ans, cette utilisatrice bordelaise a perdu son conjoint et s’est retrouvée isolée avec ses enfants. Sur OVS, elle s’est fait des nouveaux amis, des gens de tous les milieux sociaux qu’elle n’aurait pas rencontrés dans la vie de tous les jours. Mais le changement que vit la plateforme ne lui a pas échappé : “Il n’y a plus beaucoup de nouveaux et les sorties se font rares, tout comme les participants”.
Suite à cette décision, des pétitions de mécontentement se sont multipliées. Cette barrière financière freine l’arrivée de nouveaux inscrits et entraîne un vieillissement des inscrits. “Si on regarde les participants aux sorties il y a presque que des quinquas, voire plus, car ils sont sur OVS depuis longtemps quand tout était gratuit. Des sorties avec des gens de moins de 45 ans, y en a quasiment plus…” constate la bordelaise.
OVS est-il amené à disparaître ? Côté d’OVS, nos sollicitations sont restées sans réponse. Pour certains utilisateurs, le passage au système du tout payant a laissé sur la touche la modernisation du site, qui a la même charte graphique depuis les années 2010. L’argument financier pourrait donc entraîner une migration des internautes d’OVS vers d’autres sites de sorties amicales, comme MeetUp.