“Désolé pas dispo ce week-end !“, nous sommes la veille d’un week-end de 4 jours et déjà, je déploie tous mes efforts pour ne pas avoir à voir mes plus proches ami·e·s. Les quatre jours et nuits à venir s’annoncent en effet chargés pour moi puisqu’ils sont consacrés à une réunion familiale et un voyage en Scandinavie.
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Nul besoin de débourser le prix de deux vols Paris-Helsinki pour mon père et moi, j’ai une PS5 et God of War : Ragnarök et cela suffit amplement. D’autant que le personnage principal Kratos m’est plus que familier pour avoir suivi ces aventures grecques depuis la PS2, lorsqu’il n’était qu’un tueur de dieux grecs assoiffé de sang.
Le spartiate a bien changé depuis. Avec l’épisode sobrement (ré)intitulé God of War en 2018, Kratos avait troqué le pagne grec pour la fourrure nordique – et une belle barbe, disons-le. Désormais tourné vers le panthéon scandinave, le guerrier était surtout redevenu père entre-temps, l’occasion pour nous de découvrir son fils, le jeune Atreus, talentueux archer de surcroît.
Désormais assagi ainsi que désireux de paix et de rédemption, Kratos avait surpris et même ému les fans (moi le premier) avec son retour en 2018. Après un chef-d’œuvre unanimement consacré par la presse et le grand public, les studios de Sony Santa Monica ont-ils pu réitérer l’exploit avec sa suite Ragnarök ?
- Attention, les lignes qui suivent contiennent des spoilers des précédents épisodes de God of War notamment celui de 2018. Il y a aussi quelques mineurs spoilers de Ragnarök mais aucune révélation majeure sur l’histoire.
Départ tout schuss ou chasse-neige maîtrisé
Cela faisait longtemps que je n’avais pas relancé God of War mais déjà revoir la bouille frémissante (non) de Kratos me ravit. Atreus, en revanche, me fait prendre un coup de vieux. Le fils de Kratos a en effet bien grandi. Désormais adolescent, il est un peu plus grand, plus fort et avec une voix plus grave, dommage qu’on n’ait pu assister à sa mue de voix disgracieuse – veinard, va.
L’intrigue de Ragnarök commence directement sur les conséquences de l’épisode précédent. Avec la mort de Baldur, le Fimbulvetr s’est abattu sur les neuf royaumes dont Midgard où résident le dieu grec et son fils. Ce qui est bien avec God of War, c’est que je n’ai pas l’impression qu’on me prenne par la main comme sur un Uncharted mais je n’ai pas non le ressenti d’être abandonné comme sur Elden Ring.
Les combats sont toujours des classes de maîtres.
Ragnarök nous plonge directement dans le feu froid de l’action. Pas de chichi, pas d’introduction trop longue, le jeu sait pourquoi je suis là. Alors oui, c’est un peu étrange après avoir passé 50 heures dans le premier opus à farmer le meilleur équipement de se retrouver, tout à coup, avec une Hache Léviathan et des Lames du Chaos complètement sobres et dénuées d’améliorations. Mais c’est le prix scénaristique à payer lorsqu’on fait une suite vidéoludique.
Pour le reste, c’est bien une montée en gamme que nous propose cet opus. Le combat titanesque contre le dieu Thor fait passer les gigantesques trolls pour des petits sbires. La difficulté, modulable comme à son habitude, est au rendez-vous. Mais c’est aussi à vous de trouver votre propre rythme : préférez-vous rusher la fin de l’histoire principale en une trentaine d’heures ou êtes-vous, comme moi, un vilain complétiste qui courra dans les régions à la recherche du moindre coffre, de la moindre rune à lire.
Voyage, voyage
C’était annoncé en amont : God of War Ragnarök nous permet de voyager dans les neuf royaumes scandinaves. Dans les faits, tous les mondes magiques ne se valent pas, certains comme Vanaheim ou Alfheim sont d’immenses régions qui n’en finissent jamais avec des dizaines de quêtes secondaires, boss optionnels et énigmes coriaces à achever. D’autres comme Asgard ou Niflheim sont bien plus petits et servent juste l’intrigue – principale ou secondaire.
