Robinhood Markets Inc, développeur de l’application de courtage au nom de “Robin des bois”, a popularisé l’idée d’acheter ou vendre facilement des actions sans aucune commission. Elle va faire ses premiers pas sur le Nasdaq sous le sigle “HOOD”.
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Quelque 55 millions d’actions sont proposées par l’entreprise et ses dirigeants au prix de 38 dollars l’unité, leur permettant de lever 2,1 milliards de dollars.
De 20 % à 35 % des actions nouvelles sont réservées à la souscription des utilisateurs de l’application.
Une fois les frais retirés, l’opération devrait rapporter 1,89 milliard de dollars d’argent frais à la plateforme, qui veut se développer notamment dans le domaine des cryptomonnaies.
Fin mars 2021, Robinhood dont la popularité n’a cessé de grandir depuis le début de la pandémie, recensait 18 millions d’utilisateurs contre 7,2 millions un an avant.
Ils détenaient au total 80 milliards de dollars d’actifs, un montant qui s’est multiplié par quatre en un an.
Le groupe est parvenu à dégager un bénéfice net de 7,4 millions de dollars en 2020, contre une perte de 106,6 millions l’année d’avant.
Au cœur de la pandémie, pendant plusieurs trimestres, son application a figuré parmi la plus téléchargée sur le magasin d’applications d’Apple, l’App Store, se targue encore le groupe.
Basée à Menlo Park (Californie), la société a été fondée en 2013 par Vladimir Tenev et Baiju Bhatt, d’anciens concepteurs de plateformes de trading à haute fréquence. Son credo : “démocratiser la finance pour tous !”
“Nous avons été les pionniers du négoce d’actions sans commission et sans minimum de compte. Le reste de l’industrie nous a imités“, affirment les documents soumis à l’autorité boursière américaine, la SEC, pour son introduction à Wall Street.
Dans le viseur
Mais la plateforme s’est aussi retrouvée dans le collimateur des législateurs et régulateurs américains. On lui a reproché de participer à la volatilité de Wall Street lors de l’engouement des boursicoteurs pour des actions feu de paille, comme la chaîne de jeux vidéo GameStop.
Soutenu par une armée de boursicoteurs adeptes des réseaux sociaux et ligués contre des fonds spéculatifs qui misaient sur l’action à la baisse, le titre GameStop s’était envolé au début de l’année à Wall Street.
Cette vague de spéculations, qui n’est pas complètement éteinte, avait aussi emmené vers des sommets des titres de groupes à l’avenir pourtant vu comme incertain, tels les cinémas AMC ou le fabricant de téléphones Blackberry.
Les législateurs ont aussi reproché à Robinhood de rendre les transactions boursières trop ludiques sur son application, pouvant conduire à des décisions mal informées.
En juin, le groupe a écopé d’une amende de près de 70 millions de dollars pour avoir fait du tort à des clients.
La SEC, de son côté, s’interroge sur le bien-fondé des méthodes de fonctionnement du courtier en ligne.
Car le trader finance l’absence de commissions en sous-traitant ses larges volumes d’ordres à des teneurs de marché intermédiaires qui le rétribuent pour cela. Une pratique légale, mais opaque.
“Tous les courtiers ne font pas cela aux États-Unis. C’est interdit au Royaume-Uni, au Canada et en Australie et cela n’existe pas dans la plupart de l’Europe“, a récemment souligné le nouveau président de la SEC, Garry Gensler, qui se penche sur ce dossier.
Dans son avis de présentation aux futurs actionnaires, Robinhood reconnaît que son activité est soumise à “des lois complexes et changeantes” et à “des enquêtes réglementaires”. “Des changements dans ces lois […] pourraient nuire à (notre) activité”, admet-il.
“Robinhood a choisi le moment idéal pour entrer en Bourse“, a assuré récemment dans une note William Smith, président du cabinet spécialisé Renaissance Capital, en pointant le boom du négoce de détail et des cryptomonnaies.
“Jusqu’à 35 % des actions proposées lors de l’entrée en Bourse sont destinées aux utilisateurs (de l’application), donc l’affaire ferait mieux de bien se passer sinon Robinhood devra peut-être changer de nom“, a-t-il ironisé.
Konbini techno avec AFP