Il y a deux sortes de personnes en période de confinement généralisé. Il y a les gens comme moi, qui errent en pyjama taché toute la journée, écrivent des trucs claqués sur des vieux qui font des mèmes et survivent en mangeant des ramens du matin au soir.
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Puis il y a ceux qui croquent la vie à pleines dents, comme Jeremy Cohen. La semaine dernière, nous vous racontions l’histoire de ce photographe new-yorkais habitant Brooklyn. Ayant eu un coup de foudre pour une voisine danseuse qui s’entraînait sur le rooftop de l’immeuble d’en face, Jeremy Cohen a scotché son numéro de téléphone sur son drone avant de le faire voler jusqu’à l’élue de son petit cœur tout mou.
Non content d’en faire un TikTok particulièrement cool et wholesome, Jeremy Cohen a décidé de pousser le bouchon, en invitant la demoiselle à dîner. Tori Cignarella, la voisine danseuse qui travaille en réalité dans un espace de coworking de la ville, comme le raconte le Time magazine, a accepté. Les deux tourtereaux se sont donc fait un date à distance, à la sauce petit bouquet de fleurs sur chaque table, linge de maison et couverts en argent (enfin, c’était l’idée).
Très clairement, c’est classe, c’est mignon et c’est supposé nous mettre le smile en cette période merdique où l’on s’ennuie tous comme des rats morts dans nos appartements. À la base, je voulais simplement vous partager cette histoire vraiment sympathique.
Mais non, à force de repasser la scène dans ma tête, ces dates proprets, calibrés au poil de cul pour entrer à l’aise dans une story TikTok à la con, ça m’a fait rager. Je me demande sur quelle planète vivent ces gens – bordel, à quel moment peut-on être beau, drôle, avoir un rooftop à disposition à New York et claquer des milliers de followers sur Instagram tout en trouvant l’amour pendant la quarantaine avec un drone à 500 balles facile ?
Tout ceci m’agace au plus haut point. D’autant plus que nous, dans le voisinage parisien, on a plus tendance à se curer le nez, allumer des clopes et se faire des batailles de “qui aura la plus grosse enceinte” aux balcons, plutôt que de s’envoyer des mots d’amour. Ce n’est pas Coup de foudre à Manhattan ici, respectez-nous.
C’est là que, pour les esprits vils et jaloux comme le mien, Jeremy Cohen a fait sa plus grosse erreur. Le mec a voulu rencontrer son crush dans la vie, alors il a commandé une sorte de bulle protectrice en plastique – un peu comme une bulle pour hamster – pour aller se promener dans New York avec Tori Cignarella. Le troisième et dernier TikTok de l’histoire d’amour en devenir le montre ainsi se pointer dans sa bulle, bouquet de fleurs à la main, pendant qu’elle se fend la poire devant sa dégaine. Pire : les tourtereaux se font arrêter par les flics, qui finalement se tapent une barre et font un selfie avec eux.
Mes amis, je vous le dis, ce Jeremy Cohen est un énorme forceur doublé d’un inconscient : à quel moment on commande des bulles en plastique sur Amazon, alors que tous les services d’e-commerce essaient de prioriser les produits essentiels ?
Hein, Jeremy, tu n’y as pas pensé à ça ? Non, mon gars, tu pensais à ton TikTok de crâneur pour les tocards qui ragent dans mon genre. “Si Tinder et Bumble ne marchent pas, essayez de faire voler un drone”, conclut-il dans son interview avec Time magazine. Non, Jean-Mi, je vais me refaire des pâtes et changer mon pyjama sale pour un caleçon troué.