Mais quand même : ce sont bien neuf mondes avec neuf paysages très différents. Si vous en aviez marre de la neige du premier épisode, vous allez être ravi. Forêt luxuriante, désert aride, étrange toundra ou monde de lave, la bougeotte m’a pris. Voyageant en traîneau de chien, en luge des sables ou en canoë, ce ne sont pas seulement des décors que j’ai découverts mais tout un bestiaire attitré, des personnages hauts en couleur ainsi que des créatures mystiques et poétiques.
On n’est pas bien là ?
Le premier épisode avait commencé à nous introduire la mythologie nordique, la suite s’occupe d’aller dans le détail sans oublier de rappeler des éléments du passé pour les fans de la première heure. De toute façon, on ne s’ennuie jamais dans God of War Ragnarök. Après avoir passé des heures à fouiller une zone, j’ai juste eu à continuer l’intrigue principale pour débloquer de nouvelles mécaniques de gameplay. Ensuite c’est rebelote, on retourne dans de nouveaux endroits et on en apprend un peu plus tout en s’amusant dans des combats épiques.
Aller chercher un poème à l’autre bout d’une grotte devient d’un coup si agréable, tant la fluidité et la beauté du jeu continuent de m’émerveiller même après cinquante heures de jeu. Même en étant un peu tatillon sur les bords, je n’ai pas eu tant l’impression de me perdre ou de faire des allers-retours inutiles car il y a toujours quelque chose à aller voir et au pire j’aurais gagné un peu plus d’informations sur le lore de God of War.
Avant tout une affaire de famille(s)
Dans God of War Ragnarok, on n’est rarement seul, un contraste flagrant avec les débuts de la série. La thématique principale de l’épisode est claire : la famille. Paradoxal quand on se souvient que Kratos est devenu un tueur de dieux sanguinaires après avoir massacré sa propre famille. Mais désormais loin des tourments des dieux olympiens, l’ancien Fantôme de Sparte a un fils à protéger de Odin et des prophéties qui l’accablent.
L’histoire de Ragnarök tourne autour de Atreus ou plutôt Loki, dernier des géants, comme on l’apprend à la fin du précédent épisode. Son passage à l’adolescence est très justement traité en parallèle de tous les immenses changements qui arrivent dans sa vie. Atreus est devenu plus indépendant, il se rebelle même contre son père à plusieurs moments. D’ailleurs, la possibilité de le jouer seul avec son arc à plusieurs moments de l’histoire en est la preuve ultime.
Je l’admets : j’ai pleuré. La relation entre Kratos et son fils devient de plus en plus forte en émotions à mesure que les évènements les séparent et les réunissent à plusieurs occurrences. On est sans cesse partagé entre la surprotection évidente que le Dieu de la Guerre a pour son seul enfant et le désir d’indépendance du plus si jeune Atreus. Chaque discussion entre les deux est maîtrisée, subtile, réussie. Et quand ils combattent ensemble, c’est caviar.
Les nouveaux personnages introduits sont très réussis.
Mais si Ragnarök parle de la famille, c’est au sens large. Il y a la famille qu’on choisit, la famille qu’on renie, la famille perdue qu’on pleure. Entre les difficiles histoires parentales des dieux asgardiens (les Ases), des Vanes ou même des Nains, Ragnarök nous propose un panel complet de tout ce qu’une famille signifie, pour le meilleur et pour le pire.
Les personnages, qui accompagnent plus que jamais Kratos au cours de son aventure, ont tous leurs propres visions de la destinée, de la vie, de la mort mais aussi de leurs frères, sœurs, pères ou mères. Et on retrouve ces mêmes réflexions du côté de “l’ennemi”, un adversaire qui est d’ailleurs parfois difficile à définir précisément car Ragnarök est sans conteste l’opus le moins manichéen de la franchise.
Bien que j’eusse anticipé quelques ficelles scénaristiques, la plupart de l’intrigue a réussi à me surprendre. De la même manière que l’intégralité des personnages évolue au cours de l’aventure, notre propre regard se mue.
Qu’est-ce que vous faites là encore ?
God of War : Ragnarök est le chef-d’œuvre attendu. C’est une suite parfaitement maîtrisée, peut-être même meilleure que l’original, j’oserais le dire. Il n’y a pas à hésiter une seule seconde si vous aimez l’aventure, le (semi) open-world et les sensations fortes. Si vous aimez les combats techniques, le gameplay nerveux, c’est pour vous. Mais si vous aimez les histoires fortes en émotions, allez-y aussi car Kratos n’a jamais été aussi touchant.