La dimension “indie” du jeu vidéo est un vaste univers, rempli de merveilles insoupçonnées. Loin des graphismes ultra-réalistes, des FPS et des battle royale dont les sorties s’enchaînent et se ressemblent, il existe des jeux comme Manifold Garden.
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Derrière ce titre au nom énigmatique se cache le créateur William Chyr, développeur américain au CV bien fourni, allant d’un diplôme en économie et en physique à la sculpture sur ballons. Manifold Garden est sa première œuvre vidéoludique et il lui aura fallu 7 ans pour accoucher de ce projet intrigant et attendu.
Le jeu de l’impossibilité physique
Dès les premières minutes de jeu, le ton est donné : Manifold Garden est une aberration. Le concept est très simple : à tout moment, vous pouvez renverser (littéralement) la réalité et transformer les murs en sol et les plafonds en murs.
Pour Chyr, le jeu est impossible à imaginer dans une géométrie euclidienne (la nôtre, quand tout est droit et que tout va bien). Il s’agit justement d’être capable de bouleverser ses perceptions de l’espace.
Cette image est dans le bon sens. Et en même temps, pas du tout. Vous suivez ? (© William Chyr)
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le concept déroute. En plus, il faut y ajouter une dimension puzzle. Le monde dans lequel vous progressez doit être parcouru dans toutes les dimensions possibles. Vous allez saisir bien plus vite que vous ne le pensez les automatismes de “renversement”. Ensuite, ce sera à vous de jouer des arbres et de leurs étranges “fruits” d’énergie pour débloquer les portes et avancer à votre rythme.
À noter que le jeu est avare en conseils et tutoriels. Néanmoins, vous allez sans doute apprécier de ne pas vous faire tenir la main. Si Manifold Garden est complètement linéaire, il est très agréable de le découvrir (enfin) par soi-même.
Une ambiance vertigineuse, presque angoissante
William Chyr ne cache pas ses inspirations, que ce soit Portal ou encore Inception. Selon lui, il s’agit aussi de faire état des “400 dernières années de découvertes en physique”, tout simplement en détruisant les bases connues (gravité, pesanteur, trois dimensions, etc.) pour les mettre en valeur.
L’ambiance du titre est toute particulière. La musique très doucereuse la plupart du temps peut parfois brutalement s’accélérer dans des passages scriptés, qui prennent des airs de trip sous acides. Les couleurs, basiques, (blanc, orange, rouge, noir, jaune, vert et bleu) s’articulent parfaitement dans ce décor cubique blanc.
Certains passages provoqueront quelques éclatements de neurones. (© William Chyr)
Enfin, le plus gros choc viendra des premières chutes. Vous remarquerez rapidement de nombreux îlots flottant dans les airs, et vous penserez à tort qu’il s’agit d’une simple décoration ou encore de la suite du jeu. Que nenni : en réalité, chaque niveau dans lequel vous vous trouvez est multiplié à l’infini autour de vous. Grosso modo, lorsque vous tombez, vous atterrissez sur le même niveau, encore et encore…
Si vous êtes apéirophobe (peur de l’infini), passez votre chemin. Manifold Garden est un jeu-poème qui rend hommage aux rubans de Möbius. En revanche, si vous aimez vous laisser porter dans une ambiance, vous triturer les méninges et mettre votre cerveau à l’envers, vous trouverez probablement votre bonheur.
Manifold Garden est disponible depuis le 18 octobre 2019 sur PC, Mac et Linux ainsi que sur iOS. Une version de PlayStation 4 est prévue à l’avenir.