La police de San Francisco autorise l’utilisation de robots contrôlés à distance pour tuer des suspects

La police de San Francisco autorise l’utilisation de robots contrôlés à distance pour tuer des suspects

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Denver Police Department’s newest Bomb Squad bomb disposal robot, the iRobot at the DPD Traffic Operations headquarters Wednesday morning. Andy Cross, The Denver Post (Photo By Andy Cross/The Denver Post via Getty Images)

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Par Pierre Bazin

Publié le

Pour les défenseurs des libertés, une ligne rouge a de nouveau été franchie.

Les robots tueurs seraient désormais une réalité pour la police de San Francisco (SFPD). Hier, le conseil de surveillance de la ville et du comté a approuvé une nouvelle politique très critiquée vis-à-vis des nouveaux usages des forces de l’ordre. En effet, les robots télécommandés de la SFPD pourront désormais être “utilisés comme option de réponse létale lorsque le risque de mort pour des concitoyen·ne·s ou des officiers [de police, ndlr] l’emporte sur toute autre option de force disponible”.

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Concrètement, cela signifie que les robots télécommandés de la police de San Francisco pourront recevoir l’ordre d’abattre un suspect lors d’opérations et en cas de risque grave pour la vie d’autrui.

Rapportée par Sky News, une porte-parole de la SFPD a déclaré que la police de San Francisco ne possédait aucun robot déjà armé et n’envisageait pas de le faire. Cependant, certains robots pourraient être équipés d’explosifs destinés à “neutraliser ou désorienter un suspect violent, armé ou dangereux”, le tout “en cas de circonstances extrêmes et afin de sauver ou d’éviter des pertes de vies innocentes”.

Pour le moment, la SFPD posséderait douze robots opérationnels. Certains d’entre eux seraient des robots démineurs à chenilles chargés de faire sauter des charges explosives à distance, tandis que les autres seraient plus petits et conçus à des fins de reconnaissance et surveillance. Dans tous les cas, il s’agit de robots télécommandés par des humains à distance.

Une mitrailleuse montée sur un robot démineur de l’US Army.

En 2016, la police de Dallas avait utilisé un robot de déminage pour abattre un tireur d’élite responsable de la mort de cinq officiers de police lors d’un rassemblement. Saluée par certains pour l’efficacité de la mesure, l’initiative avait aussi été critiquée par d’autres pour ne pas avoir laissé de place à d’autres options d’arrestation que l’exécution du suspect.

À San Francisco, la proposition a été autant critiquée en amont du vote au sein du conseil de la ville et du comté qu’après la parution du décret. L’Electronic Frontier Foundation (EFF), une ONG de protection des libertés sur Internet, a pointé du doigt un énième flou de la frontière entre police et armée. Les technologies autrefois exclusivement utilisées par l’US Army pourraient être désormais appliquées par les forces de l’ordre, en dehors des zones de conflit et en présence de civils.